Battez-vous pour vos rêves !
Les rayons du soleil éclaire mon bureau. Celui-ci est, comme d'habitude, en bordel si vous me permettez ce terme. Des feuilles, des boîtes vides, des clés, de la peintures... Mon bureau est jonché d'objets que je ne touche pas, que je laisse en plan depuis des semaines, des mois ? Je sais qu'il faut que je range, qu'il faut que je nettoie ma chambre.
Mais je n'ai pas envie, j'ai la flemme. Une fainéantise lourde et assommante qui m'abrutie chaque jour un peu plus.
Pourtant, j'ai des rêves, des objectifs, des projets ! Mais j'ai peur d'échouer. Et cette peur me paralyse, m'empêche de faire ce que je veux.
Je n'étais pas comme ça avant. Avant que mes parents ne divorcent, que ma soeur me laisse en plan, incapable de supporter les engueulades et la tension qui règne dans la maison familiale.
Le soleil est levé depuis longtemps, mon père est au travail. Il bosse dur pour pouvoir payer la maison et les factures. Et moi je suis là à attendre que le soleil se couche pour pouvoir le suivre.
Je suis faible, égoïste et peureuse.
Mais je veux changer. Je ne veux pas subir cette vie qui s'acharne sur moi. Je veux la contrôler, je veux devenir puissante !
Et je veux réaliser mon rêve ! Je veux devenir romancière et écrire des livres qui resteront dans l'histoire, qui se graveront dans le coeur et les esprits des gens !
Alors je lâche le livre que je lis pour la énième fois et j'allume mon vieil ordinateur. Cet appareil qui m'accompagne depuis si longtemps et qui a presque vu tous mes projets d'histoires !
Je vais sur le site que j'utilise lorsque je veux lire autre chose que les romans qui se trouvent dans ma bibliothèque et je crée une histoire.
C'est le récit d'un vampire et d'une humaine qui tombent amoureux... non, trop cliché ! Un vampire qui tombe amoureux d'une humaine mais elle se fait capturer par des loups-garous et elle devient comme eux ? Non, c'est encore pire ! Ces scénarios sont bien trop "too much" et il existe des centaines d'histoires là-dessus !
J'écris pendant encore quelques heures mais rien ne me vient. Tout se mélange dans ma tête, des millions d'idées qui se bousculent, qui essayent de vivre toutes en même temps. Je ne peux pas écrire dans ces conditions, il faut que je me recentre, que je me concentre sur ce que je veux vraiment écrire. Mais ma créativité ne cesse de me vendre des situations et des personnages sans queue ni tête !
Prenant ma tête dans mes mains, je réfléchis. Il doit bien exister une solution ! Ah oui, souvent on dit que prendre l'air peut aider ! Alors, ni une ni deux, je prends des stylos et des feuilles que je mets dans un sac, je saute sur mon vélo et je sors de la maison - après l'avoir verrouillée - en direction du parc ! Des mecs et des filles sont en train d'y faire du skate, d'autres font du sport et les plus jeunes font de la balançoire ou des jeux de leur âge. Je m'assoie sur une table et, après avoir déballé mes affaires, les regarde quelques minutes. Ah et si mon personnage principal masculin était un garçon un peu mystérieux... Non, non, non, ça aussi c'est cliché ! Ah clichés sortez de ma tête !! Je les entends, ils rient, ils s'amusent. C'est vraiment bruyant par ici mais il est vrai que cela m'a donné quelques idées. Mon héroïne sera une fille un peu sportive mais maladroite, elle aime le sport mais ne peut s'empêcher d'avoir deux pieds gauches ! Bon, c'est un peu cliché mais en le décrivant bien ça devrait passer. Et puis, si des gens peuvent lire des romans comme Crépuscule je vois pas en quoi ça marcherait pas chez moi. Mais je ferai mieux ! Beaucoup mieux que ça ! Et je ferai s'incliner tous les autres écrivains devant moi !
