10. Sans un mot

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Le lundi suivant, Vincent arriva chez Nathalie vers vingt heures. Ses parents et sa sœur étaient sortis dîner au restaurant, et elle leur avait assuré qu’elle aussi avait des projets, promettant de les accompagner une prochaine fois. Nathalie n’avait pas l’habitude de mentir à ses parents, et elle espérait qu’ils l’avaient crue, malgré les sourires un peu insistants de sa mère et les dernières questions qui la trahissaient légèrement :

- Ce garçon, il me semble l'avoir déjà vu...

- Oui, maman, c’est fou, mais c’est le garçon avec qui je jouais à Saint-Julien-d'Arpaon, il y a quatre ans...

- Ah, bien sûr, je m'en souviens maintenant... En tout cas, il est vraiment charmant.

Nathalie rougit légèrement, un sourire timide naissant sur ses lèvres.

- Et il me plaît beaucoup, avoua-t-elle, son souffle presque imperceptible.

Sa mère lui prit tendrement la main, un regard empli de douceur.

- Prends soin de toi, ma chérie, et fais attention à ce que tu ressens... lui souffla-t-elle avant de la serrer dans ses bras et de l’embrasser.

Ce conseil se logea dans le cœur de Nathalie. Il alimenta une peur douce et presque vertigineuse face aux sentiments qu’elle éprouvait pour Vincent. Elle était folle amoureuse de lui, un amour si fort qu’il la surprenait et l’effrayait à la fois. Chaque instant passé avec lui était comme une chute libre, un glissement incontrôlé vers lui, comme une force invisible qui la ramenait à lui.

C’est avec cette même impulsion qu’elle se donna à lui, le cœur ouvert et vulnérable, dans une tendresse infinie qui effaçait toutes ses peurs.

Dans la douceur de l'été, leurs corps se trouvèrent, lent et délicat, chacun explorant l'autre avec la passion retenue de ceux qui se découvrent pour la première fois. Nathalie se laissa emporter et offrit à Vincent une confiance totale. Chaque frisson, chaque murmure amplifiait l’amour et le désir qu’ils ressentaient. Ensemble, ils vécurent un instant d’intimité si profond qu’il suspendit le temps lui-même.

Elle se sentit liée à lui comme à une part d’elle-même, une connexion qui semblait les unir pour l’éternité. Cependant, alors que son corps tremblait sous la chaleur du sien, Vincent se sentit agité. Son esprit était tourmenté par ce qu’il ressentait pour elle. Après ces instants chargés d’émotions, des mots tournoyaient en lui, mais il hésitait à les laisser franchir ses lèvres.

Nathalie vit la tourmente dans ses yeux. Elle approcha doucement son visage du sien et déposa un baiser délicat sur ses lèvres :

- Laisse-moi te parler, Vincent, murmura-t-elle. Il y a des choses que j’aimerais te dire...

Dans un geste à la fois doux et décidé, elle posa ses doigts sur sa bouche. Ils la caressèrent, aussi léger qu'un baiser, aérien, comme une promesse suspendue entre eux dans le silence. Vincent se figea. Son cœur battait à tout rompre et il ressentit une intensité palpable entre eux. Le désir de lui répondre se heurta à la crainte de ce qu’elle allait lui confier.

- Je veux d'abord te dire... commença-t-elle, ses yeux cherchant les siens avec une intensité tendre. Elle chercha ses mots, comme si elle pesait chaque syllabe.

- Tu es un homme tendre et attentionné, un homme bienveillant et tellement respectueux...

Vincent, troublé, sentit son souffle se suspendre. Il écoutait chaque mot comme une douce mélodie. Un sourire nerveux traversa son visage, et ses joues s’empourprèrent malgré lui.

- Nath, Petit Cœur... c’est vraiment gênant...

Elle s’approcha encore, son souffle chaud caressant sa peau. Elle inspira doucement, son regard devenant plus intense, brillant dans la pénombre.

- J’ai adoré faire l’amour avec toi... si tendrement.

Sa voix tremblait légèrement. Elle glissa alors au creux de son oreille, son souffle effleurant sa peau.

