IV
La folie ! En voilà une affreuse maladie ! Et, bien souvent, bien des génies sont malades de cela : Maupassant, ce grand écrivain ; Tesla, cet inventeur de génie ; même Hitler, qui fut un génie pour avoir autant réveillé la haine et la connerie chez les gens ! Cette dernière chose fait malheureusement bien écho aujourd'hui... Enfin bref ! Depuis des milliers d'années, les techniques de médecine, si la Religion ne faisait pas trop obstacle, s'amélioraient et permettaient de guérir et prévenir les maladies. Mais il y en a une que personne ne pouvait ni guérir ni (véritablement) prévenir : la maladie humaine (même si ce ne sont pas que les humains qui attrapent cela mais bon, ils sont majoritaires) ! Et la folie, son autre nom, a fait bien plus de morts que toutes les pestes et virus en tout genre, moustiques et autres insectes, animaux sauvages ou non... La guerre étant souvent le stade ou cette maladie en est à son apogée. Le seul truc que l'on pouvait faire, c'était d'isoler ou de tuer le malade... Mais, malheureusement, l'esprit humain prend souvent la parole d'un fou comme innocente et presque saine mentalement ainsi que souvent ''raisonnée'' alors que celle d'un innocent saint d'esprit est souvent prise comme folle... Et c'est cette personne, persécutée alors par des fous, qui est victime de cette humaine injustice. Si bien que la folie l'atteint réellement. C'est fou comme l'Homme engendre la folie chez l'Homme lui-même ! Tous ces événements, déclenchés par lui, toutes ces personnes, qui ont fait quelque chose ou non, qui rendent quelqu'un démunie de sa Raison... C'est fou, non ?
Et Tograz, pauvre de lui ! Cette maladie... Et dire qu'il l'a attrapé parce que son fils fut malchanceux et mourut, ce qui déclencha le suicide de sa femme ! Il en voulait toujours à ce dernier, même après les plusieurs jours écoulés depuis la destruction de la tombe de Jonathan. Il était encore atteint de cette grave maladie.
Mais cette dernière s'était heureusement réduite et il avait retrouvé un peu de sa raison.
Malheureusement, la folie l'avait rendu bien malade et faible. Il sentait ses forces disparaître peu à peu, tout comme son envie de vivre.
Ses filles étaient extrêmement inquiètes pour lui. Tout, mais pas perdre leur père comme ça ! Tout, mais que le Destin n'enlève pas encore un membre de leur famille ! Elles avaient perdu leur frère et leur mère... Et, maintenant, elles allaient perdre leur père ! C'était comme une malédiction ! Qu'allait-il leur arriver juste après !
Puis, vint le jour où Tograz n'eut plus assez de forces pour se lever de son lit.
Il appela Divitia et Potentia pour leur parler. Il savait qu'il n'en avait plus pour longtemps.
- Mes filles, leur dit-il, mes très chères filles ! Comme vous êtes jolies ! Même avec la tristesse qui, comme le fait la colère, rend nos traits hideux, vous êtes magnifiques ! Mais je ne veux pas que vous pleurez ! Je veux que vous vivez, comme l'a dit votre mère ! Je veux que vous riez...
- Mais, et vous, père ! dit l'une.
- Que faire de vous ! dit l'autre.
- Moi ? Mais on ne peut plus rien faire pour moi ! C'est pour cela que je vous ai demandé : pour vous demander une faveur. Promettez-moi que, après ma mort, la première d'entre vous deux qui se mariera par amour dans ce Royaume sera sa Reine. Jonathan et Ellen étaient ma vie et ma joie. Ils m'ont tous deux quitté... Mais, vous deux... Vous étiez ma plus grande force et ma plus grande richesse ! Comme vos noms vous vont bien ! Alors, faites, après ma mort, preuve que vos noms ne soient pas rien ! Promettez-le moi !
- Nous le jurons... firent d'une même voix triste les deux jumelles.
- Je vous remercie de tout mon cœur...
Ce dernier avait eu alors ses raison que même la Raison pouvait comprendre... Il continua :
- Il va faire nuit. S'il vous plaît, installez-moi sur ce fauteuil, mettez-le près de la fenêtre et ouvrez-la en grand.
- Mais, mon père... dit Divitia.
- Vous allez mourir de froid ! dit Potentia.
- Je vais mourir dans tous les cas ! Allez ! S'il vous plaît, faites-le.
Elles acceptèrent tant bien que mal. Puis, leur père leur demanda de partir en fermant la porte. Elles lui baisèrent le front, lui dirent bonne nuit et lui sourirent pour qu'il souffre moins.
Tograz regardait alors, dans sa profonde solitude, à travers sa fenêtre le coucher du Soleil. Le froid commençait à s'installer peu à peu dans la pièce. Il repensait à tout ce qu’il s'était passé... Puis il repensa à son fils... Il réfléchit à ce qu'il lui avait fait subir après sa mort. Et il eu du remord... Il avait essayé de l'effacer de l'Histoire alors qu'il n'avait rien fait ! Il se rendit compte de l'étendue de sa folie. Des larmes de tristesse brillaient sur ses joues grâce au crépuscule. Il pleurait... Mais que lui avait-il fait ! Pauvre Jonathan ! Puis, il se dit que, peut-être, un jour, quelques personnes parleraient de cet héritier. Et cela lui remonta le moral.
Intérieurement, il se confessa à lui-même ses crimes. Il voulait partir... heureux. Cela pris quelques minutes...
Maintenant, il admirait le crépuscule et cet air froid d'hiver. Un coucher de Soleil, qu'importe la saison, était toujours un magnifique spectacle. Il n'avait plus aucune force, il était presque paralysé. Et, en regardant le paysage, il sourirait... Pour la première fois depuis des jours, il souriait de bonheur. Le froid mordant du vent ne le dérangeait plus. Il ne sentait plus rien du tout.
L'étoile du jour avait maintenant disparu à l'horizon pour faire place à la Lune.
Le Roi Tograz le Grand était maintenant extrêmement fatigué. En voyant ce si beau Soleil disparaître, une seule pensée lui traversa l'esprit : Au moins, mes filles verront l'aube de demain... Sur cette pensée, son sourire s'élargit.
Il sentait la fin arriver. Il n'avait plus aucun regret.
Il prit une énorme inspiration, ferma les yeux et expira longuement sa dernière expiration pour... enfin... dormir à tout jamais...
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