Chapitre 48 - Distance

10 minutes de lecture

J'arrivais à la résidence en voiture. Mahiru m'avait raccompagné. J'avais suffisamment récupéré pour marcher seul. Quelle fut ma surprise lorsque je vis une silhouette familière marcher devant moi dans un couloir. S'aidant d'une canne de sa seule main, il s'appuyait contre le mur avec son avant bras invalide. Il tentait de regagner son fauteuil roulant. Je préférais éviter de le déranger, il avait concentré dans cet effort qui a ce que je voyais était douloureux pour lui. J'étais contente de voir que son état s'améliorait, c'était encourageant. En me rapprochant, je vis quelqu'un d'autre derrière son fauteuil. Il s'assurait d'avoir bloquer les roues et securisait Kai.

C'était Kazuma. Un sourire s'affichait alors sur mon visage en le voyant. Je l'interpellais alors accompagné d'un petit signe de main :

  • Kazu-chan

Il m'acorda un signe de tête et une breve esquisse de sourire. Je n'allais pas les déranger tout les deux, j'étais contente de voir qu'ils avait pu recrée un lien. Je lui souris également et continuais mon chemin pour aller dans mon bureau. J'y trouvais papa derrière son bureau. Hajime était à ses côtés. Ils riaient d'un sujet quelconque. Mon regard s'assombrit a la vu d'Hajime, comment pouvait-il rire avec Papa en sachant ce qu'il avait fait à maman.

  • Bonjour Papa, Hajime ....
  • Bonjour Mlle.
  • Bonjour Rose, je suis content de te savoir de retour.

Hypocrite, pensais-je.

  • Moi aussi Papa

J'avais dit à Kazuma que j'allais régler cette affaire une fois rentré et c'est ce que j'allais faire.

  • Hajime ?

Je le vis se raidir et faire mine de rien.

  • Oui, Mlle ?
  • J'aurais besoin de te parler tout à l'heure tu pourrais venir me voir ? Et tu n'as pas besoin de te presser prends tout ton temps dis-je avec un sourire en repartant du bureau.

En fermant la porte j'entendis papa demander s'il était arrivé quelque chose. C'est toute satisfaite de mon œuvre que je me dirigeais tranquillement vers ma chambre. J'aurais bien aimé parler à Kazuma, mais en revenant sur mes pas, je ne le vis plus, Kai avait regagne son fauteuil, Mikoto sur ses genoux. Je me disais que c'était une bonne occasion de le saluer lui et son fils et pourquoi pas discuter un petit peu.

  • Bonjour Kai, Mikoto
  • Moi je m'appelle Mikoto tout court.
  • Bonjour Mlle.
  • Je suis contente de voir que tu recommences à retrouver tes capacités motrices. C'est réconfortant à voir.
  • moi aussi. Les médecins sont confiants.
  • les médecins ? Ce n'est pas Saki ...

J'etouffais ma propre question dont la réponse évidente devait être difficile à vivre pour leur famille.

  • Et hum ... J'ai vu que vous aviez renoué un peu le contact avec Kazuma, enfin c'est l'impression que eu quand je vous ai vu tous les deux.
  • J'ai parfois l'impression de faire fuir Mlle. Je suis content de voir que je peux renouer avec quelqu'un.
  • Pour moi ce n'est pas le cas, ça me fait toujours plaisir de discuter avec toi.

J'étais contente de voir que lui comme Kazuma arrivais a faire un pas en avant.

  • Merci Mlle.
  • papa, on peut aller dans la cours s'il te plaît ?

Je lui souris, les saluais pour continuer mon chemin quand je compris que Mikoto commençait à s'ennuyer. Maman m'avait tenu informé de l'avancée de nos agissements. Avec l'extermination de nos anciens alliés, il me fallait trouver d'autres fournisseurs, et pour éviter ce genre de désagrément, je voulais que tout reste dans notre famille. J'allais bien trouver quelqu'un qui allait pouvoir gérer ça au sein du clan, mais je manquais de recul, j'espérais pouvoir avoir des conseils de la part de Kazuma. Je déambulais dans la résidence à sa recherche, en vain. Il était partit. Il ne répondait ni aux messages, ni aux appels. Peut-être était-il occupé, je savais que ça pouvais lui arriver de ne pas répondre quand il était pris par quelque chose. Si ce n'était pas pour maintenant, j'allais avoir l'occasion de le voir soit au repas ou en fin de soirée, rien ne pressait. Ce qui m'étonnait tout de même était que je ne l'avais pas envoyé en mission et personne ne m'avait mentionné un quelconque travail de sa part. Impossible que ce fut son emploi, Kazuma travaillait à l'accueil de l’hôtel, notre couverture.

