Décrépiscence programmée
Homme du monde aux pieds embourbés, ta vanité transpire et ton âme s'assèche. Rends-toi compte de la décrépiscence programmée des tiens, toi seul peut éviter cette funeste avancée du destin.
J'entends ton coeur flétri qui bat en louanges le rythme mal-odieux de ta concupiscence, car du soleil métallique tu t'es fait son plus fidèle adepte.
Tête baissée et dents en avant, tu sèmes la désolation dans ton sillage. Ta mélancolie malsaine d'un passé impur initie les souffrances et repousse l'espoir. Et que t'importe le présent ? Tant c'est l'avenir que tu convoites.
N'entends-tu pas le désarroi ? Tes enfants, écrasés sous le poids des contraintes, se déchirent dans un assourdissant silence. Tes mains souillées ne savent plus caresser que le métal, et ton étau se resserre sur les espoirs de ce monde.
Les limbes n'attendent que ton signal pour l'engloutir, lui qui ne cherche qu'à respirer. Où se trouve ce petit être qui rêvait ? Qui chantait ? Qui riait ? Qu'as-tu fais de ton monde ardent, perdu à jamais ?
Homme du monde aux pieds salis, relève enfin la tête et regarde. Regarde avec ce qu'il te reste de coeur, car il ne subsistera plus que ce caveau immonde que tu auras créé. Qui pourras-tu conspier alors à part toi-même ?
Nous, nous rirons à nouveau sur le banquet des âmes, te claquant la porte aux nez. Et tes lèvres cracheront dans un soupir démen des milliers d'inepties et de veines excuses, qui resteront à leur tour sans réponse.
Homme du monde aux pieds embourbés, ta vanité transpire et ton âme s'asèche. Rends-toi compte de la décrépiscence programmée des tiens, toi seul peut éviter cette funeste avancée du destin.
Car n'oublie pas que tes possessions humaines et inhumaines ne sont que l'apanage de mère.
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