38 - Une véritable amie

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27ième jour de la saison du ruisseau 2448 - PDV Azéna

Une saison s'écoula sous le nez d'Azéna sans qu'elle ne s'en rende compte. Son entraînement la stimulait malgré la grande fatigue qui affaiblissait son corps. Elle et Tyrath donnèrent leur maximum à chaque nouveau défi que les jumeaux leurs donnaient et ils retournaient au lit tendus et stressés. Habituellement, Tyrath portait Azéna à sa fenêtre, mais pas ce soir là. Elle entra par la porte et alla directement s'écrouler dans son lit qui grinça sous l'impact. Elle grogna alors que ses muscles endoloris la firent momentanément souffrir. Elle ne remarqua même pas la présence de sa colocataire de chambre qui étudiait paisiblement sur son lit.

- Ça va? questionna Fayne avec inquiétude.

La brunette observa son amie attentivement et fronça les sourcils. Le corps d'Azéna hurlait pour de l'aide; il tremblait sous la pression de la fatigue.

- Oui, ça va, mentit-elle.

Elle osa jeter un bref coup d'oeil en direction de Fayne. L'herboriste avait toujours les yeux rivées sur elle. La dure vérité qu'elle ne pouvait rien cacher à sa bonne amie pesa sur la conscience d'Azéna. Cette dernière enfouit son visage dans son oreiller en ignorant le fait que Fayne pouvait probablement lire au travers de sa façade.

- Que s'est-il passé? questionna Fayne.

Azéna releva la tête et essaya de sourire idiotement pour écarter le vrai problème. Fayne n'en n'était pas convaincue.

- Ce sourire idiot ne va pas me convaincre que tout va bien, dit-elle en tournant son attention vers son livre. Ils ont été trop durs avec toi encore.

- J'aurai essayé, grommela Azéna.

Elle tourna sa tête contre son oreiller de façon à ce qu'elle puisse voir Fayne sans se fatiguer.

- Alors, qu'est-ce qui se passe? insista Fayne en lisant un passage de ses notes de cours d'anatomie.

- Peux-tu au moins me regarder quand je te parle? se fâcha Azéna.

Fayne ferma son livre et accorda toute son attention à son amie.

- Excuse-moi. Les examens, tu sais... De toute façon, va s'y.

- Arf. Ce n'est rien. Ils m'ont juste poussé plus loin que d'habitude.

- C'est plus que ça. Je le sais parce que je te connais comme le fond de ma poche. Ce n'est normalement pas pour un entraînement intensif que tu deviens comme ça. C'est même le contraire.

- Comme quoi?

- Oh, je t'en prie. Ton attitude présent est étrange pour toi. Négative, lassée, irritable...

Azéna roula les yeux avec impatience.

- ... et en manque de confiance en soi, termina Fayne.

Azéna se raidit sur place et fixa Fayne avec étonnement.

- Comment? Je ne suis pas... J'ai confiance en moi!

- Peut-être, mais pas présentement, dit Fayne. Quelque chose te pousse au contraire.

Elle commença à fouiller son sac à dos en cuir brun.

- Qu'est-ce que tu cherches? demanda Azéna en levant un sourcil suspicieux.

- Quelque chose que j'ai rapporté de la maison, expliqua Fayne.

Elle se leva brusquement. Dans ses mains reposait un flacon transparent rempli d'un liquide bleuté. Azéna l'examina avec curiosité. Elle sursauta lorsque Fayne se dirigea vers elle.

- Oh que non! s'exclama-t-elle.

Elle commença à se lever du lit, mais elle fut écrasée sous le poids d'une douleur aiguë qui lui traversa le dos qui paralysa momentanément. Grimaçant, elle tomba et gémit.

- Arrête de t'inquiéter, lui dit Fayne. C'est un élixir de restauration. Ça te fait dormir comme un bébé et le lendemain, tu te sens comme si tu avais un nouveau corps.

- Je ne suis pas certaine si je veux ça, dit Azéna.

- Relaxe pour une fois dans ta vie et, fais-moi confiance.

Azéna tenta de s'enfuir, mais encore une fois, elle fut clouée à son lit. Cette-fois, par les mains de son amie.

- Reste en place, ordonna Fayne.

