En quelques minutes, nous arrivâmes à notre nouvel habitat pour les prochains jours. Nous nous précipitâmes à l'intérieur.

L'ambiance du chalet était rassurante, loin de refléter le carnage de l'autre côté de ces murs. Les murs en bois naturel étaient agrémentés de poutres apparentes, créant une atmosphère intime et authentique. Un grand foyer en pierre trônait au centre de la pièce principale, diffusant une douce lueur et une chaleur réconfortante. Des tapis épais et moelleux recouvraient le sol.

Les meubles en bois sombre et aux lignes simples étaient assortis de coussins et de couvertures aux motifs inspirés de la nature environnante. Les fenêtres laissaient filtrer la lumière naturelle, créant des jeux d'ombre et de lumière qui dansaient sur les murs. Des étagères étaient garnies de livres, témoins silencieux des moments de quiétude passés dans ce refuge montagnard.

Le chalet abritait des chambres douillettes, chacune décorée avec soin dans un style rustique et élégant. Des couettes épaisses et des draps en lin créaient un cocon de confort pour les invités. Les salles de bains en pierre et en bois offraient un mélange de modernité et de tradition, avec des éléments de design contemporain intégrés de manière harmonieuse.

Dès lors que nous passâmes le pas de la porte, nous vîmes deux autres individus : un homme et une femme. Il était grand, pas autant qu'Enès, mais plus que moi. Ses cheveux blonds étaient si courts qu'il ne pouvait avoir aucune coupe particulière, ses yeux bleus contrastaient avec le jugement dont il faisait preuve, et des grains de beauté sous son œil gauche qui lui donnaient une apparence unique.

— Mattéo Reven, je suis le profiler, se présenta-t-il en nous tendant la main.

Enès s'approcha instantanément pour la lui serrer, arborant un sourire poli.

— Enès Asty, commissaire.

J'eus un étrange sentiment sur ce Mattéo. Je sus de suite que le temps allait devenir long. Il était du genre à désirer posséder l'espace qui l'entourait, à garder une maîtrise sur la situation et à contrôler les autres, cela se voyait à son attitude fermée.

— Profiler ? Hum.

Mattéo s'arrêta dans sa démarche, prit une courte inspiration et se retint de me saluer. Mes a priori n'étaient pas destinés aux profilers, mais à notre enquête qui allait nous donner du fil à retordre. À peine deux semaines s’étaient écoulés depuis que nous l'avions ouverte, et cette famille semblait déjà avoir de nombreux ennemis. J'espérais sincèrement qu'il réduise notre liste des suspects. Cependant, il sembla mal réagir à mon attitude.

— Ces préjugés ne peuvent venir que d'une personne à qui on fait croire qu'elle a du pouvoir sur les autres.

Un léger rire m’échappa, involontaire mais discret. Je n'apportais que les éléments nécessaires à mes clients pour détruire leur famille, mais je ne décidais de rien sur leur façon d'utiliser ces informations. C'était une remarque correcte, mais peu risquée ; elle correspondait à quiconque travaillait sur cette affaire. C'était bien pour cela que je le considérais déjà comme un facteur crucial pour résoudre cette enquête.

— Eric Sares, mais je préfère qu'on m'appelle Tec. Je suis détective, en effet.

Je détournai mon regard vers cette femme aux cheveux bouclés qui ne dépassaient pas ses oreilles. Elle souriait, mais son expression en montrait bien plus que je ne sus décrire. Avec elle, cette barrière invisible que nous érigeons entre notre personne et les inconnus était moindre. Elle dégageait une chaleur bien plus marquée que son camarade.

— Theia Simeil, technicienne principale de la police.

— La chercheuse d'indices.

— Oui, si on peut dire.

J'avais encore les cheveux qui gouttaient sur le sol et mes mains qui tremblaient de froid. Et alors que je me rappelai tout juste mon déplorable état, Enès agit comme s'il pouvait lire dans mes pensées même si cela résultait d'un piètre télépathe tant la suite était logique.

— Changeons-nous. On va attraper la crève si on reste comme ça.

— Avec quoi ?

— Le propriétaire des lieux a été prévenu, ajouta Theia. Il y a des vêtements de rechange et de la nourriture dans le frigo.

Sans dire un mot, je partis simplement dans une chambre pour enfiler des vêtements secs. La simple sensation du tissu propre me réchauffait, mais mes cheveux trempés faisaient barrière à la température ambiante. J'avais toujours un élastique sur moi, les mèches dans mes yeux avaient le don de me faire perdre patience. Je me fis un demi chignon, l'arrière étant trop court pour tenir.

À l'instant où je rejoignis mes camarades, le dernier à rejoindre le salon, Theia fit une remarque pertinente.

— Ah. Qu'est-ce qu'on est censés foutre pendant les prochains jours enfermés ici ? Si au moins on avait le dossier de l'enquête sous la main, ça pourrait nous faire avancer.

Elle marquait un point. La tempête était prévue pour les deux ou trois prochains jours, mais j’étais persuadé que si Enès avait pu prévoir la nourriture, il avait aussi rapporté le dossier. En tant que commissaire, il avait cet avantage de décider où il se trouvait.

— Bien évidemment. Il est dans le coffre de ma voiture.

Il se précipita dehors, courant jusqu'à son véhicule pour échapper à la pluie, et en sortit un dossier qui avait l'air de peser lourd. Au vu de son épaisseur, il allait largement combler nos prochains jours vides de sortie.

De retour dans le chalet, il le jeta sur la table basse se trouvant au centre de la pièce principale, entourée de fauteuils et d'un canapé.

Les mains posées sur ses hanches, Enès souffla du nez.

— On en a pour un bon moment avec ça.

Theia suivit le même comportement, bien qu'un peu plus dramatique.

— Avec tous ces suspects, je suis déjà fatiguée de ce bordel.