II
- Jonathan ! Mon pauvre Jonathan ! s’apitoya Ellen sur le corps de son défunt fils. Pourquoi ! Par tous les Dieux, pourquoi es-tu parti avant moi ! Mon mari ! Pourquoi gardez-vous donc cet air sans expression sur votre visage ! C'est votre fils qui est mort ! Votre seul héritier !
- Parce que, ma chère Ellen, ma chère femme, ma chère Reine, je suis Roi et je dois me montrer fort ! Je dois donner l'exemple à mon peuple, leur dire de rester fort...
- Mais pleurer son fils est chose normale ! En restant comme cela, le seul exemple que vous donnez est celui d'un monstre froid comme la Mort et cruel comme un sauvage !
- Et je ne pleure pas parce que... Parce que je ne pense pas que ma vie pourrait continuer après. Je me dois de trouver le nouveau souverain pour le Royaume de Fas-Cingar après ma mort !
- Parce que le Royaume, vos privilèges et votre ''honneur'' passe avant votre famille !?!
- Oui ! Parce que des milliers et des milliers de personnes, les privilèges et l'honneur de notre famille, que ce soit maintenant ou dans des années, passent avant la mort de mon fils et donc la mienne de chagrin ! Ma très chère Ellen, dans la vie, il faut parfois faire des sacrifices pour le bien des autres, aussi grands soient-ils ! Alors, je préfère sacrifier MON honneur et MA réputation plutôt que de laisser tout ce que j'ai énoncé ! Ma femme, ma tendre femme, sachez que, même si mon visage ne montre rien, mon cœur, lui, fait couler un océan entier et extrêmement salé de larmes de désespoir !
- Mais... Mais alors... Comment ferons-nous, après...?
- Je ne sais pas... Je pense avoir une idée. Notre royale famille ne s'éteindra pas comme ça !
- Mais... Vous savez très bien que je ne peux plus faire d'enfant.
- Je le sais très bien.
- Adopter un enfant ?
- J'ai dit pour notre famille, pour notre sang.
- Mais alors... Non ! Tograz ! Vous savez très bien qu'une femme qui gouverne, ça ne s'est jamais vu ! Et puis, ce sera laquelle ? Et avec qui ? Et...
- Ma très chère femme, ceci n'est encore qu'une idée.
- Eh bien, personnellement, je ne sais pas si elle pourrait fonctionner.
- J'y réfléchirai.
- D'accord...
Lorsque les deux soeurs apprirent la mauvaise nouvelle, elles furent inconsolables pendant des jours et des jours. Ce frère, qu'elles avaient tant aimé et qui avait prit soin d'elles pendant tout ce temps, s'était éteint à tout jamais.
Et les jours passèrent... Puis les semaines... Ellen, à cause de son fils, maigrit à vu d'œil. Elle se levait chaque matin en espérant revoir son enfant, en espérant que tout cela soit un affreux cauchemar... Mais, chaque fois, ses larmes coulaient de plus belle face à la réalité.
Tograz, Divitia et Potentia avaient réussi à faire le deuil. La vie continuait, après tout ! Le Roi avait bien fait son travail de père auprès de ses filles, celles-ci tenant beaucoup de lui. Mais elle...
Ce fut la nuit. Il faisait froid. L'hiver était rude. Ellen, dans sa chambre, qui était à part de celle du Roi, avait allumé une bougie. Elle regardait par sa fenêtre, qui se trouvait à un équivalent de cinq étages. Les nuages rendaient le ciel extrêmement sombre. Des larmes coulaient sur ses joues. Elle n'en pouvait plus ! Elle n'arrivait plus à tenir !
Elle sortit une plume, de l'encre ainsi qu'une feuille et elle commença à écrire. Une fois sa lettre terminée, elle se piqua le doigt avec la plume et, avec le peu de sang qu'il y avait, posa ce dernier au bas de la feuille pour faire alors une tâche sanglante à côté de sa signature.
Elle pleurait... Ses gestes étaient au ralenti. Ses gémissements résonnaient.
Elle se dirigea vers sa fenêtre et l'ouvrit en grand. Le bruit du vent et le froid supplémentaire, qui souffla la bougie, se firent remarquer. Elle s’assit sur le rebord, dos à l'extérieur.
Soudainement, la porte de sa chambre s'ouvrit brutalement pour faire place au Roi qui cria :
- Ellen ! Que fais-tu !
- Je suis désolée ! répondit-elle, toujours en larmes. Je suis tellement désolée !
- Ellen, non !
Il courut vers sa femme à toute vitesse pour l'empêcher de faire une bêtise...
Mais il arriva trop tard... Ellen s'était laissé tomber en arrière.
- NOOOOOOOOOOON !!!
La Reine continua sa chute en criant au désespoir. C'était bientôt fini... Sa souffrance de mère ayant perdu son enfant allait bientôt finir...
Le sol était tout proche et il allait l'aider à terminer enfin ces interminables souffrances et à rejoindre son fils...
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