- Non, se plaignit Azéna. S'il te plaît, je n'aime pas ça du tout.

- De quoi as-tu peur? Je l'ai fait moi-même. Il n'y a rien de suspicieux dedans.

Azéna grommela. Elle détestait perdre le contrôle d'elle-même et étant l'amie d'une herboriste pendant longtemps, elle savait à quel point ces préparations pouvaient altérer l'état d'esprit et physique.

- Bon, conclut Fayne. Maintenant, arrête de jouer les indépendantes et laisse-moi faire ce en quoi j'excelle. Il faut que tu te déshabilles.

- Quoi?!? glapit son amie.

Fayne lui fit les gros yeux et, finalement, Azéna accepta. Elle l'aida à enlever son linge jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus que ses petites culottes. Gênée, Azéna se sentit envahie, mais elle résista à la tentation de se battre. Elle s'installa à plat ventre sur son lit et fixa Fayne avec suspicion.

- Tu as avouée être confortable avec moi lorsque tu es à moitié nue il y a une saison. Qu'est-ce qu'il y a? questionna Fayne. Tu sais que je ne vais rien faire de mal.

- Rahh, allez vas-y, approva Azéna à contre-coeur.

Fayne versa du liquide bleu sur le dos d'Azéna. Celle-ci s'attendait à ce qui le liquide soit froid, mais au lieu de cela, elle sentit ses muscles relaxés a son contact chaud.

- C'est gênant être nue comme ça dans cette situation. Tu sais, avec l'élixir...

Fayne s'assit à côté d'elle au bord du lit.

- L'élixir fonctionne déjà.

- Comment ça? demanda Azéna.

- Azéna qui avoue ses faiblesses, on ne voit pas ça tous les jours.

Azéna ouvrit sa bouche pour répliquer, mais elle était si détendue qu'elle céda à la tentation de laisser passer son envie de se défendre. Sans clôture, sans barreaux, elle se laissa complètement manipuler par Fayne. Le moment était parfait et elle se sentait comme si plus rien au monde n'importait. Rien ne pouvait la déranger.

- Alors, tu me racontes ce qui s'est passé? demanda Fayne.

- C'est Lythrana, commença Azéna mollement. Elle m'en a demandée beaucoup et...

Elle sentit de la chaleur dominer son dos à deux zones particulières qui se mirent à migrer lentement. Incertaine de ce qui se passait, elle mit du temps à réaliser que c'était Fayne qui lui faisait un massage et que cette chaleur était émise par ses mains. La douceur de la peau de l'herboriste était émouvante; les sensations lui donnaient l'impression qu'elle rêvait. Déconcentrée, elle dut s'efforcer pour continuer son récit.

- J'ai tout donné, un effort incessant. Finalement, elle... n'était pas...

Elle chercha ses mots.

- Satisfaite, termina Fayne sur un ton maternelle et plein de compréhension.

Le mot qu'elle avait prononcé fit frissonner Azéna, non de gêne ou de frustration, mais d'excitation.

- J'aime..., murmura-t-elle en somnolant pour ne jamais terminée sa phrase.

- Quoi? questionna Fayne avec confusion.

L'esprit d'Azéna s'éclaircit soudainement.

- Euh..., balbutie-t-elle. C'est ça. Elle n'était pas satisfaite et elle m'a dit que je ne vaincrai jamais Serfantor à ce rythme.

- Alors, c'est ça qui t'a choquée.

- Oui. Je suis trop fatiguée et le temps n'est pas de mon côté.

- L'élixir va t'aider. Tu vas voir demain. Tu vas la faire changer d'avis.

Azéna tenta de remercier Fayne pour son support, mais ses émotions étaient trop fortes et elle se contenta de sourire faiblement. Fayne la dévisagea pour un long moment. Ses yeux sondaient les expressions de son amie avec prudence.

- Qu'est-ce qu'il a? questionna Azéna.

- Ouvre tes yeux, demanda Fayne.

Azéna essaya, mais ses paupières étaient si lourdes que ses efforts furent vains.

- Ouvre plus grand, dit Fayne.

Une entrouverture. Azéna fixa le plafond. Chaque texture, chaque détail, était amplifié. Les couleurs étaient anormalement vibrantes. C'était superficiel mais, ça l'apaisait.

- Endors-toi, décida l'herboriste.