- Vince... Je suis amoureuse de toi.

Les mots frappèrent Vincent comme un coup de tonnerre. Le monde sembla s’effacer autour de lui, suspendu dans cet aveu inattendu.

Non. Ce n’était pas possible. Tout allait trop vite, trop fort.

- Non, Nath… attends...

Elle l’interrompit doucement mais fermement, posant de nouveau son index sur ses lèvres.

- Je ne veux rien entendre en retour. Je ne t’oblige en rien. Je suis amoureuse de toi. Je voulais juste que tu le saches.

Un silence dense s’installa entre eux. Vincent, submergé par la puissance de ses mots, ne trouva pas de réponse. Tout en lui se heurtait, tout se bousculait. Il voulait lui dire combien cela le touchait, mais aussi combien cela l’effrayait. Incapable de parler, il se contenta de la regarder, absorbé par l’éclat de ses yeux et la pureté de sa confession.

Il la prit dans ses bras, cherchant dans cette étreinte à lui transmettre tout ce qu’il ne parvenait pas à lui dire. Après quelques secondes, il se détacha doucement et la regarda avec une tendresse infinie, un sourire tendre sur les lèvres.

- Je dois y aller, petit cœur.

Nathalie hocha la tête tristement, les yeux brillants dans la pénombre.

- Oui, je sais, la permission de minuit est terminée...

Il lui sourit malgré la tension du moment.

- Oui, c’est ça.

Il l'embrassa tendrement, un baiser doux et prolongé, comme pour emporter un morceau de cet instant avec lui. Puis, sa main glissa sur son visage, effleurant délicatement sa joue.

- Nath... Il chercha ses mots. Elle le regarda, attentive et patiente.

- Je tiens à toi, sache-le... Quoi qu’il arrive...

Son regard se chargea d’émotion, mais il n’ajouta rien. Il quitta la maison, laissant derrière lui une promesse silencieuse, un lien fragile mais sincère, qui continuait de les unir malgré la distance. De retour dans sa chambre, son esprit encore embrouillé par les événements de la soirée, Vincent sortit son portable, prêt à envoyer un dernier message à Nathalie. Mais avant de commencer à taper, une notification attira son attention.

Un message non lu.

Il fronça les sourcils et consulta l’expéditeur : Jorge Lotta, son agent. Instantanément, ses mains commencèrent à trembler légèrement et une excitation mêlée d’appréhension s’empara de lui. Il ouvrit le message :

"Salut Vince, j’ai une bonne nouvelle pour toi, appelle-moi dès que tu peux."

Son cœur fit un bond dans sa poitrine, et un nom traversa son esprit, clair comme de l’évidence : Monaco.

Ce mot résonna immédiatement en lui, comme un écho du rêve qu’il nourrissait depuis des mois. Il vérifia l’heure. Trop tard pour l'appeler. Un mélange d’impatience et de frustration s’installa en lui. Il se déshabilla mécaniquement, son esprit déjà ailleurs. Le message tournait en boucle, les possibilités se multipliaient.

Monaco... Une porte de sortie, une chance de tout changer.

Ses pensées s’éloignèrent de Nathalie, happées par l’excitation de cette nouvelle. Leurs mots doux, son regard intense, s’effacèrent peu à peu dans l’effervescence de l’instant. Il se coucha, épuisé physiquement, mais son esprit était en ébullition, assiégé par mille questions. L’avenir, tout à coup, était à portée de main, si proche, et pourtant rempli d’incertitudes. Trouver le sommeil lui fut presque impossible.

Le lendemain matin, avant même d’avoir bu son premier café, Vincent attrapa son téléphone. Ses mains légèrement tremblantes, il appela Lotta, l’estomac noué par l’appréhension.

- Allô, Jorge, c’est Vincent.

- Salut Vince, comment ça va ?

- Ça va dépendre de ta nouvelle... Sa voix trahissait une impatience qu’il ne pouvait dissimuler. Lotta eut un petit rire de l’autre côté du fil.

- Alors tu vas passer une bonne journée...

Vincent sentit son souffle se suspendre. Son cœur battait la chamade. Son agent continua, et chaque mot tombait avec la précision d’une révélation.

