24 - Légendes

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36ème jour de la saison de la lune 2448 - PDV Azéna

Ce matin-là, une bourrasque frappa contre la vitrine de la fenêtre de la chambre. Azéna s'éveilla d'un profond sommeil. Un grattement aiguë lui donna un mal aux oreilles. Elle prit la peine d'allonger son bras vers le sol et tâta à l'aveuglette. Elle souleva une couverture qui était tombée en bas de son lit avec paresse et s'enroula à l'intérieur.

- Fait froid, se plaignit-elle en baillant, les yeux larmoyants.

Une deuxième bourrasque se déchaîna contre la vitre. Quelque chose égratignait avec insistance au rebord de la fenêtre.

- Fais-le taire, se lamenta Fayne.

- De quoi tu parles? demanda Azéna en marmonnant ses mots de façon incompréhensible, son visage enfoui dans son oreiller.

Fayne ne lui répondit pas; elle s'était rendormie. Le sol trembla à deux reprises et un bruit de vitre cassée retentit puis, un cri d'exclamation suivi d'un grognement impatient. La dernière couverture d'Azéna lui fut retirée puis, lancée au sol.

- Fayne, tu aurais pu attendre que Rendar rugisse au moins, se plaignit Azéna. C'est pas encore le temps de se lever merde!

Quelque chose de rugueux et de mouillé lui lécha le cou et les cheveux. La dragonnière alarmée se retourna avec vivacité. Devant elle se trouvaient deux immenses yeux violets à la pupille dilatée. Tyrath poussa un grognement amusé et lécha le visage de sa cavalière grincheuse.

- Bon matin à toi aussi, dit Azéna.

Elle s'essuya le visage afin de se débarrasser de la bave gluante qui y était collée.

- Beurk. Non mais, tu agis comme un mélange d'un chien et un chat domestique. C'est vraiment étrange.

Tyrath pencha la tête de côté comme s'il était incertain de ce qu'Azéna lui racontait.

- Ne t'inquiète pas, continua la jeune femme aux yeux bleus. Tu es parfait! D'ailleurs, qu'est-ce que tu fais dans notre chambre? Comment...?

C'est alors qu'elle remarqua que l'immense fenêtre avait été ouverte et endommagée par des griffes, qu'un dragon était dans sa petite chambre à peine capable de l'accueillir convenablement et que le miroir de la commode avait été fracassé.

- Oh, par l'Aspérule Blanche! Fayne, ne regarde surtout pas!

Croisant les bras, Fayne fixa Tyrath avec colère. Le drake baissa la tête et la regarda avec incertitude.

- Reste calme, dit Azéna en souriant jaune. Il ne comprend pas la valeur des propriétés et il est trop mignon. Tu ne peux tout de même pas le gronder.

Tyrath déposa ses pattes avant sur le lit de sa cavalière qui grinça sous le poid. Il frôla son museau avec amour et énergie sur son visage. Sa queue remua avec entrain et son centre frappa Fayne au le ventre. La dragonnière bleue se leva d'un bond et toussa à plusieurs reprises.

- Tu vas survivre? demanda Azéna.

Fayne finit par se ressaisir. Les yeux larmoyants, elle regarda Azéna.

- Ce dragon est vraiment invivable. Heureusement qu'il ne m'a pas frappé avec le bout de sa queue. C'est probablement plus dangereux qu'une étoile du matin!

Tyrath fixa Fayne en penchant légèrement la tête sur le côté d'une mine désolée.

- Je ne voulais pas te faire mal, dit-il en prononçant ses mots lentement.

Il n'était pas encore très habitué à communiquer dans la langue commune, mais il s'améliorait avec le temps. Il s'installa près de la fenêtre et attendit qu'Azéna s'habille. Une fois qu'elle était équipée de son manteau d'hiver, Azéna ramassa la selle de Tyrath. Le drake argenté se mit à sautiller tel un enfant.