Elle pouffa de rire et dit quelque chose. Azéna n'y comprit rien, mais Fayne semblait heureuse. Elle s'endormit en se questionnant sur ces sentiments bizarres; chose qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant.

***

Le lendemain matin, à l'aube, elle s'éveilla avec facilité et énergie. Elle s'étira et sauta hors du lit. Elle s'étonna de voir que Fayne dormait toujours ce qui signifiait que Rendar n'avait pas encore cassé les tympans de toute la populace de l'académie.

« Pourquoi suis-je éveillée à cette heure et, surtout, avec tant d'énergie? se questionna-t-elle. »

Confuse, son regard se posa sur Fayne et des souvenirs de la soirée d'hier défilèrent dans son esprit. Elle sourit faiblement. Sur le moment, elle se sentit extrêmement reconnaissante vis-à-vis de Fayne. Ce massage avait plus que fonctionnée; il lui avait apporté une certaine paix intérieure. Elle s'accrocha à ce sentiment et espérait qu'il ne parte jamais.

- L'élixir, murmura-t-elle. Merci Fayne.

Elle fixa son amie dormir paisiblement jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux: deux sphères d'un brun noisette réconfortant.

- Bien dormit? questionna Fayne.

- Euh... À v-vrai dire..., balbutie Azéna en détournant le regard. Oui, bien sûr. J'ai dormie comme une roche.

Fayne sourit et poussa un petit rire amusé.

- Contente que ça ait fonctionné. Les potions peuvent faire des miracles quand on leur laisse la chance.

- Trop vrai, murmura Azéna pour elle-même.

- C'était bien, de me regarder dormir?

 L'archère sentit soudain ses joues s'enflammer. Une panique paralysante lui monta à la gorge. Elle ne comprenait pas sa propre réaction, mais elle a devait partir.  

- Euh... Je dois y aller.

- Quoi? Pourquoi? Les cours ne commencent que dans une heure et demie.

- Umm... Enfin... Ah! Je dois aller me laver.

Elle s'habilla à toute vitesse en évitant le regard de la brunette. Elle trébucha maladroitement dans ses pantalons et rétablit son équilibre en s'appuyant sur un mur.

- Tu t'es lavée hier, répliqua Fayne.

- Bah, j'y vais quand-même, dit Azéna en empoignant son sac, duquel la plume de Turion ressortait.

- C'est bizarre. Tu détestes te laver pour rien. Tu dis toujours que c'est une perte de temps.

- Ce l'est. Et... Et, alors?!?

- Tu te laves à chaque cinq jours normalement. Ne viens pas me dire qu'une journée après tu veux y retourner. Allez, qu'est-ce qui se passe? C'est peut-être des effets secondaires de l'élixir.

Azéna se raidit.

- Je l'espère. À plus tard.

Elle ferma la porte derrière elle et descendit l'escalier en colimaçon, laissant Fayne dans la confusion. La salle commune était encore déserte à cette heure-ci et Azéna l'apprécia énormément. Elle ne voulait pas qu'on la dérange. Dans tous les cas, elle se sentait prête à un entraînement intensif. Elle descendit jusqu'à la salle aux deux bassins et y plongea nue.

« Tu vas triompher, lui assura Turion. Tu as l'avantage élémentaire et l'expérience des jumeaux. Fait de ton mieux et ne te blâme pas si quelque chose arrive. »

- Facile à dire, murmura Azéna.

Elle leva les yeux et observa le ciel au travers d'une fenêtre. Les rayons étaient puissants et faillit l'aveugler.

- Ah, le deuxième soleil commence à se rapprocher. Le printemps prend place.

***

Durant toute la journée, Fayne garda un œil attentif sur son amie en espérant comprendre ce qui se passait. Azéna refusait d'en parler et évitait le sujet comme de la peste. Après les cours, lorsqu'Azéna alla au Grand Nid pour aller rencontrer Tyrath, elle se sentit capable d'en parler à son compagnon ailé. Installé contre le pommeau de la selle, elle repensa aux moments durant le massage de Fayne avec le élixir de restauration.

- Qu'est-ce que c'est que tous ces émotions nouvelles?

Tyrath battit des ailes avec puissance, ignorant le vent frais et se dirigea vers le terrain de skotar.