- On a un contrat... de 4 ans. Avec en plus, une prime à la signature...

Vincent, ne tenant plus, l’interrompit presque :

- Avec qui, Jo ? Avec qui ?

Un silence se fit, lourd, presque interminable, comme si Jorge savoure le moment.

- Merde, Jo, tu vas me dire qu’...

- Monaco ! Le coupa-t-il en un éclat de voix. Tu vas jouer à Monaco.

Le cœur de Vincent s’arrêta un instant, et ses jambes faillirent le lâcher.

- Monaco... je vais à Monaco... répéta-t-il dans un souffle, incrédule. J’y crois pas.

- Et pourtant, tu ne rêves pas. C’est bien réel. Tu as rendez-vous demain pour la visite médicale et la signature du contrat. T’es où en ce moment ?

- En Corse.

- Ok ! Demain, premier avion à huit heures pour Nice. Je t’attendrai à l’aéroport, et on ira signer ton contrat ensemble, d'accord ?

- Oui, d'accord... Monaco... c’est dingue !

- Je te laisse, j’ai des affaires à régler. À demain, Vince.

Vincent resta un moment, là, sans bouger, le téléphone toujours en main. La nouvelle, aussi incroyable qu’elle fût, se posait sur lui comme une évidence qu’il n’arrivait pas encore tout à fait à saisir.

l'A.S. Monaco. Lui, Vincent Rivera.

Il se leva brusquement, le corps en ébullition, incapable de rester en place. Sa vie venait de basculer. Il avait du mal à croire que tout cela était réel. Il rassembla rapidement ses affaires, son esprit encore ailleurs, puis monta dans la cuisine où ses cousins et sa tante étaient déjà installés.

- Salut, lança-t-il, un peu gêné.

Enzo leva les yeux et remarqua immédiatement le sac de Vincent. Il lui demanda, étonné :

- Salut Vince… Tu pars ?

Vincent hocha la tête, les lèvres serrées par l’excitation :

- Oui, je dois rentrer. Il se tourna vers Claudine. Tante, je suis désolé...

Elle le scruta, inquiète.

- Vincent ! Il y a un problème ?

- Non, au contraire… Plutôt une bonne nouvelle.

Maxime s’approcha, l’air intrigué :

- T’as reçu la réponse du fameux "bon club", c’est ça ? Tu pars signer un contrat ?

Un sourire se dessina sur les lèvres de Vincent :

- Oui, c’est exactement ça, Max... On ne peut rien te cacher.

- Et on peut savoir où ?

- Ce n’est pas encore signé, mais... je pars jouer à Monaco.

Enzo siffla, impressionné :

- Merde... T’as touché le gros lot ! Et en plus, cette année, ils jouent la Coupe d’Europe.

Vincent hocha la tête, conscient de la chance qui s’offrait à lui :

- Oui, je sais. J’ai rendez-vous demain, mais il faut que je parte aujourd’hui. J'ai déjà réservé un vol.

Claudine sourit, des larmes d’émotion dans les yeux :

- C’est vraiment génial, mon chéri. Je suis tellement heureuse pour toi.

Il se tourna vers Enzo :

- L'avion décolle à midi, tu pourras m'emmener à l'aéroport ?

- Bien sûr, cousin. Je bois mon café et on part quand tu veux.

Il prit sa tante dans ses bras, ému :

- Tante, comment te remercier de ton accueil ?

- En pensant à nous de temps en temps. Elle le serra dans ses bras et l'embrassa une dernière fois. Prends soin de toi, mon petit.

Accompagné de son cousin, Vincent quitta le village en direction de l'aéroport de Calvi. Après quelques minutes, Enzo rompit le silence qui s'était installé dans la voiture.

- Vince...

Vincent sentit l'hésitation dans la voix d'Enzo et tourna son regard vers lui.

- Quelque chose ne va pas ?

- Tu as parlé à Nathalie ?

Vincent baissa les yeux. Une lourdeur s'empara de son cœur.

- Non, pas encore.

- Et tu comptes l’appeler ?

- Oui... enfin, je crois.