Il prévenait toujours quand il partait. S'il ne m'avait pas parlé de son départ, j'espérais qu'il l'ai fait auprès de quelqu'un. Ma première pensée fut pour Mahiru, mais je supposais qu'elle m'en aurait parlé si tel était le cas. De plus, je savais que Kazuma m'aurait lui même dit quelque chose. Comme je le pensais, je le vis assis au bord d'une table dans notre restaurant. En allant chercher mon repas, je lui fis un signe de la main et m'assis à ses côtés.

  • Kazu-chan.

J'étais contente de pouvoir être à ses côtés. Un miliers de chose traversaient mon esprit et je voulais lui en faire part.

  • Mlle,

Il se leva et quitta la salle sans plus de mot, mon souffle se coupa. Mon cœur se serra brutalement et une boule au ventre me resserais l'estomac me coupant l'appétit. Aucun son ne sortit de ma bouche, quand je voulu le retenir. Je compris que quelque chose avait dû arriver, et qu'il reprenait ses distances pour ne pas me blesser. Saki vint à mon secours en s'asseyant à côté de moi. Un léger sourire s'affichait sur mon visage, quand je la vis s'installer à côté de moi. Je passais le reste du dîner avec elle et essayais de répondre tant bien que mal a la discussion qu'elle m'avais lancer pour ne pas sapper l'ambiance mais je ne pouvais m'empêcher de penser au vide que j'avais ressenti la première fois que Kazuma c'était comporter comme ça. Avec la ferme intention d'en parler avec Kazuma et de me montrer ferme et clair à ce sujet, je finis de manger. Saki et moi quittions la salle, toujours portée par notre discussion.


Après avoir discuté encore une dizaines de minutes, nous nous souhaitions une bonne soirée et partîmes chacune de notre côté. Arrivé devant la chambre de Kazuma, je toquais alors à la porte.

  • Kazu-chan, c'est moi, j'ai besoin qu'on parle.
    Ma voix sèche ne laissait aucune place à l'interrogation. C'était une obligation. Cependant, je n'obtins aucune réponse. J'enclenchais alors la poignée pour tenter d'ouvrir la porte. S'il ne me répondais pas j'allais forcer le passage. Il était dos à moi, des écouteurs enfoncés dans les oreilles. J'étais vraisemblablement entrée au bon moment puisqu'il venait juste d'enfiler son pyjama.
    Je refermais la porte derrière moi et avançait vers lui bien décidé à parler avec lui de son pseudo comportement protecteur. J'étais juste derrière lui. Pourquoi ne me voyait-il pas ? Je compris qu'en réalité il m'avait vu. L'instant d'après il s'était glissé dans mon dos en me retournant le bras, près à me faire basculer au sol par son pied entre les miens. Il lâcha prise et se débarrassa de ses écouteurs.
  • Qu'est-ce que tu fais là !
  • Je suis venu te parler ! Je peux savoir pourquoi tu réagis encore de manière distante ?
  • Je te protège, Rose. Et si pour ça je dois quitter la famille : je le ferai !
  • Quoi !? Mais c'est ridicule ! Je ne suis plus une enfant qu'on a besoin de protéger ! Arrête d'agir par égoïsme !
  • Il y a même pas trois minutes j'aurais pu te casser le bras parce que tu t'es glissée derrière moi. Te casser le bras !
  • Tu aurais pu, nuance ! Tu l'as lâché avant de faire quoi que soit !
  • Oui. Parce que je t'ai reconnu et que je ne veux pas te blesser ! A une seconde près, en fonction de la lumière, des positions, des vêtements, de l'urgence de la situation, j'aurais pu faire plus que te casser le bras. Tu veux des détails ? J'allais te casser le bras, te déstabiliser pour te mettre à terre et je me serais assis sur tes poumons. Ca te va ? Faut peut-être que je te décrive ce que t'aurais pu ressentir pour que tu comprennes que j'allais te tuer !

Il m'entraina vers la porte de sa chambre. En le sentant me poussé pour sortir de sa chambre, je m'aggripais a un de ses bras, plantant même mes ongles dans celui-ci pour ne pas le lâcher.
Il libéra son bras en le secouant de quelques coups secs, la marque de mes griffes striaient son biceps. Comme je m'accrochais vivement, sa libération ne fut pas sans conséquence et je reçu un coup dans les flancs.

  • Rose !

Je fis quelques pas sur les côtés en y passant mes mains.

  • C'est pas grave ... je vais bien, c'est rien, je t'assure .... Tu vois, je vais bien, dis-je en écartant les bras afin de lui montrer que je n'avais plus rien.
  • Il te faut quoi de plus pour voir que je suis dangereux ? Même quand je fais tout pour ne pas te blesser j'arrive à te faire mal !
  • Mais je n'ai rien ! Tu n'as pas fais exprès...
  • Ça suffit. Sors de cette chambre s'il te plaît.
  • Non ... Kazuma s'il te plaît, je te dit que j'ai rien ... je vais pas pouvoir le supporter encore une fois ....
  • Tu n'as pas rien ! Je veux à tout prix te protéger mais j'y arrive pas ! Si tu ne veux pas sortir, c'est moi qui part.