- Tu sais, je crois que c'est un déblocage émotionnel.

- Un quoi? demanda Azéna.

- Ummm... Parfois, nos émotions sont bloquées ou alternés par des facteurs externes. On découvre de nouvelles choses à propos de soi-même à chaque jour. Et, je crois que cette potion a permis à certains aspects de toi-même de s'extérioriser en raison de l'absence de stresse des facteurs externes. Tu as été capable d'être toi-même, en gros. Tu étais en paix.

- C'est effrayant comment tu peux être idiot et en d'autres temps si sage.

- Tu n'es pas drôle.

Azéna pouffa de rire.

- Désolé. Mais, je n'ai jamais ressenti ce nouveau sentiment auparavant. C'est bizarre. Ça me fait un peu peur.

- C'est normal d'avoir peur de l'inconnu, dit Tyrath, surtout pour vous les humanoïdes. C'est encore plus vrai si on parle d'un humain. Ce qui est différent vous terrifie.

- Évidemment. Puisqu'on ne sait pas à quoi s'attendre.

- Vous êtes des êtres bizarres qui s'inquiètent pour des grains de sable.

- Parce que vous êtes parfaits, vous les dragons?

- Très loin de cela, crois-moi.

Tyrath atterrit lourdement au sol et devant lui les attendait Lythrana, Nymfrein et leurs dragons. Lorsque le nuage poussiéreux se dissipa, Lythrana adressa la parole à ses apprentis.

- Prêts pour les entraînements finaux? questionna Lythrana avec enthousiasme.

- Plus que jamais, répliqua Azéna en défiant la dragonnière rouge du regard.

- Alors, allons y!

Sans avertissement, Zurof, le dragon rouge de Lythrana et Jerya, la dragonne blanche de Nymfrein, soufflèrent leur jet élémentaire en direction de Tyrath et Azéna. Les deux compagnons l'évitèrent de justesse. Azéna empoigna son arc long et encocha une flèche. Tyrath rugit et exhala des bourrasques épaisses dans le but de distraire les ennemis. Entre temps, Azéna relâcha. La flèche fila et toucha Lythrana à l'épaule. Zurof rugit et se plaça devant sa dragonnière. Par réflexe, Jerya l'imita et siffla. Lythrana fut secouée sur le moment puis, constata qu'elle n'avait pas été atteinte. La flèche n'avait percée que son armure de plaque.

- Jolie coup, dit-elle en arrachant l'arme du métal percé. Mais, raté!

- Je ne veux pas te blesser, répliqua Azéna. C'était voulu. Je n'ai pas appliquer assez de force.

- Soit sans pitié envers tes ennemis, Azéna! Ils n'en auront pas pour toi.

- Comment être sans pitié sans lui causer une blessure trop sévère? murmura Azéna à Tyrath.

- Facile, répondit Tyrath. Soit sans pitié, mais ne fait aucune attaque fatale.

- Encore une fois, facile à dire. Mais, bon, on peut toujours essayer. On n'a rien à perdre.

Azéna et Tyrath se dépassèrent et réussirent à survivre pendant longtemps contre les deux jumeaux et leurs dragons avant de se fatiguer. Le terrain de skotar était une véritable pagaille. Elle avait été ravagée par les explosions causées lorsque le feu de Zurof dévorait le vent de Tyrath. Jerya fit un faux pas et trébucha dans un trou. Nymfrein tomba de la selle.

- Es-tu blessé? hurla Lythrana à son frère. Nymfrein!

Jerya soupira et resta allongée. Son aile blanche veinée de gris pâle était par dessus Nymfrein.

- Ça va! répliqua Nymfrein en se dégageant de l'aile. Je suis tout simplement sonné.

- Ne te laisse pas distraire, dit Azéna à Lythrana.

En plein vol, Tyrath cracha une bourrasque puissante qui frappa la dragonnière rouge en plein fouet. Lythrana fut projeté au loin. Son dragon, trop lent, ne réussit pas à l'attraper. Nymfrein accouru à son secours et l'attrapa avant qu'elle ne touche le sol. Gênée d'être portée comme une princesse, Lythrana se dégagea immédiatement de l'emprise de son frère.

- Pas de merci? demanda Nymfrein.