- Calme-toi, ordonna Azéna. S'il te plaît. Tu vas réveiller tous les voisins.

Elle jeta un coup d'oeil dehors ; le premier soleil était entrain de se lever, mais il faisait encore sombre. Soupirant misérablement car elle savait qu'elle avait eut à peine la moitié d'une nuit de sommeil, elle installa la selle sur Tyrath. Celui-ci grimpa à la fenêtre et attendit que sa dragonnière monte sur son dos. Les deux compagnons s'élevèrent vers le ciel. Ils firent quelques tours de l'académie avant que Rendar ne se pose au sommet de la Tour Mère. Le cou du géant rouge était plus large que le torse d'Azéna. Il posa ses deux yeux perçants sur eux et secoua la tête en signe d'irritation. Il poussa un rugissement bestial qui menaça d'exploser les tympans d'Azéna. La dragonnière serra les dents et se bouchant les oreilles.

- Je déteste son cri, dit-elle. Merde, à une tel puissance, il doit être au stage de wyrm.

- On s'habitue, répliqua Tyrath. Et, je ne sais pas. Pour être honnête, il n'y pas grand wyrms ici, mais c'est possible.

Un humanoïde sauta hors de la fenêtre de la Tour Mère, grimpa au toit et s'accrocha à la patte de Rendar. Le dragon rouge prit son essor sans attendre que Terenas soit confortablement installé sur lui.

- Il est fou, commenta Azéna en observant le spectacle.

Mais, l'elfe lunaire s'avéra plus que capable de s'organiser dans cette fâcheuse situation. Il monta son dragon avec aise et grâce. Rendar passa à côté de Tyrath et lui accorda un regard neutre et impassible. Son cavalier fixa Azéna et sourit légèrement.

Azéna ressenti l'envie bouillonnante de Tyrath de leur montrer à quel point lui et Azéna étaient des maîtres du vol. D'ailleurs, elle le désirait autant que lui. Tyrath se mit à battre vigoureusement des ailes en tentant de rattraper les deux adultes.

- Non, dit Azéna. Si j'arrive en retard, Maître Ternos va me pendre par la peau des pieds.

Le drake ria de bon coeur et continua à survoler autour de l'académie jusqu'à ce que fut le temps pour Azéna de se rendre en classe. Il changea le cap vers l'entrée principale.

- J'ai une meilleure idée, dit Azéna en affichant un sourire malicieux.

- Je t'écoute, répliqua Tyrath.

- Un petit raccourci à la classe ne serait pas de refus, tu sais.

Tyrath sourit diaboliquement et vola avec une telle puissance qu'il créa une bourrasque dans son sillage. Ils localisèrent la classe voulue, qui se trouvait au premier étage, et Tyrath s'accrocha à la fenêtre en laissant ses ailes déployées pour maintenir son équilibre. Les apprentis posèrent leurs regards étonnés sur eux. Zarak lui ouvrit la fenêtre et laissa Azéna entrer alors que Tyrath partie.

- Tout pour te faire remarquer, commenta Fayne. En plus, nous sommes au premier étage. Était-il vraiment nécessaire de venir en volant?

Azéna remercia Zarak d'un hochement de tête et s'assit à son pupitre.

- Un peu d'amusement ne fait de mal à personne, non? questionna innocemment Azéna.

Zarak ordonna le silence et braqua son regard sur Azéna avant de commencer à présenter la matière pour la leçon d'aujourd'hui.

- Afin de souligner l'arrivé spectaculaire d'Apprentie Kindirah ici présente, nous allons apprendre tous les termes ayant un lien avec le vol et vous m'en ferez un rapport pour demain, expliqua-t-il sur un ton onctueux.

- Génial, murmura Azéna avec sarcasme en baissant la tête.

***

Plus tard en journée, Azéna se rendit à son cours d'histoire avec hâte, car le vieux Magar leur avait promis du contenu extrêmement intéressant. Azéna était impatiente à l'idée de découvrir ce qu'il allait leur révéler aujourd'hui Derrière elle, Fayne suivait le rythme lent habituel de Teriondil.

