5 - Éloïse

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Comme promis, Vincent et Ariane reviennent quelques jours plus tard pour nous préparer à la descente dans un gouffre. Ils nous équipent avec casque, baudrier, et nous nous entrainons à monter et à descendre le long d’une corde. Thomas se lance le premier, il est assez courageux. Puis j’y vais, histoire de montrer que les filles sont aussi fortes. J’ai extrêmement peur quand je sors par la lucarne, mais Vincent me regarde et m’encourage avec ses beaux yeux et j’oublie le danger. Une fois en bas, je suis contente, rassurée et prête à recommencer.

Ensuite, ce sont les exercices pour remonter. Là, c’est un peu dur et fatigant, mais Vincent nous aide en nous hissant avec la corde de sécurité. Finalement, nous nous sentons prêts et impatients de descendre dans une vraie grotte.

Nous sommes très excités en montant dans la camionnette et encore plus en arrivant au bord du gouffre, après avoir franchi une barrière, sur laquelle un panneau affiche : « Gouffre de Pechelote — DANGER – Accès interdit ». Cet immense trou noir d’où sort un air froid est un peu effrayant. Nous nous taisons pendant qu’ils attachent solidement les cordes. Le copain de Vincent descend, puis c’est à notre tour. Nous gardons tous le silence, très impressionnés par la profondeur de l'abime, le temps très long de la descente puis par la petite voix lointaine qui remonte d’en bas. Nous avons un moment d’hésitation, sans oser nous regarder pour ne pas montrer notre peur ni la lire dans les autres yeux. Comme je préfère foncer plutôt que d’attendre, je dis que je commence.

Ils me conduisent au bord du précipice et me disent de me laisser descendre, comme à l’exercice. Je ne suis pas du tout rassurée, mais je leur fais confiance et je me lance. Ne pas regarder en bas, ont-ils bien conseillé. Je ne peux pas m’en empêcher : c’est sacrément profond ! Je descends quand même. Quand mes pieds touchent enfin le fond, que je me détache, aidée par leur ami, je suis trop contente et trop fière de moi. Je crie vers le haut que c’est facile, qu’ils se dépêchent !

Bientôt, nous sommes tous en bas, sur le tas de pierres de l’éboulis du gouffre. Vincent nous explique qu’il y avait une grande cavité ici, avant, creusée par l’eau dans la roche, et que le plafond s’est écroulé, ouvrant le précipice. Nous sommes sur ce plafond effondré et maintenant, nous allons descendre au fond de l’ancienne salle, pour voir la rivière. Sur leur ordre, nous allumons nos lampes et, à la queue leu leu, nous descendons du tas de pierres vers l’entrée de la grotte, qui est devant nous, comme une bouche ouverte.

Le passage est étroit et il faut ramper dans la terre et la boue. Nous pouvons ensuite nous redresser. Vincent nous dit que les adultes doivent marcher avec la tête baissée, car il y a des chauvesouris et qu’il ne faut pas les déranger. Du reste, la forte odeur, ce sont leurs crottes. Je baisse quand même la tête, parce que, franchement, avoir une chauvesouris accrochée aux cheveux, malgré le casque, ne me tente pas. Nous progressons sur un sol à peu près plat. Quand nous entendons de l’eau couler, Vincent nous dit que nous approchons. Soudain, il n’y a plus de plafond, car nous venons de pénétrer dans une salle immense, avec des stalactites, des stalagmites. Vincent nous regroupe et nos lumières éclairent un paysage magnifique. C’est la première fois que nous visitons une grotte. Vincent le sait, car on le lui a dit, et il nous laisse nous exclamer devant ce spectacle scintillant. Fatine ne trouve plus ses mots, c’est dire ! Quand nous commençons à nous calmer, il nous propose d’avancer un peu plus loin. Nous arrivons sur un replat, en bordure de la petite rivière qui coule en contrebas.

Il nous fait assoir, puis nous demande d’éteindre nos lampes. Il n’en reste qu’une, qu’il place dans notre dos. Il nous dit de faire silence. Nous sommes dans la pénombre. Nous entendons seulement le murmure de la rivière et les plics plocs des gouttes qui tombent. Petit à petit, la magie s’installe. Nous sommes devenus la grotte elle-même, toujours pareille depuis des millénaires, avec ses concrétions qui poussent si lentement. Tout se ralentit, tout s’arrête. Puis Vincent et ses amis allument plein de lampes qu’ils ont apportées. Tout se met à briller, les gouttes accélèrent, la grotte est devenue vivante. Et nous, nous sommes transportés, emportés par cette grotte. Vincent nous dit simplement qu’ils ont voulu nous montrer cette magie et le besoin de la retrouver quand on l’a vécue une fois.

Nous remontons, tristes de quitter ce lieu et pleins d’images inoubliables dans la tête. En haut, dans la chaleur retrouvée, je les embrasse tous, pour les remercier. Je termine, très longuement, par Vincent. Je ne l’avouerais jamais, mais sentir sa petite barbe piquante sous mes lèvres, ce beau visage, me retourne complètement. Quel jour magnifique, que de belles découvertes !

Le souterrain m’a fait peur, j’ai eu l’impression d’être coincée, d’être à la merci du moindre incident. Dans la salle souterraine, je n’ai jamais eu cette impression. Au contraire, j’ai trouvé cette expérience extraordinaire. J’ai hâte de recommencer à faire de la spéléo, surtout avec Vincent ! (Je rigole !)

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