Épuisés, les jumeaux décidèrent d'arrêter le duel.

- Arrête de te lamenter et dit plutôt bravo à nos deux victorieux, dit Lythrana en fixant Azéna et Tyrath.

- Vous êtes chanceux qu'elle n'est pas blessée, grogna Zurof en fusillant Azéna et Tyrath de son regard perçant.

- Gah, ne l'écoutez pas, dit Lythrana. Il a une humeur dévastatrice.

Nymfrein aida Jerya à se relever tandis que Zurof et Tyrath se posèrent près d'eux. Zurof se précipita pour examiner Lythrana en ignorant le reste du groupe.

- Ça va Zurof, dit Lythrana avec irritation. C'est une session d'entraînement. Il est donc normal que je me fasse mal.

- Hmph, grogna Zurof.

- De toute façon, votre performance était excellente, complimenta Lythrana en s'adressant à Tyrath et Azéna.

Fier de lui, Tyrath ne put s'empêcher de bomber le torse ce qui fit rire Azéna et Lythrana. Zurof le fixa avec une rage qui pétillait clairement dans ses pupilles.

- Oui, dit Lythrana. Bien joué, Tyrath. Vous êtes à peu près prêt, mais de la pratique ne fait jamais de tort. Alors, on continuera comme ça pour le reste du temps.

- D'accord, dit Azéna. À demain soir.

Tyrath prit son essor en se propulsant avec force grâce à ses puissantes ailes et ses solides pattes arrière. En peu de temps, les deux compagnons se retrouvèrent au-dessus de l'académie. La lune ainsi que les étoiles prenaient place dans le ciel. La lune étaient argentées. La saison du ruisseau était la saison préférée d'Azéna et Tyrath car, elle faisait partis d'eux puisqu'elle donnait du pouvoir à l'élément du vent.

- Mêmes les personnes aux apparences les plus dures peuvent s'avérer tendres, dit Tyrath.

- Pourquoi dis-tu cela? questionna Azéna.

- Jette un coup d'œil en direction des jumeaux, répondit-il en souriant malicieusement.

Azéna dû plisser les yeux pour bien les voir. Elle donna une petite tape sur l'épaule de Tyrath et celui-ci s'immobilisa tout en gardant son altitude.

- Sont-ils en train de s'enlacer?

Elle avait de la difficulté à le croire. Voir Lythrana donner un câlin à son frère était bizarre, surtout qu'ils ne se lâchaient pas depuis un moment.

- Bah oui, dit Tyrath. Et, alors?

Azéna, scandalisée par la réaction banale du dragon, le regarda avec des yeux écarquillés.

- C'est son frère.

- Allons, dit Tyrath, ce n'est pas parce que tu as une mauvaise relation avec le tien qu'elle n'a pas le droit de lui démontrer son affection.

Azéna pouffa de rire.

- Même toi, continua Tyrath, tu as un côté tendre, que tu ne le veuilles ou non.

Azéna ne répondit pas. Elle refusait d'avouer qu'il avait raison, encore une fois. Son côté tendre, elle l'avait laissé échapper hier soir en raison de l'élixir de Fayne et s'en n'était trop pour elle.

- Ça va. Ramène-moi à ma chambre.

Tyrath la déposa à la fenêtre de sa chambre et disparut dans la noirceur de la nuit. Azéna était habituée à voir Fayne en train d'étudier, mais cette-fois, elle dormait. Avec lenteur et délicatesse, elle déposa ses affaires au sol et se dirigea vers son lit pour y trouver un plateau débordant de nourriture servie à température ambiante. Sur un petit parchemin était inscrit un message. L'écriture était sans doute celle de Fayne :

Puisque tu n'as pas mangé pour souper, je t'ai emporté un repas parce que je sais que tu vas avoir faim lorsque tu vas revenir de ton entraînement. J'espère que ça s'est bien passé.

Azéna se surprit à fixer le parchemin avec un petit sourire idiot au coin des lèvres. Personne ne faisait ce genre de chose pour elle sauf Fayne. À ce moment, elle réalisa que la famille n'était pas toujours de sang, c'était celui qui était le plus proche de son coeur.

- Merde, se dit Azéna, secoues-toi un peu. Ne devient pas molle.

Elle mangea avec un sourire jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien et alla se coucher.

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