Chapitre 44

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- Fanny...

- S'il te plaît, Luc. J'y tiens.

Le garçon souffla un coup pendant que l'adolescente lui tendait un roman tout neuf, Nos étoiles contraires, et accepta ce dernier en tirant une moue exaspérée.

- Je t'ai dit que c'était inutile.

- Et moi j'ai toujours pensé que ça ne l'était pas.

L'étudiant observa son amie, énigmatique, puis ses lèvres s'étirèrent en un sourire aimable.

- Alors je dois te remercier même si ce n'est pas toi qui a détruit mon bouquin ?

- Exactement.

La lycéenne se força à paraître détachée du sujet, bien que les souvenirs terribles lui revenaient en mémoire.

- Je suis désolée de ne pas te l'avoir acheté plus tôt, reprit-elle. J'avais si peur de sortir seule ces derniers jours que je ne quittais le lycée que pour me confiner chez moi.

Luc posa une main compatissante sur l'épaule de sa camarade.

- Et tu n'es pas retournée à la chapelle ?

Fanny, qui s'habituait de plus en plus à la présence de l'adolescent, ne rougit ni ne trembla devant ce contact subit ; mais regardait le sol comme une victime impuissante. La grimace amicale avait fait place à un visage souffrant et désemparé.

- Non... Et je n'y retournerai jamais.

- Ne dis pas ça...

La jeune fille releva ses yeux larmoyants vers son compagnon. Elle ne pouvait plus faire semblant de rien, et manqua de s'écrouler contre un mur pour y pleurer à son aise. Mais Luc, blême face à ce nouvel aspect, la prit dans ses bras avec affection.

- Tu ne pourras pas éternellement te cacher... Tu ne le dois pas... Pas pour elles.

Fanny ferma les yeux en humant le pull en cachemire de son protecteur. Abritée dans ses bras forts et rassurants, sa peine lui parut soudain moins lourde.

- Qu'est-ce que je dois faire ? murmura-t-elle d'une voix brisée. Je suis désarmée...

Le garçon redressa la tête. Ses cheveux bruns bouclés volaient dans tous les sens, et son visage sérieux montrait une grande réflexion.

- Dès que tu souhaites sortir, appelle-moi. Et je te rejoindrai.

La lycéenne se retira légèrement de son étreinte pour le regarder en face. Les yeux ronds, l'air hagard, elle resta silencieuse quelques secondes.

- Qu'est-ce que tu dis ? bégaya-t-elle enfin.

- Que je tiens la promesse que je t'ai faite il y a deux mois, dans la bibliothèque... "Je ne laisserai plus jamais personne te faire du mal".

Alors Luc attrapa une mèche de cheveux fuyante et la ramena derrière l'oreille de sa campagne. Cette fois, Fanny frémit. Mains sur ses avant-bras, Lui entourant fermement sa taille, elle se rendit soudain compte que leur visage n'étaient plus très loin de se toucher, et son esprit s'embrouilla. Indécise, elle attendit que Luc approche ses lèvres des siennes, puis finit par reculer dans un petit rire gêné.

- C'est vraiment gentil... Mais je ne suis pas sûre que le rôle de garde du corps te plairait longtemps, fit-elle avec douceur, rouge et le regard ailleurs. En plus, j'aurais l'impression d'abuser de ta générosité... Non, vraiment. Je ne veux pas te demander un tel service.

- Tu ne me le demandes pas. C'est moi qui te le propose.

La jeune fille hésita un court instant, puis réaffirma son "non" jusqu'à ce que Luc s'avoue vaincu.

- Laisse-moi au moins t'accompagner dès que l'envie t'en prend, lança-t-il en dernier recours.

- ... Très bien, concéda Fanny. Je sais que j'aurai toujours un ange-gardien au-dessus de la tête.

Luc rit.

- Et je suis plus qu'honoré de l'être !

Fanny sourit timidement, puis redevint pensive.

- Il n'y a qu'une chose que je ne comprends toujours pas...

- Quoi ?

- C'est Sophie... Elle a remercié Mathilde pour lui avoir signalé ma position alors que je ne l'avais jamais croisée à la chapelle avant.

Luc dévisagea l'adolescente.

- Plongée dans les romans comme tu l'es, tu ne l'as sans doute pas remarquée, conclue-t-il avec logique.

La lycéenne hochait la tête, confuse.

- Je ne sais pas...

Le garçon fronça les sourcils.

- À quoi penses-tu ?

La jeune fille s'arrêta.

- Et si quelqu'un lui avait parlé de cet endroit ?

- Quoi ?

- Mais oui ! C'est forcément ça !

- Fanny, calma son ami, pragmatique. Est-ce que tu insinues qu'une personne que tu connais ait pu révéler à Mathilde ton repère ?

L'adolescente acquiesça, sûre d'avoir trouvé l'explication à son affaire.

- Voyons Fanny ! s'exclama Luc. Qui pourrait t'en vouloir, parmi les seules personnes auxquelles tu te confies, au point de révéler à des cinglés malintentionnés ce lieu que tu aimes tant ?

Ces derniers mots refroidirent l'étudiante qui, baissant les yeux au sol, fut bientôt frappée par la plus terrible des évidences.

- Je crois... que je sais qui...

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