Zeus
De cette colère sourde qui embrume mon esprit,
De cette rage folle qui gronde en ma poitrine,
Et mon cœur qui brûle, tambourine en mon sein
Se gorge, pompe, avale et recrache en vain.
De ma violence qui explose en morceaux,
De ma fureur qui résonne en échos,
Mes poumons s'enivrent et s'embrasent,
Je hurle et plus rien ne m'apprivoise.
Elle papillonne jusqu'au bout de mes doigts,
Se répand dans mon corps, partout en moi ;
La flambée ardente qui coule dans mes veines
Ronge mes fers pour que je me déchaîne.
Voilà ma conscience qui vole en éclats,
Elle n'est plus, elle ne me retient pas,
Affolée, elle se met dans tous ses états.
Ô colère divine, dis-moi sur qui tu t'abats ?
Les éclairs jaillissent et transpercent les airs,
Ils s'écrasent au sol et brûlent la terre,
Je détruis tout dans ma frénésie meurtrière,
Perché en haut de ma montagne altière.
Et quand se dissipent la foudre et l'orage,
Et quand disparaissent enfin les nuages,
Il ne reste plus que des fragments dispersés
Et les conséquences de ce que j'ai saccagé.
Sorti du ventre de Rhéa, dans le sang et les larmes,
A peine né qu'il fallût que je prenne les armes,
Qu'il me fallût devenir le bourreau de mon père
Pour qu'enfin à nouveau la vie soit prospère.
Bien des histoires sont nées de ma jalousie,
De mes prodiges et de mes amours impies,
Mais c'est de ma folie dont on fait l'apologie
Et c'est ainsi que l'on chante ma mythologie.
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