Après t'avoir traqué toute ma vie, fini de jouer au chat et à la souris. Aujourd'hui c'est enfin toi qui tombes dans mon piège.

Tu m'en as tellement fait voir et à chaque fois tu as trouvé le moyen de m'échapper en me laissant sur ma faim.

Ah ça y’est, je vais pouvoir enfin t'affronter. Depuis le temps, je rumine ma vengeance. Affamé avec tellement de scénarii dans la tête. Les modéliser dans mon esprit n'a pas toujours été simple et raisonné.

Serait-ce la vengeance qui m'anime?

Peut-être, mais cela va être tellement bon, le combat de toute une vie s'annonce palpitant.

J'ai réussi à t'entrainer dans ce cul-de-sac au fond de la ruelle derrière le couvent. Tu m'as suivie sans savoir que c'était moi. Peut-être le ressentais-tu? En tout cas, mon plan a fonctionné à merveille.

Les différents petits indices soigneusement sélectionnés ont bien su attirer ton regard et éveiller ta curiosité. Le chemin était tout tracé, et tu l'as suivi sans prendre garde. Depuis le temps que je te traque. Plus de place pour le hasard et les coïncidences. Le timing est parfait. Notre heure va bientôt sonner.

Adossé aux contreforts, j'attends avec une telle impatience le moment où tu vas devoir faire demi-tour et tomber nez à nez sur moi. Je sens déjà l'intensité de cet instant.

Complexe vibrant d'émotions opposées. Tiraillement indescriptible.

En garde mousquetaire solitaire, aujourd'hui vous n'aurez pas la possibilité de vous éclipser comme vous avez esquivé par le passé et à de nombreuses reprises notre face à face.

L' heure du duel a sonné.

Attrape donc cette rapière. Sa lame est longue et fine. Aussi légère qu'une plume, affutée tel un bistouri elle est une arme d'une précision jamais atteinte.

Sans perdre de temps, les coups d'épées s'emballent. Les échanges de regards sont sidérant. J'avais oublié à quel point les étincelles qu'elle propulsait étaient si intenses.

Après quelques coups en ma faveur, la cordelette qui maintenait sa cape finit par céder ce qui dévoila ses épaules et son cou.

Je fus saisi par une telle beauté, sa peau reflétait la lumière de la lune sans en absorber le moindre rayon. Mon Dieu, j'ai toujours été amoureux de cette petite insolente qui m'a rejeté et abandonné par le passé.

Pourquoi sommes-nous en train de nous battre? Entre les coups portés et les esquives, je n'arrive pas à me souvenir de ce qui nous a amenés là.

Je maîtrise ma rapière, elle aussi.

Progressivement, les règles du jeu se métamorphosent. Mes coups deviennent de plus en plus précis et ma lame cisaille son sarouel qu'elle arrachera bientôt en me dévoilant le bas de son corps. De belles jambes, fines, musclées et fermes, la lumière aussi s'y égarerait. C'est sans perte de concentration que je cherchais à briser les brides de son débardeur moulant, sans trop mutiler sa chair.

Je vis dans son regard qu'à son tour, elle venait de switcher de jeu.

Mon dieu, que la suite allait être mouvementée !

Je vous épargne les détails, de ce combat que l'on s'est amusé à laisser traîner en longueur.

Juste peut-être, l'instant de grâce, le coup de poker.

Alors que j'étais allongé sur les pavés, elle bondit sur moi. Une de ses jambes à accroupie l'autre au sol. Elle tenait fermement son épée de ses deux mains, la brandissant vers le ciel. D'une splendeur et d'une majestuosité à couper le souffle.

Ma lame alla se glisser entre la bride de son soutien et son flan latéral quand d'un geste ferme je libérai sa poitrine.

Jouissance ultime, ce corps est vraiment merveilleux, d'une beauté extraordinaire, un orgasme visuel extrême dont je me délecte tout en m'étouffant du sang qui remplit progressivement les poumons.

J'ai eu ce que je voulais, la tête irradiée par tant de beauté si longtemps fantasmée. Il est temps de me laisser m'en aller sans remords ni regret, emportant seulement ce cliché comme un dernier baiser.