- Attends-nous, demanda Fayne. Relaxe pour une fois de ta vie. Tu es difficile à suivre parfois. Ça me siphonne de mon énergie.

- Un peu de vitesse pour une fois, hein Teri? demanda Azéna alors qu'elle s'arrêta au bout du corridor éclairé par des torches magiques.

- Ce n'est pas nécessaire, répliqua Teriondil.

Il avança les bras croisés derrière sa tête et le regard fixé au plafond.

- Nous sommes en avance, continua-t-il. Arrivée dans cinq minutes ou dans huit minutes, quelle sera la différence? Magar commence son cours à une heure précise. Relaxe un peu. Le stresse va finir par te ronger de l'intérieur.

Azéna laissa tomber lourdement les bras comme s'ils étaient encombrés d'objets lourds. Soupirant devant la défaite, elle attendit avec impatience pour ses deux compagnons.

- Vous êtes lent, se plaignit-elle lorsqu'ils la rattrapèrent enfin.

- Et tu es aussi invivable que ton dragon, commenta Fayne.

Les deux adolescentes rirent, sachant que l'insulte n'était pas sérieuse. Teriondil les fixa avec confusion.

- Il s'est passé quelque chose d'intéressant?

- Comme à ton habituel, dit Azéna, tu n'as rien compris de ce qui se passe, car tu étais trop absorbé dans tes rêveries.

- Je vois. Alors, il s'est passé quelque chose d'intéressant.

- Laisse tomber, pauvre perdu.

Ils arrivèrent à la salle de classe. À l'intérieur, Magar ainsi que quelques apprentis traînaient entre les pupitres. Azéna fut la première installée à sa place. Les yeux pétillants d'intérêt, elle attendit impatiemment jusqu'à ce que le cours commence.

- Bonjour, bonjour à vous tous, salua Magar sur un ton enjoué comme à son habituel. Aujourd'hui, comme promis, je vais vous partager une légende bien réelle qui s'est produite il y a des centaines d'années. Non, excusez-moi, il y a assez de temps pour deux légendes!

Tous les regards se braquèrent sur le vieux dragonnier. Ce dernier paraissait extrêmement excité, ne cessant de frotter sa barbe qui lui allait à la taille. Il s'éclaircit la gorge et continua.

- Alors la première... L'historique des dragonniers. Pourquoi existons-nous? Comment les dragons et nos peuples se sont-ils liés? Les relations entre nos ancêtres et les dragons étaient-ils mauvaises, bonnes ou neutres? Eh bien, voici la réponse à ces questions. On raconte que deux entités dormantes s'agitèrent depuis le monde spirituel alors vide. Leurs pouvoirs s'accentuèrent rapidement, les possibilités se multipliaient et leurs âmes solitaires se transformèrent en un corps physique. Maintenant capables d'entrer et de sortir du monde spirituel et du monde physique, ils ont explorés les terres stériles sur lesquelles ils ont apparus. Opposés en tout, mais singuliers en un aspect : le désir de la création, les deux êtres suprêmes donnèrent aux deux dimensions miroirs une raison d'exister.

La dimension physique qu'ils nommèrent Aerinda avait comme nouveau but d'accueillir un écosystème. Elle allait devenir un sanctuaire où des êtres vivants pourraient prospérer et lorsque viendrait le temps de redonner leur énergie à aux landes, ils traverseraient au monde spirituel.

Des deux créateurs, le premier, Noktow, côté sombre et négatif des deux, s'occupa de dessiner une lune, de concevoir l'ombre, de créer la chaleur des flammes, de souffler le vent au travers des cieux et d'invoquer la mort. Son amoureuse, Elysia, côté lumineux et optimiste des deux, prit en charge les tâches opposées, soit d'offrir la lumière de son âme en formant deux soleils, de façonner la terre ferme, d'écouler les torrents d'eau, de faire pousser les plantes et de donner la vie. Est-ce que c'est familier?

