pèlerinage
Nous commençâmes notre pèlerinage et longeâmes une petite rivière qui serpentait paresseusement entre les pins.
L’air était agréable malgré la fraîcheur qui régnait dans les bois.
Nous marchions dans un silence uniquement troublé par quelques rares explications de Dimitri à mon intention.
*
Plus tard, nous nous arrêtâmes devant un vieux chêne.
« C’était l’arbre préféré de Brice, commenta Vivien.
– On aimait se reposer ici, c’était notre havre de paix, poursuivit Dimitri.
– Asseyons-nous un instant. »
Nous l’écoutâmes et nous laissâmes la quiétude nous engloutir quelques instants. Nous ressentions la sérénité du lieu. Notre esprit vagabonda en regardant les pommes de pin ainsi que les quelques glands laissés par les écureuils ; en observant la danse des feuilles, certaines tourbillonnaient gracieusement avant de tomber au sol, rejoignant l'humus composé de mousse d'une palette de vert tirant de l'émeraude jusqu'à l'impérial en passant par le jade et la prairie, tel un nuancier d'artiste-peintre. Le soleil jouait à cache-cache entre les arbres : par endroits apparaissaient alors des rais de lumière ; les oiseaux chantaient une mélodie joyeuse et se répondaient. Nous fermions les yeux pour nous laisser bercer par le murmure d'un ruisseau au loin, s'imaginer les reflets des rayons dans l'eau claire, sentir le doux parfum du tapis de violettes et de coucous que nous foulions.
Malgré les circonstances, cet endroit gardait sa magie. Cependant, nous savions qu'un moment ou un autre...
Soudain, j'entendis des pas et décidai de rouvrir mes yeux. J'observai Dimitri confectionner un tumulus, au pied de l’arbre.
« Repose en paix Brice, toi qui fus un bon camarade. »
Vivien ajouta une poignée de terre avant d’enchérir :
« Je suis sûr que tu feras des parties de foot endiablées, là où tu es. »
Pour ma part, je pensais plus à Juliette et à sa mère qu’à Brice, mais ne laissais transparaître aucun indice sur mes pensées aux deux autres.
« Il est temps de repartir. Les parents vont finir par s’inquiéter, déclara finalement Vivien.
– On devrait rentrer.
– Allons-y. », conclus-je.
Le trajet du retour fut tout aussi silencieux et chacun rentra chez soi, mal à l’aise. Ces derniers événements avaient chamboulé la fin des vacances.
« Comment va mon petit ? m’accueillit maman.
– Je suis un peu fatigué, mais ça va.
– On va manger et ensuite tu pourras te reposer.
– C’est gentil maman. »
Je dormis une partie de l’après-midi, durant l’autre moitié je tentai de lire, sans grand succès…
Après le dîner et le film du soir, je regagnai ma chambre. J'espérais une nuit meilleure que la précédente mais je n’y croyais pas. La mère de Brice m’avait fait comprendre qu’elle se vengerait dès cette nuit…
*
Pour l’instant ça va, rien de bien méchant excepté les menaces. C’est maintenant que ça va se corser. Instinctivement, je me raidis. À quoi vont-ils me soumettre ? Que me réservent-ils ?
*
« Zlouuugh »
Je m’étais préparé au jump-look, mais pas au retour en arrière. Je me retrouvai avec la mère de Brice avant l’heure du dîner.
Dans sa ferme, Pauline trépignait d’impatience. Elle n’arrivait pas à se focaliser sur une activité depuis la visite surprise de Vivien, de Dimitri et du petit nouveau.
Elle avait fait la connaissance de l’assassin de son fils et ce petit con devait payer.
Comme c’est facile de rejeter la faute sur les autres.
Elle rongeait son frein depuis, attendant avec excitation le milieu de la nuit, où elle inviterait, contre son gré, Fabien à venir dans son repaire.
Bien sûr. Elle croit que je vais me jeter dans la gueule du loup ?
Elle utiliserait ses facultés pour convier l’adolescent au bar et ensuite, elle se chargerait de lui.
Quelles facultés ? Comment compte-t-elle s'y prendre ?
Je tournai dans mon lit, anxieux de connaître la suite des événements.
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