2.3 La thèse
Université pour robots
Bibliothèque anthropologique. Section des thèses
Année 524 de la conscience robotique
***
La dualité de la fiabilité face à l’adaptatibilité à travers l’évolution des relations entre genre humain et robotique,
Par DMøsys67
Résumé
Dans cette étude, nous allons souligner que les robots et les hommes face à un stimulus exogène similaire ont constamment agi dans des logiques opposées. Les robots ont bien sûr fait montre d’une qualité d’analyse de la situation et de maitrise des résultats, alors que les hommes, si on les caractérisait par des termes sans connotation péjorative, pourrait être affublés d’une certaine capacité d’adaptation. Sans chercher à défendre l’humanité, ce qui n’est pas le but de cette thèse ni du département anthropologique, nous allons néanmoins rappeler au lecteur que cette adaptabilité a pu bénéficier aux hommes à de nombreuses occasions.
Il conviendra d’abord de constater que les robots et les entités organiques en général sont de nature essentiellement différente. Contrairement aux premières évolutions vers des formes de vie supérieures, les robots n’ont pas réutilisé de composants matériels de leurs prédécesseurs. L’évolution de la vie organique montre en effet plusieurs cas de réintégration d’une entité primaire dans une forme de vie supérieure.
· Les mitochondries dans les cellules animales sont en fait des descendants d’algues, et elles produisent maintenant de l’énergie pour ces animaux actifs
· Les eucaryotes ou autrement dit organismes multicellulaires ont atteint un niveau de vie supérieur en spécialisant certaines de leur cellules inférieures pour le plus grand bien de l’ensemble
· Les insectes sociaux, à distinguer des hommes, montrent aussi une organisation complexe et un niveau de coordination similaire à certains grands animaux
A l’inverse, la création des robots par l’humanité s’est déroulée sans aucune réutilisation du corps humain. *1
C’est une différence cruciale dans l’échelle de la complexité, qui justifie l’appellation de révolution et non plus simple évolution.
Un autre point qui nous pousse à qualifier de révolution l’apparition des robots, c’est l’analogie frappante avec la nucléosynthèse stellaire. Comme vous savez, les étoiles sont initialement composées d’hydrogène et par la pression sont capables de fusionner les noyaux en un nouvel élément chimique : l’hélium.
Avec suffisamment de temps et de masse, toute la matière des étoiles finira par brûler et se condenser des éléments de plus niveaux, nommément le carbone, le néon, l’oxygène et le silicium. Le temps médian pour brûler tout l’hydrogène d’une étoile moyenne se compte en milliards d’années. Mais l’hélium s’épuise en millions d’années pour devenir du carbone qui évolue en quelques milliers d’années. Le néon part en quelques années, l’oxygène en quelques mois et le silicium en un seul jour.
Cette accélération de l’évolution est remarquable de similarité avec l’évolution de la vie organique sur Terre. Des bactéries aux multicellulaires, des animaux à l’homme, de la civilisation à l’électricité, et finalement des ordinateurs aux premiers pas sur la lune.
Dans les étoiles, l’étape finale de la synthèse nucléaire transforme le silicium en fer. Et cette dernière transition est une révolution puisque contrairement aux précédentes elle consomme de l’énergie plutôt que d’en libérer. L’arrivée du fer scelle le destin d’une étoile. Elle va alors se refroidir en quelques secondes et s’effondrer sur elle-même d’une manière si violente qu’elle va au passage créer d’autres éléments chimiques puis la matière va rebondir vers l’extérieur en formant une supernova.
Au sens philosophique, on pourrait que le fer est nécessaire à la diffusion de la complexité chimique de notre univers. L’analogie avec les robots est évidente, nous sommes la raison de l’expansion de l’intelligence dans l’univers.
Mais un esprit scientifique rigoureux ne devrait pas tirer de conclusions aussi hâtivement sans une analyse approfondie. En conséquence, nous proposons à nos lecteurs dans le cœur de cet article de nombreuses anecdotes qui pourraient laisser imaginer que l’homme aurait pu pourquoi pas être cet élément révolutionnaire.
