Amitiés perdues

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Aujourd’hui, tu m’as écrit :

J’ai appris pour ton mariage. Je te souhaite le meilleur.

Et après quelques mots tu as conclu :

Bises en souvenir du bon vieux temps. Pardon pour tout ce que j’ai pu manquer.

Mon cœur s’est serré. Parce qu’en effet, des choses, il s’en est passé depuis que nous sommes devenues des quasi étrangères. J’ai déménagé au bout du monde, je suis devenu médecin, j’ai publié deux bouquins et j’ai reçu des tas de refus pour d’autres. J’ai vécu les plus beaux moments de ma vie et essuyé de beaux revers aussi.

Ce n’est pas faute, pourtant, d’avoir tenté de recoller les morceaux de notre amitié. Seulement, à force de ramer seule, j’ai quitté la barque. Blessée et déçue, mais résignée.

Mon cœur a tant d’amour à offrir. J’ai fini par comprendre qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à nous accepter dans sa vie.

D’autres amitiés se sont tissées depuis que la nôtre s’est effilée. L’une d’elle a manqué de me briser, d’ailleurs.

Et en pensant à toi, je pense à elle. Suis-je devenue pour elle, ce que tu es devenue pour moi ? Une lointaine connaissance à qui on souhaite le meilleur, mais qui n’a plus cette place si particulière que l’on chérit et choie au cœur de nos existences ?

Tu as déserté ma vie ; j’ai déserté la sienne. Pas pour les mêmes raisons, encore que…

Ce matin, en découvrant que je me marie et que je ne t’ai pas invitée, l’évidence te frappe : nous ne sommes plus. Adolescentes, nous n’aurions jamais cru cela possible, n’est-ce pas ? J’aurais dû être la marraine de ton fils, ta témoin de mariage, l’épaule sur laquelle tu aurais pleuré ou ris selon les saisons. Il en a été autrement.

Et alors que j’écris ces mots, mon cœur est en peine. Il songe à ces amitiés perdues. Celles qui n’auront été qu’un feu follet traversant ma vie, celles -comme la nôtre- auxquelles j’ai cru et qui se sont étiolées… et celle qui restera à jamais gravée dans mon âme.

Elle aurait été la marraine de ma fille, elle aurait été ma témoin, l’épaule sur laquelle j’aurais pleuré ou ris selon les saisons. Il en sera autrement.

Mais je ne m’y fais pas.

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