Chapitre 53I: mars - avril 1805

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Tard le soir, après le départ des derniers invités, dont certains particulièrement atteints par l’alcool, nous aidâmes les bonnes à débarrasser les tables, à balayer la salle à manger et à s’occuper des huit enfants, dont Alice, qui avaient dû passer la journée sans trop d’attention et Marie – Camille, souffrante. Le lendemain, cinq avril, après une bonne nuit de sommeil, nous rassemblâmes nos affaires pour nous préparer au départ. Après de longues accolades et embrassades, même a Gilles, onze mois, qui avait enfoui sa petite tête de bébé dans l’encolure de la robe de sa nourrice, nous prîmes le chemin du retour, après quasiment cinq mois passés parmi eux, dans leur famille, leur intimité. Ce second voyage ne me parut ni plus long, ni plus court que le premier, car j’avais hâte de revoir mes autres petits – enfants et mon fils. Cependant, j’eus la fâcheuse impression de le revivre, car Alice pleura tout autant d’ennui profond, assise, debout, assise, debout, sur les genoux de sa mère, les miens, chouinant, revenant s’asseoir, sans cesse. Il n’y avait que lorsqu’elle dormait que tout paraissait plus calme, plus léger. Mais je me rassurais, chaque nuit passée dans une auberge était une étape de plus de rayée avant notre arrivée à Rouen. Enfin, si a chaque fois une ne s’en rajoutait pas. Par deux fois, une des deux juments perdit un fer, et cela obligea le cocher à s’arrêter en urgence au bord de la route pour lui enlever les quatre en attendant d’atteindre la prochaine auberge, où on pourrait de nouveau la ferrer tranquillement.

Et puis en fin de matinée du dix – sept avril, après douze jours de voyage, la voiture traversa enfin le centre de Rouen, d’ailleurs, nous reconnûmes très vite l’église où nous avions nos habitudes, la Poste, la grande place centrale, le port et la mairie. Quand nous aperçûmes enfin la maison, tout s’effaça autour de moi, tant l’impatience de revoir mon cher fils et mes petits – enfants était forte. Armand nous embrassa une dernière fois, il devait vite reprendre sa route pour Paris, nous avions pris un peu de retard sur les prévisions et là – bas depuis hier, un client important l’attendait. Le cocher pris quand même la peine de ramener nos malles dans l’entrée de la maison, et Armand en profita pour saluer Léon – Paul. Devant nous entendre, mon fils descendit les escaliers au pas de course, pour saluer le néo-quadragénaire qui s’éclipsa aussitôt. Il embrassa promptement sa fille Alice, je l’enlaçais.

— ‘’ Tout s’est bien passé ?

— Oui, parfaitement.

Marie avait l’air préoccupée, aussi elle questionna son mari.

— Où sont les enfants ?

— En promenade avec Jeanne. Ils sont partis voilà une demie – heure.

Il nous aida à ramener les deux malles à l’étage, que nous vidâmes ensuite, aidées de Alice, toujours assez serviable. Alors que nous terminions, le claquement d’une porte et des voix fluettes retentirent depuis le rez de chaussée. Nous descendîmes quatre à quatre les escaliers, suivies de l’aînée de la fratrie. Frédéric et Louise – Marie, dont la croissance depuis notre départ avait été fulgurante, se laissèrent câliner et embrasser par leur mère et moi – même, enfin, surtout Louise – Marie, car Frédéric nous repoussa vite. Alice, toute enjouée, essaya même de porter sa sœur de quatre ans, mais elle était trop lourde pour ses petits bras.

Je racontais quelques anecdotes et notre séjour à Léon – Paul, car Marie n’avait pas l’air de vouloir en parler. Et puis, suite à ce grand moment de joie, notre routine s’installa de nouveau. Le vingt et un avril, nous fêtâmes comme de coutume les anniversaires des enfants Aubejoux, même si ce jour – là restait propre au petit Frédéric qui fêtait ses trois ans. L’enfant avait fait d’immenses progrès au niveau du langage, ses phrases étaient maintenant presque toutes compréhensibles, même si certaines prononciations restaient à perfectionner. Ce jour – ci, il reçu sa première coupe de cheveux, malgré ses pleurs lorsqu’il vit la paire de ciseaux s’approcher pour raccourcir ses longues mèches bouclées blondes – châtains. Il ressemblait maintenant réellement à un petit garçon.

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