Des clics et des miettes.
Je me réveillais en vrombissant quand mes neurones éléctroniques se mirent en marche. Puis, je me mis subitement à faire un tas de mises-à-jour automatiques avant d'être pleinement opérationnel. Mon humaine partit et revint quand je lui indiquai d'un "ting" enthousiaste que j'étais fin prêt. Je m'inquiétais un peu quand je la vis poser son énorme tasse de thé noir un brin trop prêt de moi mais je me dis que c'était plutôt bon signe, elle prévoyait donc d'écrire. Elle ne buvait que du thé en écrivant, sinon elle me repoussait loin d'elle en tapant quelques mots et l'écran prenait la suite en abreuvant ses yeux marrons de films et autres idioties d'internet. Je regrettais cependant qu'elle ait aussi prit des biscuits...
Elle commença alors par pianoter discrètement sur le côté une fois qu'elle eut entré le mot de passe qu'elle seule et moi-même connaissions. Elle m'indiqua de mettre une playliste d'un geste rapide "A villain but make them the main character" sur Youtube.
Et enfin, l'aventure commença... Elle tourna la tête vers la fenêtre encore assombrie par la nuit et sourit. Ok, nous allions partir à dos de dragons ou alors peut-être chevaucher des nuages. Une histoire de sorcières ou de mages ténébreux ? Peut-être même des Dieux ? Non, elle baissa les yeux sur la table du salon qui nous servait de bureau et épousseta les quelques miettes qu'elle avait déjà faites autours de moi. L'horloge steampunk accrochée sur le mur en fausses pierres avait une minute de plus que moi et cela m'agaça d'autant plus. J'y voyais le temps s'égreinait d'avance... Je commençais à m'impatienter, je voulais de l'action moi !
Enfin elle tapa quelques mots ! Et mince... Sa boite mail. Ok. Ses comptes, super... Ah ? Ah non, son profil facebook... Je me rendormis légérement, très peu interessé par ses premiers choix d'activité.
Et puis, enfin, elle tapa Scribay ! Un mot que je commençais à apprécier. Elle fit défiler ses premières oeuvres d'un oeil critique. Enfin, je le supposais au vu du pli contrarié de son double menton sur lequel j'avais une vue en contre-plongée. Elle chercha quelques auteurs qu'elle aimait bien et aprés quelques minutes de lecture, leur laissa un petit mot et un coeur. Elle repartit se faire un thé et le reposa encore plus prêt, si c'était possible, de mes pauvres touches. Je sentais la chaleur au travers du disque dur ! J'avais déjà pris une douche au café, alors je me méfiais maintenant. Elle recaptiva mon attention en ouvrant une nouvelle page blanche car cela annonçait une nouvelle création ! Il était encore tôt, la nuit avait du être productive ! Espérons que la journée le soit également ! Sinon j'allais planter !
Elle hésita longuement sur le titre pour finalement ne pas l'écrire. Je supposais qu'elle se dit qu'elle y penserait aprés. Ce qui était faux bien sûr, elle l'oublierait. Son petit chien noir, que je n'appréciais que modéremment vu son allure quand il s'approchait de mes fils et prises, s'était enfin endormi et ronflait encore plus fort que mon processeur. Mon attente se mua progressivement en douce relaxation bercé par la température idéal et les vrombissements en choeur du chiot et de ma mécanique. Le temps était doux, c'était un joli un matin de printemps. Les poules que j'entendais caqueter avaient eu leur grains, le jardin en fleur embaumait par la fenêtre où un chat doré se prélassait. Le thé avait refroidit et le soleil s'était levé. Mon humaine soupira de bien-être.
Alors elle écrivit. Enfin.
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