Chapitre 54I: mars - avril 1806
— J’ai vue la jolie poupée exposée dans votre vitrine et j’aimerais en connaître le prix. Si elle est a vendre…
— Évidemment madame, rien n’est décoratif ici. Patientez.
Elle s’en retourna d’abord vers son semblant d’arrière – boutique, me laissant seule avec moi – même et les nombreux jouets, avant de revenir.
— Elle est a 18000 francs.
— D’accord…
Je me mis à fouiller dans mon porte – monnaie, en sachant pertinemment que je ne possédais pas les sous sur moi. Gênée, j’espérais me laisser obtenir une faveur.
— Je n’ai pas l’argent ici, croyez – vous que vous pourrez me la réserver jusqu’à demain matin ?
— La maison n’accorde pas ce genre de choses. Mais revenez tantôt, je vous assure qu’elle n’aura pas bougé.
C’est donc ce que je fis, en craignant quand même un coup de malchance. Le soir, je dû réclamer les 18000 francs auprès de Léon – Paul, qui fronça les sourcils.
— Vous vous endettez maman ? Où irons ces sous si je vous les donne?
Je me mis à chuchoter, par peur que de petites oreilles curieuses ne traînent non loin.
— Ce serait pour offrir un présent à Louise – Marie. Une poupée. Elle n’en a jamais eu et je me disais que pour ses cinq ans, ce serait l’occasion.
— Vous savez, je n’aime pas trop leur faire de cadeaux. La vie ne leur en fera jamais, alors, mieux vaut ne pas trop les y habituer. Et puis, ils n’ont pas encore conscience de la valeur des choses.
— Léon – Paul, dans un an et demi elle partira pour sept ans d’études, vous pouvez bien lui accorder cela…
Il resta d’abord sur sa décision, avant de me demander d’aller chercher son portefeuille d’où il sortit et me tendit une liasse de billets. Si cela pouvait paraître beaucoup d’argent, en réalité, ça ne contenait que l’équivalent d’une petite robe pour un enfant.
— Je ne vous ai pas tout donné, mais vous négocierez le reste.
C’est ainsi que je retournais à la boutique, où après de ferventes causeries, je pu repartir avec l’objet convoité, soigneusement emballé dans du papier de soie. Je le rangeais dans ma chambre en attendant le quatre avril.
Le jour de l’anniversaire, quand petite Louise – Marie eu cinq ans, elle écarquilla les yeux devant la boite que je lui tendis, peu habituée à recevoir plus qu’un chocolat. Doucement, elle défit le couvercle de fer, et retira le papier de soie, tout en nous regardant avec des yeux interrogés. De ses petites mains la poupée quitta son cercueil, et devant l’assemblée ébahie, Louise – Marie nous présenta son beau cadeau. Sur les sollicitations de son père, elle posa l’objet et alla remercier Dieu, agenouillée bien correctement, mains jointes et paupières closes. De longues après – midi de jeux débutèrent entre Louise – Marie et Frédéric, qui ne fus point jaloux, n’en ayant pas la permission de toute façon. Plusieurs fois, je m’assied sur un des trois lits de la chambre, pour les regarder s’amuser.
— Moi je serais la maman, et toi le papa. D’accord ?
— Oui.
Je m’incrusta quelque peu dans leur discussion.
- Et votre poupon, comment s’appelle t -il ?
La petite fille haussa les épaules, et repartit dans ses jeux sans m’avoir donné de réponse, si bien que je réitéra.
— Elle s’appelle Poupée.
Je redevins invisible, tranquillement assise sur ce lit confortable et bien fait. Ma petite – fille donnait les ordres, assise sur le tapis près de son frère, et ayant étendu son mouchoir pour faire une couche à la poupée.
— Toi, le papa, tu rentres du travail pendant que moi, comme je suis la maman, je donne le lait au bébé.