Il est temps, ce sera mon heure de gloire ! Je ferai connaître mon nom aux quatre coins du globe et on ne m'oubliera pas ! Je serai comme Achille qui a préféré la gloire à une vie paisible ! Préparez-vous, aujourd'hui est mon heure de gloire !
Mais c'est vrai que le parc est un peu bruyant et puis, j'ai mon héroïne, il ne me reste plus qu'à déterminer un peu son histoire pour lui donner de la profondeur. Je décide d'aller me promener au bord du lac. Mon sac sur le dos et poussant mon vélo, je regarde le lac, si calme. C'est fascinant comme il peut être le pire des destructeurs et juste après être le plus doux des agneaux.
Soudain, j'aperçois un banc. Ah oui, cela faisait si longtemps que je n'étais pas venue que je l'avais oublié. Maman m'y emmenait parfois, je faisais du roller sur la piste cyclable pendant qu'elle me suivait et après on mangeait des glaces ou des crêpes suivant la saison. Que de bons souvenirs !
Bon, j'ai mon héroïne et maintenant, mon héros... et si je... oh non, un bad boy ? Allons, je ne peux pas écrire ça comme ça ! Même si, il est vrai que certains bad boy dans certaines histoires me plaisent mais bon ! Il faut être un peu plus subtil, un peu plus... délicate ! C'est ça ! Mon héros sera un homme tourmenté, sous la pression constante de ses parents, contraint de jouer un rôle ! Et bien sûr un petit côté sadique parce que... hé bien, les pommes tombent pas loin de l'arbre comme on dit par chez moi... Au début, ce serait la connaissance, l'apprivoisement l'un de l'autre. Ils apprendraient à se connaître ce qui ne serait pas sans difficulté. Bon, un peu facile et un peu déjà vu mais avec des péripéties sympas et un poil d'humour, tout devrait bien se passer et puis, je suis là pour trouver la trâme, pas pour écrire mon roman du début à la fin ! Explorons chaque possibilitées et ensuite voyons ce qui me plaît le plus ! Parce que même si j'écris pour être lue et pour pouvoir rester dans l'histoire, si ça ne me plaît pas... hé bien, autant arrêter et devenir caissière ! Au moins je me ferai de l'argent plus facilement ! Attention, je ne dénigre pas le travail de caissière ! Je sais que c'est compliqué mais il y a un salaire garanti tous les mois alors qu'une romancière n'a pas forcément cette chance.
Stop je ne dois pas penser à ça, pour le moment, mon récit est plus important !
* * *
Pendant des mois, elle écrivit son roman sans relâche. Réécrivant les scènes qui ne lui plaisait pas, corrigeant pendant de longues heures et passant au crible son texte pour repérer les diverses fautes de syntaxes ou toutes autres fautes qu'elle aurait pu commettre.
Elle ajusta son récit, adapta ses personnages, modifia ses péripéties pendant des jours, oubliant parfois de dormir. Se réveillant sur son clavier certains matins. Mais jamais elle n'abandonna. Bien sûr, lorsqu'il fut temps pour elle de retourner au travail, elle travailla comme une forcenée pour obtenir diverses primes et jours de congés pour pouvoir se replonger à fond dans son rêve.
Et un jour, tout son travail paya enfin.
Son roman grimpa au sommet des ventes. La romance qu'elle avait écrite était originale et empreint d'une profondeur que les autres n'avaient pu égaler.
Vraiment, ses heures de travail était enfin récompensée. Toutes ses nuits blanches passées à peaufiner et à mettre son texte en forme. Rien n'aura été vain.
Enfin, elle avait gagné !
Alors que des journalistes lui posaient diverses questions, elle se remémora son premier jour. Son bureau - qu'elle avait fini par ranger - éclairé par les rayons du soleil et son excursion au parc et devant le lac.
C'était fait, elle avait gagné !
Elle était devenue l'Achille des temps modernes, remportant son combat, non avec une épée mais avec une plume ! (Enfin, un ordinateur mais vous avez compris la référence).
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