Chapitre 3

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Le lycée. Une épreuve pour tous les nouveaux élèves. La crainte de ne pas être apprécié par les autres et le désir de se montrer tout de suite avenant pour éviter que cela arrive. Cette vérité, Fanny Rita-Lans la connaissait. Seulement pour elle, être l'ancienne ou la nouvelle élève ne faisait aucune différence. Les deux dernières années ne l'avaient pas rendue plus charmante, et donc, plus populaire. En quittant la voiture, un léger hoquet s'échappa de ses lèvres tandis que son visage, déjà pâle, perdit toute couleur. Un groupe de filles - qu'elle ne connaissait que trop bien - attendait près des portes de l'établissement. Telle une fourmilière, la petite bande se serrait au point que ses membres en étaient indissociables. Pourtant, Fanny eut tôt fait de les reconnaître. La plus grande, à l'incroyable tignasse noire et aux yeux en amande, ne pouvait être que Sophie Calice. Et au centre du groupe, se pavanant comme une reine, Mathilde Randome imitait on ne savait qu'elle pauvre créature, première victime de la nouvelle année.

Lorsque le regard de celle-ci s'éloigna au-dessus de ses congénères, un rire méchant, accompagné d'un doigt accusateur, se fit entendre. Alors que les autres filles se retournaient vers Fanny, la concernée prit la main de Pia et s'éloigna aussi vite qu'elle le put, et le plus loin possible. Le souffle court, l'aînée des sœurs s'arrêta enfin, tandis que les protestations hébétées de la cadette continuaient.

- Mais enfin, Fanny, qu'est-ce qui te prend ?

La jeune fille enfouit son visage écarlate dans ses mains. Pouvait-il y avoir situation plus humiliante que celle d'être harcelée devant sa famille ?

- Ce n'est rien, murmura-t-elle lorsqu'elle eut reprit contenance. Il y avait trop de monde devant l'entrée. Nous allons passer par une autre porte.

Reprenant la main ferme de Pia alors que la sienne tremblait encore, elle emmena la nouvelle élève vers l'un des escaliers externes, menant aux différents étages du bâtiment. Ces escaliers, courant dans les plus grands lycées, avaient été installés dans l'optique de rejoindre plus facilement les salles de classe. Et dans le contexte où se trouvait Fanny, la jeune fille bénissait le syndicat des parents d'élèves pour avoir été à l'origine de ce vaste projet.

- Que dit ton emploi du temps ? lança-t-elle, une fois arrivées au premier étage.

Pia consulta le planning que le site internet du lycée avait diffusé une semaine plus tôt.

- Je suis en salle J016, répondit-elle en jetant des regards autour d'elle.

- C'est de l'autre côté, fit Fanny sans réfléchir. Ici, nous sommes à l'étage A, ajouta-t-elle plus posément devant le regard effrayé de Pia.

Fanny entraina sa cadette vers le plan du lycée le plus proche. Posant un doigt sur l'indication "Vous êtes ici", elle en posa un autre sur "étage J" pour montrer la distance séparant les deux lieux. Le bâtiment voisin, où se trouvait la salle de Pia, était relié au premier par une passerelle en verre, donnant une vue unique sur l'extérieur de l'établissement.

- Tu vois, reprit-elle, tu dois passer ce pont et monter deux étages pour rejoindre ta classe.

- Emmène-moi, couina Pia en agrippant le bras de sa sœur, comme si elle n'avait rien compris à sa présentation.

Jetant un œil à sa montre, l'élève de dernière année constata qu'il lui restait à peine dix minutes avant d'entamer son propre cours.

- Dépêchons-nous dans ce cas, dit-elle sans plus attendre.

En sachant que les escaliers externes du lycée, désormais surabondés, n'avantageraient pas Fanny dans sa mission, celle-ci se jeta dans la foule furieuse des couloirs. Consultant l'heure à maintes reprises, elle comprit assez vite qu'elle ne retrouverait jamais sa classe à temps et, doublant le pas, se promit que Pia n'aurait pas le même problème pour son premier jour au lycée.

Ce fut donc naturellement que Fanny s'appuya contre le mur du couloir pour reprendre son souffle quand sa sœur et elle s'arrêtèrent devant la salle J016. Embrassant chaudement sa cadette, en récompense de ses efforts, elle s'apprêta à tourner les talons lorsqu'elle surprit le regard d'un adolescent sur elle. Sans détourner les yeux, le garçon sourit davantage devant la mine perplexe qu'il découvrait. Et alors qu'il murmurait quelque chose à son voisin, sans cesser d'observer la jeune fille, Fanny prit la fuite, le cœur gros et les yeux humides. Elle n'avait pas commencé les cours que les moqueries pleuvaient déjà sur elle.

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