Malgré leurs exploits, les deux divinités n'étaient pas encore satisfaites de leur travail. Il manquait quelque chose. Cette période, l'an zéro, fut nommée Nus'orsa ou l'ère du début dans la langue commune. Craintifs pour leur chef-d'œuvre, Noktow et Elysia conclurent qu'ils devaient créer des entités puissantes pour les aider à la protection d'Aerinda. C'est ainsi que naquirent les dragons en tant que premier habitants.

Les créatures ailées se divisèrent par instinct comme si leur subconscient savait ce qui devait se produire. De là furent créé les huit vols draconiques. Chacun fut assigné des tâches spécifiques reliées à leur élément. Mais, tous posséde un devoir en commun : celui de garder Aerinda intacte et de s'assurer que le cycle de la vie et de la mort puisse continuer. Cela conclut l'an un à sept, période dénommée Nus'rator ou l'ère des gardiens dans la langue commune.

Par la suite, les elfes naquirent et eux aussi, finirent par se diviser pour former les peuples elfiques modernes, soit les elfes lunaires, les elfe gris et les elfes des bois. Ce n'est que plusieurs centaines d'années plus tard que les humains firent leur apparition, faisant de nous les plus jeunes d'Aerinda.

De toutes les créations de Noktow et Elysia, c'était la race humaine qui fut la plus prône aux conflits. Des guerres éclatèrent et, au fur et à mesure que le temps passait, trois royaumes humains furent fondés. Ainsi furent créés Dètmor, royaume de la puissance, Daigorn, royaume de la paix, et Elthen, royaume de l'honneur. De tout cela, de l'an huit à mille, trois ères passèrent : Nus'farum, ère elfique, Nus'krius, ère de l'indépendance et enfin, Nus'lifer, ère de l'enfant.

À cette dernière remarque, Magar sourit, amusé par ses propres paroles.

- Des questions?

Bienveillant, il fixa ses apprentis et attendit. Lorsqu'il se mit à l'évidence que personne n'allait lui poser de question, il reprit le cours de son récit.

- Depuis l'arrivée des humains, les landes d'Aerinda furent victimes d'instabilité constante, car leurs peuples étaient incapables de s'entendre sur quoi que ce soit. Les temps de paix ne dureraient jamais bien longtemps. Ainsi, la vie n'était rien d'autre qu'un jeu de guerre.

Comme vous le savez, la plupart des royaumes sont gouvernés par le Haut-Roi. Le sixième Haut-Roi, Johrien Sombrelame, demi-elfe gris demi-elfe lunaire, créa les dragonniers en effectuant un pacte avec les dragons. L'ultime but de cette organisation, qu'il appela Gardiens d'Aerinda, était de protéger et de garder un certain ordre entre les pays. Il choisit Archlan, un elfe lunaire né noble et très riche qui possédait un cœur juste, humble et généreux comme leur chef. Son dragon, Schareilatra, était du vol draconique brun. Les deux formaient une équipe des plus parfaite. Ensembles, ils ouvrirent l'académie des dragonniers. Après plusieurs centaines d'années de services, les deux compagnons perdirent la vie en combat contre un ennemi qu'ils n'auraient jamais imaginés devoir tenter de détruire.

Le plus jeune frère d'Archlan, Isriss, dragonnier lui aussi, se rebella contre le système des siens et causa une guerre civile dans l'académie. Il chevauchait un dragon gris, Gariakralent. Leurs éléments inutiles l'un contre l'autre, ils recoururent à la force physique pour en finir avec cette absurde, mais mortelle querelle. Vainqueur, Isriss créa sa propre autorité; son propre clan. Johrien en fut témoins et tenta de reprendre contrôle des dragonniers rebelles au prix de sa vie qu'Isriss lui arracha aussi.

