Hommage
Tu sais, mourir ne sert a rien.
Maman aujourd’hui si je t’écris, c’est pour te dire mon souci. Un peu de ton absence est une infirmité. Si le monde a mal tourné, c’est pas à cause de toi. Tu connaissais déjà la fin. T’aurais jamais dû t’en aller, j’voulais garder mon blouson, m’ont foutu en prison. Il faut plus fumer, il faut pas déranger. T’aurais dû rester là. L’absence a des torts que rien ne défend.
Ils m’ont piqué ma ceinture, mes lacets, toutes mes fringues. J’deviens de plus en plus dingue… J’suis jeté, balancé, roulé, blackbaboulé, tout éclaboussé, désarticulé. Recroquevillé, prêt à dévisser, attendant le moment de planer. Quand la guitare sèche m’enfonce ses flèches, d’un éclat de musique blessée, j’ai l’idée d’un parking solitaire. Je déraille ahuri dans l’allée, j’avais rêvé si fort d’un autre décor pour ma mort.
Dis pourquoi tu ne me parles pas ? Tu le sais j’ai besoin de ta voix. Moi je n’ai plus rien à dire.
Si tes mains pouvaient toucher mon cœur, elles sauraient dire le parfum des fleurs.
Un secret crie tant de vérités, mais qui les entend ?
Toi qui sais ce qu’est un rempart, tu avances sous les regards courroucés pour mieux étouffer le sillon des larmes que j’avais laissées. Je le sais je m’y prends bien pour gâcher ces petits riens. J’ai trop peur de mourir avant la fin.
Revenir en arrière, je ne pourrais jamais. À force de souffrir, je suis devenu méchant. Je sais bien que les oiseaux perdus, ne reviendront jamais. Mais notre vie n’est pas foutue, faut pas qu’on s’habitue. Réveille-toi ! Debout ; Tiens-toi droit ! On va leur montrer qu’on peut tout changer. Ça sert à quoi : tout quitter quand tout est là ? C’est en brûlant sa vie qu’on va au paradis.
L’amour te porte dans tes efforts, l’amour de tout délie les secrets. Je le sais depuis longtemps, l’amour est innocent :
Dans ses rêves elle me fait l’amour au milieu des oiseaux. Quand elle se lève, entre ses lèvres, pour tout me raconter elle cherche ses mots. Petite brune enroulée d’un drap, fille enfant du prophète roi, elle a les yeux couleur d’automne. La première fille de ma vie, je ne lui avais rien promis. Je me souviens qu’elle avait ri de mes débuts dans un lit. Mes faux pas me collent à la peau, je ne suis pas un héros.
Faut pas croire ce que disent les journaux. J’aimerais tellement m’accrocher, prendre un chemin. Mais je n’peux pas, je n’sais pas. Et depuis longtemps déjà, je reste planté là.
Je voulais te prévenir, mais je gardais tout pour moi, j’avais trop peur des lois.
Le reste n’est qu’histoire ancienne qui ressemble à un aveu. Aujourd’hui la vie que je mène, c’est la seule chose qui gène. Chemise cousue sur mesure, au milieu des glaces, des pierres et des strass, la tête vidée, j’ai toujours vécu pour ce qui scintille. Il vaudrait mieux que j’me taille avant d’me retrouver sur la paille. Laisse glisser les mauvais regards et, les yeux grands ouverts, attends la pluie. Le ciel enterre un soleil qui meurt. Ils voudraient sous la menace, te fondre dans la masse pour t’étouffer.
Le pied par terre, je vois tout autrement. Je parle et je me perds. Pleure pas, crie pas. Ne te laisse pas vieillir. Tu te lèves en silence pour mieux me protéger. Ça fait longtemps que t’es partie.
Tout ce qu’elle peut dire sur moi c’est du vent. Tout a commencé par une erreur. Quand je vois défiler ces enfants, une illusion de trop, croire que tout est beau. Le jour on est tranquille. Le soleil veille sur tous ses enfants. J’ai tendance à faire des misères à qui j’aime trop. Au grand loto de l’univers, j’ai pas tiré l’bon numéro. J’ai toujours confondu la vie. Sous les éclairs des couteaux, glissent les lames le long du dos. Elles ont la peur sur leurs visages ruisselants. Si tu restes, il faudra t’y faire : La vraie lumière n’est pas celle du vitrail. Des lianes nouées de tresses étouffent un peu plus les cris d’amour. Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ?
Je suis triste comme une pierre, en amour, j’suis pas une affaire. Difficile d’appeler au secours.
Prends-moi au creux de ton corps et dans un dernier espoir j’voudrais voir le monde à l’envers.
Qui pourra remplacer le besoin par l’envie ?
Qui ose dire qu’il peut m’apprendre les sentiments ? Qui a le droit de m’interdire d’être vivant ?
Quand les cris de femmes s’accrochent à mes larmes je sais. Et je me dis qu’elles rêvent mais ça leur fait du bien. Prisonnier de la nuit, de ce corps meurtri à coups de poings dans l’âme, j’ai trouvé la trame qu’il faut.
Ça faisait longtemps déjà que je voulais te dire ça. Mais je n’osais vraiment pas, de peur qu’on ne me croie pas.
Et tu voudrais recommencer, tu as moins peur de tes souvenirs. Un silence lance des pierres aux étoiles, une averse perce comme une illusion. Le programme ne changera plus jamais. Mais la mémoire survit. J’peux pas changer mon destin. T’as toujours l’air de penser que j’ai des ailes.
Je m’attache, je m’assèche, même les hommes pleurent.
Ne tremble pas. Ta force c’est ton droit. Ne la porte pas comme on porte un fardeau. J’veux que toutes les nuits, quand tout l’monde dort tranquille, on frappe au hasard.
Alors c’est la panique sur les boulevards ! Qui est-ce qui viole les filles dans les banlieues-dortoir ?
J’suis fatigué. Je vis sur les genoux. Moi, j’en ai pris un coup. J’deviens fou.
Toute la misère du monde n’est rien à côté d’un adieu. Et pourtant je veux vivre sans blesser tous ceux que j’aime. Contre le passé y a rien à faire.
J’ai plus de papier rayé et les mots penchent vers toi. Tout s’effondre. Tu me plais beaucoup quand tu te pends à mon cou. Je t’aime définitivement.
De vous à elle en passant par moi. Ça ne vous regarde plus.
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