Chapitre 4 : Voyages épistolaires
En lisant votre lettre, je me retrouve
Dans les déplacements de mon quotidien
Notamment depuis l'automne qui s'installe
Avec cet effet de tunnel qui nous voit,
Voyageur dans la nuit, du matin au soir,
Entre les Hauts de France et Gare du Nord.
Funambules du métro aérien
La 6 enlace dans le sud de Paris,
Enjambe grandes artères et la Seine.
Et la 2 en fait de même tout au nord
Entre Dauphine et Nation rejoignant
Des lieux illustres, de prestigieux noms.
J'aime ces voyages derrière des vitres,
Comme au cinéma, je prends aussi le bus,
Prolonger l'effet de contemplation,
Assister à une sorte de spectacle,
Renouvelé, curieuse mise en scène,
Billet de choix, matinée improvisée.
Puis, fuyant le soir l’étrange Capitale,
Exil fatigué de la grande lumière,
Des halos signalent des villes éparses,
Éphémères signatures dans la nuit,
Clignotements d'aéronefs, je devine,
Des voyageurs-hublots, des rêveurs ravis.
Je m'enferme, hélas, dans un jour nouveau,
Moquette grise et agencement open,
Échange muet face à deux grands écrans,
Étranges, placides yeux patibulaires
Je saisis, non sans un rictus doux-amer
Des mots, des phrases, des vers : "je vous écris ! "
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