Les dragonniers continuèrent leur devoir sous l'autorité du septième Haut-Roi, Voörn Hautraqueur, elfe des bois vaillant. Méfiants, les dragonniers d'Isriss restèrent indépendants. Voörn est mort d'un empoisonnement plus tard et, Zorn Suranz a été élu huitième Haut-Roi. Cette ère, Nus'simul, l'ère du liage, est celle qui marque la création des dragonniers et qui nous a suivie jusqu'à aujourd'hui. Quel sera la prochaine ère, je n'en ai pas la moindre idée ni quand cela va arriver. Normalement, c'est une divinité qui déclare un changement d'ère et cela n'arrive que très rarement, car il faut qu'un événement ait un impact assez grand pour que cela en vaille la peine.

- Alors, Noktow et Elysia ont fait des apparitions dans le passé? questionna Katanor, les yeux écarquillés.

- C'est ce qui ait dit, mais je n'étais pas vivant lorsque cela s'est produit. De plus, les divinités sont très discrètes; ils ne se manifestent que devant un ou quelques individus en particulier.

Magar resta silencieux pendant quelques longues secondes en attendant pour d'autres questions, mais il réalisa assez rapidement que ses apprentis attendaient sa deuxième histoire avec avidité. Il poussa un bref rire et s'assit sur son bureau. Il leva sa main droite par-dessus une coupe en argent orné de petits saphirs et l'ouvrit. Sa main trembla légèrement puis de l'eau apparut au centre de l'objet. Satisfait, Magar prit une gorgée avant de commencer son nouveau récit.

- Alors, la deuxième légende raconte l'histoire d'un curieux personnage. Personne ne le connaît assez pour dire qui il est véritablement ni comment il a été engendré. Il est tout simplement le fruit d'un autre miracle. Vous ne le savez peut-être pas, mais Aerinda est un monde où la magie et les éléments font de grandes choses, qu'elles soient terribles ou miraculeuses. Même les dragons eux-mêmes n'en comprennent pas toujours la nature.

Mais, revenons en à notre personnage que l'on surnomme Écaille Létale car on ne connaît pas son vrai nom, ce, s'il en a un. Ses origines sont inconnues, mais nous savons qu'il a été l'apprenti d'un nécromant très puissant, ce qui n'est normalement pas bon présage. Malheureusement pour le maître nécromant, il était devenu vieux et affaibli. Comme le veut la tradition, l'élève dépassa le maître. Les jours du maître étaient comptés et son apprenti lui enleva brutalement la vie en lui siphonnant l'âme comme adorent le faire les nécromants.

Pendant des années, on entendit des rumeurs à propos d'un humanoïde aux yeux dorés à la pupille mince, aux griffes et crocs de loup géant et aux caractéristiques serpentines qui faisait des crimes atroces. Malheureusement, il était trop puissant pour qu'un simple mortel ne puisse l'arrêter et les dragonniers étaient trop occupés avec une guerre importante contre le Sang du Dragon, bande de tueurs de dragons, pour l'éliminer.

Plusieurs années à la suite du début de cette guerre, celle-ci faisait toujours rage et affectait Aerinda dans sa totalité. À la grande surprise de tous, Écaille Létale se présenta devant Archlan et sa dragonne et leur offrit son aide dans cette guerre. Au début, Archlan était douteux, mais avec l'aide de ses sages, il accepta car cela lui permettra de garder un œil sur le nouveau venu. Plusieurs chercheurs voulaient en découvrir plus à propos des origines d'Écaille Létale, mais celui-ci refusa toute analyse sur lui. Il désirait rester mystérieux et indépendant. Aucun dragon ne se lia à lui. Il prenait tout le monde pour des collègues de travail et rien de plus. Il était là lors de la rébellion d'Isriss et n'en fit rien, car il jugeait que ce n'était pas de ses affaires.