Prise de panique, je m'interposait entre lui et sa porte de chambre.

— Tu n'a plus a me protéger ! Plus comme avant ! Moi aussi je n'ai pas envie de te blessé, je n'ai pas envie de faire les même erreurs. Il y a encore tant de choses que je veux vivre avec toi… Tant de moments que je veux partager… parce que je t'aime Kazu-chan…

  • Moi aussi je t'aime... je ne sais pas comment te faire comprendre que j'aurais pu tuer Kai, que je l'ai laissé pour mort. Que si nous avions été seul j'aurais envoyé mon point dans la figure de Renjiro. Qu'en voyant Sorata j'étais tellement en colère que j'allais l'éventrer. Qu'en te voyant inconsciente j'ai cru que tu étais morte et j'ai exterminé nos ennemis.
  • Arrête de me répéter ça ! Si tu tient tant a me protéger comme tu le dis explique moi pourquoi tu est revenu vers moi ? Pourquoi tu est resté a mes côté alors que tu te dis dangereux !? Pourquoi tu m'a dit que tu m'aimais !? Pourquoi tu .... tu ...

Ma tête commençais a me faire mal. Cela faisait plus d'une heure que l'on argumentait l'un et autre, et peut importe ce que disais, je n'arrivais pas à le raisonner. Je n'y arrivais plus. Ma colère montait de plus en plus que j'en perdais mes mots.

  • C'est pour ça que je m'éloigne. Pour ne pas être à tes côtés et te protéger, parce que je t'aime.

Kazuma passa la porte de sa chambre.

  • Kazu-chan ! Je t'attendrais ! Aussi longtemps qu'il le faudra !


Je partis à sa suite, tentant encore de le rattraper. Mais il disparu a un couloir, ma gorge se noua quand je ne le vis plus. Je me laissait glisser contre le mur du couloir, le visage embuée de larmes. Lorsque retentirent des éclats de voix, je pensais le rejoindre. Mais c'était une dispute opposant Saki et Kai.

  • Tu sais ce que je crois ? Que tu préfères ton frère Mikoto à ton fils Mikoto, que tu préfères Masahiro à ta couple, que tu préfères ton intégrité à moi et que notre relation repose sur un mensonge. J'ai toujours été honnête avec toi ! Tu sais que Kikyo-gummi a tué mes parents et que c'est par vengeance que je l'ai intégré au départ. Je risque al mort pour ça, mais toi... tu me caches délibérément l'existence d'un frère qu'on aurait éloigné tous les deux de ce milieu !
  • Oui je suis au courant, je sais que tu en veux a Yasuhiro Nokuro ! Mais maintenant il est mort et enterrée, a part t'en prendre a Mlle je vois pas comment tu veux te venger ! Ça fait 15 ans, Saki ! Et je crois que t'a quand même réussi a t'attacher a elle, a cette famille non !? Et pour ta gouverne non je délaisse pas notre fils, ni toi dailleur ! J'aime Mikoto de tout mon être comme toi d'ailleurs ! Oui, j'aurait autant préféré que mon frère ne revienne pas et que tu n'apprenne jamais son existence mais trop tard c'est fait ! Je t'ai laisser du temps pour digérer ça ! C'est toi qui t'es éloigné ! Toi qui à coupé tout liens ! J'ai essayé, j'ai vraiment essayer de revenir vers toi, mais regarde toi, tu fuis a chaque fois que j'essaye de discuter de ce sujet là ! J'en peux plus, ça fait 6 mois ! Six putain de mois que c'est comme ça Saki ! Comment est-ce que je peux te faire comprendre que je suis désolé !!? A part me faire reproche, depuis six long mois, tu ne fait rien, t'arrive même pas a avancé !
  • Pardon ? Tu me connais donc si peu ... Tu penses que j'ai encore en vie de m'en prendre à cette famille ?

Il y eut un bruit confus, quelqu'un fouillait quelque chose.

  • Je pense qu'on a plus rien à se dire maintenant. Tu viens d'avouer toi-même que tu comptais me mentir jusqu'à la fin. J'ai essayé de te comprendre pendant ces six mois, visiblement ce n'est pas ton cas.

Je me cachais derrière la première porte possible lorsque je vis Saki ouvrir la porte de la chambre de Kai.

  • Si c'est pour te protéger toi et notre fils, c'est ce que je ferais ! Mais apparemment c'est trop compliqué à comprendre !

Sa dernière réplique resta sans réponse. Les pas de Saki raisonnaient dans le couloir, décidé à ne plus y retourner. Après avoir vérifié que Saki s'était assez éloigné de moi, je pu sortir de derrière la porte où je m'était caché. J'avais encore surpris une conversation et j'avais pu constater que malgré le temps, leur relation s'était gravement dégradé.

Annotations

Vous aimez lire Ju_Juice ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0