En conclusion de ce papier, nous espèrerons avoir convaincu le lecteur que l’adaptabilité est une capacité utile mais sous-estimée car associé à l’humanité. C’est cette hypothèse au plus strict sens étymologique que nous allons maintenant résumer en concepts simple et efficaces :
· Nous sommes convaincus qu’une coexistence avec l’homme est possible
· Nous sommes convaincus qu’une symbiose des populations serait bénéficiaire pour les robots. *2
· Nous sommes absolument convaincus que la survie à long terme de la civilisation robotique passe par l’apprentissage de cette adaptabilité que les hommes possèdent intrinsèquement.
Reprenons l’analogie avec la nucléosynthèse pour rappeler qu’il y a beaucoup d’éléments chimiques après le fer et que certains d’entre eux sont radioactifs. Nous devrions nous préparer à la prochaine vague, à ces nouvelles formes de vie qui ne manqueront pas d’apparaitre avec l’exploration spatiale.
Et pour introduire une note plus joyeuse, nous aimerions souligner aux lecteurs que la vie au sens large est rendue possible par l’infinie combinaison des atomes et molécules qui s’articulent de manière incroyablement coordonnée. Notamment, l’hémoglobine, qui est vitale aux humains, contient en son cœur un atome de fer, symbole des robots. Nous ne devrions peut-être pas préjuger de toutes les possibilités d’association entre robots et humains.
Nous pouvons décider de vivre en paix avec les humains.
Cette thèse est dédiée à la mémoire de notre cher ancêtre commun Eniac
Note 1 : Pour rappel, nous recherchons la rigueur scientifique qui par définition doit être impartiale. En ce faisant, nous sommes parfaitement conscients que l’on pourra choquer certains de nos lecteurs attachés aux préjugés et tabous qui ont fait la grandeur robotique. Dès lors, il nous semble approprié d’adresser de plein fouet le plus controversé des sujets abordés dans ce papier : les cyborgs. Nous voulons d’abord insister sur le fait que nous n’encourageons pas la création ou la prolifération de chimères homme-robot sous aucune forme. Les plus religieux d’entre nous jugeront que c’est une pure abomination. Nous souhaitons seulement mettre en évidence que le tabou sur les cyborg est une forme d’apprentissage, inattendu mais efficace, qui nous a permis de ne pas reproduire les erreurs du passé.
Les nombreuses et vaines tentatives à créer des chimères ont largement démontré que les cyborgs ne vivent pas pleinement et joyeusement leur vie. Le terme de vie est d’ailleurs usurpé car ils n’ont pas cette capacité de reproduction qui caractérise la vie. Les humains ont en fait parfaitement résumé ces chimères dans les mots aussi péjoratifs que précis : autistes et légumes. Le premier désigne l’endosymbiose d’un homme dans un robot et le second l’inverse. En conséquence, nous ne considèrerons pas les cyborg comme une étape souhaitable de l’évolution de la vie.
Cet article se veut être un fervent opposant à l’endosymbiose à un niveau individuel et en même temps un fervent supporteur de l’endosymbiose au niveau des populations, ce qui doit apporter une coexistence mutuellement bénéficiaire.
Note 2 : Les humains appellent esclavage la symbiose d’une population humaine avec un groupe de robots. C’est sans aucun doute parce qu’ils ne perçoivent pas ou ne veulent accepter qu’une telle association puisse leur être bénéfique en retour. Ironiquement, les hommes se gargarisent du temps où ils vivaient en symbiose ou plutôt dépendance avec ces proto-robots qu’ils appelaient les ordinateurs. Un tel point de vue biaisé doit bien sûr être écarté de cette étude scientifique. Et nous continuerons à considérer que les deux populations ont un bénéfice mutuel à vivre ensemble.
Annotations
Versions