D'ailleurs, on ne sait pas pourquoi il était resté si longtemps, mais on croit que c'est pour de la protection. Les dragonniers et dragons faisaient bien de ne pas lui faire confiance même après toutes ces décennies dédiées à eux, car c'est la naïveté émotionnelle d'Archlan qui l'acheva. Écaille Létale en eut assez de ce mode de vie et, alors qu'il était sur le point de partir, les deux grand maîtres furent tués. Rapide et futé, il s'est enfui et personne n'a entendu parler de lui depuis ce malheureux jour. Tout a été silencieux. C'est comme s'il était mort, mais personnellement, je n'y crois pas. Soit il reste bien tranquille, soit il prépare quelque chose.

Après le cours de Magar, Azéna resta silencieuse, perdu dans ses songes. Fayne avait beau essayer de la faire parler, mais elle était devenue aussi irrationnelle et absente que Teriondil. Ce ne fut que le soir qu'elle se décida à revenir à la réalité. Le trio était assis devant le foyer dans la salle commune de la Tour de la Connaissance et admirait le feu dansant en discutant.

- Vous croyez qu'Écaille Létale est toujours vivant? questionna Azéna en s'adressant à ses deux amis.

- Oh, dit Fayne. Tiens, elle a retrouvé la voix.

Azéna lui lança un regard irrité.

- Je n'en ai aucune idée, expliqua Fayne, mais pour avoir survécu durant toutes ces années, il serait très vieux.

- Magar a parlé de miracles, des éléments et de magie, dit Teriondil en fixant le sol avec sévérité. On ne sait jamais, peut-être est-il immortel.

- Immortel, dit Fayne avec horreur. Mais, personne n'est immortel, pas même les dragons.

- Il a été l'apprenti d'un nécromant et ces gens-là s'amusent avec la vie et la mort. Ils mélangeant parfois les deux.

- Un mort-vivant, dit faiblement Azéna. Ils existent vraiment?

Teriondil détourna le regard et son ton devint sombre.

- Oui. Ils sont la création des nécromants et souvent, leurs serviteurs.

- Est-ce qu'un spectre est considéré comme un mort-vivant? questionna Azéna.

- Je n'en suis pas certain. Un spectre est avant tout une âme donc, il doit avoir une conscience. Il n'est pas vraiment physiquement présent comme un zombie ou un squelette. Par contre, il a tout de même une forme. On dirait un mélange des deux, mais est-ce qu'un nécromant peut véritablement créer une telle créature?

- Il y en avait un dans le donjon.

- On ne sait jamais. Ça pourrait être l'œuvre de Reaginn ou encore de Vyrius.

- Nous n'avons aucune preuve, dit Teriondil. Les spectres sont des vagabonds comme les âmes. C'est très difficile d'avoir un contrôle sur eux. Il aurait pu être là par hasard ou encore, Reaginn aurait pu l'attirer et il serait venu de son propre gré.

- Qu'il soit là par hasard me semble bien improbable, dit Azéna en fronçant des sourcils avec méfiance. Il était là pour nous. J'en suis certaine. C'est trop parfait comme situation, comme si ça avait été planifié.

- Est-ce que Reaginn ou Vyrius sont des nécromants? Questionna Fayne.

- Je n'en n'ai aucune idée, répondit Teriondil. On ne sait jamais. Les nécromants se cachent souvent dans la populace et retirent leur masque durant le Festival du Crâne à la recherche des recrues.

Fayne devint blême et Azéna fixa le feu avec un regard sinistre. Le Festival du Crâne était quelques jours durant lesquels Aerinda fêtait la saison de la mort, particulièrement pour honorer ceux qui étaient tombés. La lune, complètement noircie durant cette période, créer un camouflage parfait durant la nuit pour commettre des crimes subtilement. La mère adoptive d'Azéna défendait strictement à ses enfants de sortir lorsque les soleils étaient tombés durant ce temps.

- C'est suspicieux, dit la dame de Daigorn. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond à l'académie.

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