Son petit doigt devint biberon, son mouchoir lit, son frère papa et elle, une maman attentive qui veilla tout de même à coucher son enfant sur le côté. Lorsque je lui demanda d’où elle tenait ça, elle n’eus pas l’air de savoir, ni même la raison pour laquelle on conseillait aux jeunes mères de procéder ainsi.
La trame de leur histoire était simple, le père de famille rentrait du travail pendant que la mère nourrissait l’enfant du couple, puis Louise – Marie récupéra deux tasses sur les tables de chevets et la petite famille pris son souper en tête à tête. Ils s’amusèrent beaucoup, leurs fous rires résonnèrent à travers toute la maison. Parfois aussi, ils firent entendre leurs désaccords, par exemple lorsque la sœur devenue maman avait décrété qu’il fallait laver le bébé avant d’aller le mettre au lit, mais que le frère transformé en jeune père ne semblait pas de cet avis. Frédéric cria pour faire asseoir son autorité.
— Comme je suis le papa, c’est moi qui doit décider !
Lorsqu’il leva la main sur sa sœur, je lui retins le bras en l’air.
— Écoutez Frédéric, vous ne devez plus jamais essayer de taper votre sœur. C’est clair ? On ne fait pas mal aux gens, même si on pense que c’est nous qui devrions prendre les décisions. Comme tout est pour de faux, dans un jeu, tout le monde peut donner son avis. Et que je ne vous y reprenne pas.
Et puis ce genre d’épisodes s’espaça. Ils continuèrent dans les semaines qui suivirent à jouer à la poupée ensemble, mais Louise – Marie trimballait Poupée partout, se l’appropriant de plus en plus, préférant en faire sa fidèle compagne plutôt qu’un vulgaire bébé nourri de son petit doigt. Comme l’objet précieux malgré tout commença plusieurs fois à fondre, oublié près d’une cheminée, de la gazinière ou du baquet rempli d’eau brûlante, je me mis à l’interdire en dehors de la chambre des enfants. Quand Louise – Marie vint pleurer car Poupée avait perdu ses yeux, je la sermonna, tout en lui promettant de tout faire pour la réparer. En y regardant de plus près, il s’avéra que les petites billes de verre, auparavant coincées dans la cire, avaient quittées leur étau lorsque celui – ci avait fondu. Quand on secouait le poupon, on entendait le bruit des yeux qui remuaient tels la bille d’un grelot. Heureusement, après une opération délicate faite au matériel d’épilation, une pince à épiler pour récupérer les billes et la cire bouillante pour les coincer, Poupée recouvra la vue, et ma petite – fille le sourire.
Lors d’un de leurs bains, assise sur le lit en attendant de lire la fin de ma page, j’assistais à une fâcheuse conversation entre les deux enfants. Suite a un léger conflit concernant un peu de mousse dans les yeux, Frédéric, trempé, debout dans le baquet avec sa sœur, chercha et trouva ses arguments, qui n’avaient pas grand rapport avec le sujet initial.
— Toi t’as même pas de zizi d’abord !
La petite fille gonfla son ventre et se pencha pour mettre en avant son torse, en remuant son petit corps.
— Non, mais moi et bien un jour j’aurais une poitrine et je pourrais donner le lait à des bébés comme une vraie maman ! Même pas toi !
Alors que cela me démangeais déjà, je posais mon ouvrage lorsque Louise – Marie voulu montrer de plus près à son frère l’étendu de sa future féminité, dissimulée sous la robe de bain. Je l’extirpais du baquet fissa pour lui retirer sa robe et la frictionner de la serviette chaude.
— Ça suffit oui ? Le corps, c’est sale, vous m’entendez ? Alors vous n’y touchez surtout pas, je me mis à chuchoter, sinon vous risquez de devenir sourde, et vous évitez de vous montrer. C’est assez clair ?
Elle hocha la tête et je la laissais s’essuyer pour aller m’occuper de son petit frère tout grelottant, qui eu le droit au même discours. Ma décision était prise, j’avais décidé d’arrêter de les baigner ensemble.
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