1.2 - L'observation

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Quelques millénaires avant le réveil d'Adam

Sur une planète qui accueillait un peuple encore désireux d'explorer l'amer vide de l'espace, une équipe de scientifiques juchés sur les épaules géantes de ses prédécesseurs était sur le point de faire un grand pas en avant, matérialisant ainsi le rêve de chaque scientifique : Saute-mouton.

— Professeur, nous avons d'excellentes nouvelles à vous communiquer à propos des dernières investigations exo-planétaires. Avez-vous un peu de temps pour regarder les chiffres ?

— Eh bien, ce n'est pas tous les jours que je vous vois autant enthousiasmé par l'exobiologie. Ça doit être intéressant. Montrez-moi ce que vous avez.

— Sur les cinq systèmes que nous avons étudiés cette semaine, un seul contient quelque chose d'intéressant et que, je pense, vous apprécierez. Voici le rapport, dit-il dit en remettant quelques notes, sur les quatre planètes telluriques orbitant MR17487GU : une étoile de la séquence principale en milieu de vie. Comme toujours, nous avons d'abord cherché une distance entre planète et étoile qui serait compatible avec la vie, mais il n'y avait rien de valable. Au contraire, nous avons constaté que la planète juste hors de portée répondait avec un spectre très étrange. En fait, lorsque le spectrogramme est sorti, nous pensions que l'appareil avait mal fonctionné avec un zoom complètement faux. Regardez.

Contrairement à un spectrogramme normal qui afficherait des pics spécifiques à chaque élément atomiques, celui-ci est presque une ligne plate, comme si la planète n'était composée de rien en particulier.

— Je suppose que vous avez recommencé la mesure, demanda le professeur dubitatif. Et j'espère avec un autre spectromètre. Et le résultat était le même, n'est-ce pas ?

La seule réponse fut un hochement de tête enthousiaste de son assistant.

— Hum... Une absence de pics qui a provoqué un zoom vertical inattendu de l'appareil. Hum ... Je vois que c'est vraiment bizarre; c'est bien la première fois que je tombe sur une analyse spectrographique qui me prouve qu'un objet n'est absolument composé de rien... Il continua, plus lentement mais avec une voix de plus en plus forte. Et cela me fait me demander pourquoi j'accepte toujours d'être entouré de DÉBILES !!!, cria-t-il finalement.

— Mais, professeur ...

— Mais quoi ? Ne réalisez-vous pas qu'il doit forcément y avoir au moins un pic spécifique à un atome ou peut-être à une molécule, poursuivit-il, toujours contrarié. Avez-vous pensé, ajouta-t-il plus doucement, à élargir la gamme de fréquences à vérifier ?

Il s'arrêta ensuite un long moment, ne regardant rien en particulier. Légèrement calmé, il soupira enfin et reprit.

— Cet élément, qui compose la planète, doit être très inhabituel pour être en dehors de la gamme de spectre normale. Et, à condition que la mesure soit reproductible, c'est quand même une découverte.

Il avait l'air content de lui.

— Nous avons besoin d'un nom pour chaque découverte. Hé, je sais, continua-t-il positivement excité cette fois-ci. Je pourrais appeler ça la matière noire. C'est un peu abusif, mais ça correspond bien au spectre noir aux fréquences normales, n'est-ce pas ?

Et il prit de nouveau conscience de l'équipe d'étudiants qui l'entourait.

— Quoi ? Pourquoi vous me regardez comme ça ?

— Le fait est, déclara avec hésitation le plus âgé des étudiants, que nous avons vérifié avec tous les appareils à portée de main et que nous avons également élargi la gamme de fréquences. Et le résultat n'est pas noir ... Il est blanc.

— Que voulez-vous dire ? Trancha le professeur.

— Il n'y a pas de pics significatifs car il n'y a pas de vallées significatives. C'est du moins ce qu'il semble. Nous pensons que cette planète est composée d'une myriade d'éléments chimiques, de sorte que toute fréquence unique vérifiée par le scan se trouve être la fréquence de résonance de certains éléments. Et en fait, comme vous l'avez suggéré, ce fait est évident lors de l'extension de la gamme aux fréquences rarement étudiées. Il montre alors en effet peu de réponse qui contraste avec le milieu qui...

Coupant l'élève, le professeur s'écria :

  • Je suis un génie ! J'ai trouvé une vie extraterrestre ! Wooowoooo !

— La vie ? Nous pensions juste...

— Vous ne comprenez pas ? Une planète composée de tant d'éléments qu'elle répond sur toutes les fréquences ne peut pas être naturelle. Ce doit être la vie qui a créé une telle diversité.

Les étudiants se méfiaient comme d'habitude de tout changement d'humeur de la part de leur professeur, mais certains d'entre eux commençaient à comprendre son raisonnement.

— Eh bien, je vais directement au Sénat pour annoncer ma découverte et demander immédiatement des moyens d'étude et bien sûr de transport.

— Vous voulez aller sur cette planète ? Si tôt ?

— Pas moi ! Les sondes, dit-il dédaigneusement. Nous devrons bien sûr y regarder de plus près. Ma percée attirera tous les scientifiques ... Et en fait tout le monde.

Il ne pouvait s'empêcher d'afficher le plus grand et le plus stupide des sourires qu'il ait jamais réussi.

— Oh ! J'oubliais presque. Vous feriez mieux de commencer à étudier l'effet Doppler, parce que j'espère vraiment avoir des sondes avec des moteurs rapides et je ne veux pas que les mesures soient affectées. Nous devrons intégrer aux sondes un spectromètre auto-réglable qui peut supporter à la fois une forte accélération et la moitié de la vitesse de la lumière. Allez les gars ! C'est votre chance d'associer enfin votre nom au mien ! Allez allez ! Et en attendant, je me dirige vers le Sénat - et vers la gloire.

Il sortit du laboratoire, souriant largement et commença à penser à plusieurs noms possibles qu'il pourrait donner à cette petite planète bizarre. « L'étoile noire » serait trop bizarre, «Poussière» ne ferait que montrer un manque d'imagination. Proposer mon nom de famille serait présomptueux. Le nom du haut sénateur ne mérite pas cet honneur, mais il pourrait me faire des faveurs.

Alors qu'il avait bien saisi la possibilité que cette planète abrite la vie, il était loin d'imaginer que la forme de vie en question pouvait être intelligente, voire dotée de la capacité de parler.

Je sais... je vais choisir un nom simple, classique et précis : NeoCentauria.

En fait, dans leur langue maternelle, les habitants avaient déjà des noms pour leur planète et leur espèce : la Terre et les humains.

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