J’ai décidé de tout arrêter. De tout stopper ! Mais putain, je continue à t’aimer. Je suis tellement en colère. En colère, après moi, d’avoir accepté, d’avoir osé, d’avoir arrêté. Alors pourquoi ? Pourquoi nous nous attendions à merveille ? Pourquoi tout était si simple ? Pourquoi tout était si clair ? Tu es cet être, cher à mon cœur, à mon âme. Celui que je connais et reconnais. Celui que je vois, à chaque regard posé sur toi. Tu avais beau rester fermé, tu ne pouvais plus vraiment te cacher, tu le savais. Et je suis tellement en colère ! La douleur, vive et tranchante, me lacère la chair. La tristesse est dense, profonde et fait remonter en moi chaque blessure du passé. Tout ce tourbillon émotionnel, cette fichue solitude. Mettre de la lumière dans l’ombre. Je comprends le sens de tout ceci. Seulement pourquoi toi ?

Et je me suis fermée. Le visage crispé, figé. Mes pensées sont dures, intransigeantes. J’essaie de me persuader. En vain ! La mâchoire bien trop serrée, j’ai mal. Je garde le regard droit, fixe, noir. Pour ne rien laisser passer. Pour ne plus pleurer. La douleur n’existe pas ! Elle n’a jamais été que pure invention. Plus besoin de ressentir, juste de contenir et ne plus rien dire. Et il y a ce souvenir qui submerge mon esprit. Cette lycéenne que j'étais, renfermée, introvertie. "Pourquoi ta copine, là, à le regard si noir ?"

M'approchez pas, j'veux pas, j'suis mieux là !!! Dans mon monde à moi.

La scène tourne en boucle. Tous le disaient, que je l'étais : froide, distante, rigide, fermée... N’était-ce pas mieux ? De ne montrer que cette colère froide, amère,  pour cacher la tristesse. Parce que c’est tellement plus simple de la ressentir, de la vivre et de parfois rejeter la faute, détester et déferler cette émotion sur l’autre. Jusqu’à ce qu’elle s’épuise, s'évanouit, pour laisser place aux innombrables larmes.

Parce qu’enfin, la barrière lâche.

C'est bon, c'est fini, il n'y a plus besoin de fuir alors respire...