Enzo secoua la tête, un soupir échappant de ses lèvres.

- Non, Cousin, fais pas ça... Ne te comporte pas comme un salaud.

Vincent fronça les sourcils, perdu.

- Je comprends pas.

- Elle est folle de toi, vieux, elle t'aime. Ne la laisse pas dans l’incertitude, même si tu la quittes...

Vincent avala difficilement sa salive. Chaque mot d'Enzo résonnait douloureusement en lui.

- Tu as raison, je vais l’appeler.

- Sûr ?

Vincent hocha la tête :

- Oui, sûr. Il tenta de se convaincre lui-même.

Enzo le regarda, incertain. Il ne semblait pas totalement convaincu par la réponse précipitée de son cousin, mais il ne protesta pas.

Il le déposa à l’entrée de l’aéroport :

- Je ne peux pas rester, Vince, je dois bosser.

- T'inquiète, je trouverai ma route, répondit-il en souriant faiblement. On s’appelle, ok ?

Enzo acquiesça d’un clin d’œil avant de repartir. À peine Vincent franchit-il le hall de l’aéroport que son téléphone vibra dans sa poche. Un message. Il savait déjà de qui il provenait.

Plus tard, l’avion décolla, emportant Vincent vers sa nouvelle vie sur le continent. Une fois arrivé à Nice, il prit un taxi qui le déposa sur la Promenade des Anglais. L’après-midi s’égrena entre la recherche d’une chambre d’hôtel et des flâneries dans les rues ensoleillées. Le contraste entre l'animation de la ville et le tumulte de ses pensées était frappant. Son esprit était un tourbillon de doutes et de contradictions. Sa promenade le mena dans les petites ruelles de la vieille ville, là où les terrasses de café étaient bondées et les façades des bâtiments baignées de soleil. Tout cela lui semblait distant, presque irréel.

Son téléphone ne cessa de vibrer, mais chaque vibration était une torture qu’il repoussait. En fin de journée, il trouva refuge dans une petite chambre d’hôtel près du Vieux-Port, modeste mais confortable. Le calme des lieux semblait en décalage avec le chaos intérieur qu’il vivait.

Vers dix-huit heures, son téléphone vibra à nouveau.

"Nathalie", pensa-t-il. "Bien sûr que c’est Nathalie. Qui veux-tu que ce soit"

Il consulta son téléphone. Dans le premier message, elle lui demandait de la retrouver à la fontaine. Puis, dans chaque autre, l'inquiétude de Nathalie grandissait, se transformant peu à peu en une angoisse palpable. Il sentit une prise de conscience douloureuse s'installer en lui. Il se sentait coupable et, en même temps, pris au piège.

Que faire ? Lui écrire ? Tout lui expliquer ? Comment allait-elle réagir ?

Il savait que cette vérité bouleverserait leur relation. Nathalie avait encore toute une vie devant elle, ses études, ses rêves, sa carrière. Et lui, il partait... Il ne voulait pas être celui qui briserait tout ça.

Mais comment le lui dire ? Comment ne pas la blesser ?

L'incertitude le dévorait, l’empêchant de trouver une réponse. La peur l'envahissait. Finalement, il choisit la solution la plus facile, mais aussi la plus cruelle.

Le silence.

Il ne répondit pas à Nathalie. Il savait que cela ne ferait que prolonger l’inévitable, mais il se sentait incapable de faire face à la réalité, à cette conversation dévastatrice. Il se coucha sur le lit, ferma les yeux, espérant un peu de répit.

L’indécision pesait sur lui comme une pierre.

Tout au long de la soirée, les vibrations incessantes de son téléphone ne cessèrent de le torturer. Des messages de Nathalie, empreints de tristesse croissante, s’affichèrent sur l'écran. Il savait qu’il lui infligeait une douleur atroce, mais il n'était toujours pas prêt à affronter ses conséquences. Son cœur était lourd, chaque vibration un coup de poignard dans son âme.

Vers vingt-trois heures, un dernier message arriva.

"Je n'insiste plus, j'ai compris. Tu ne peux imaginer la douleur que je ressens. Elle me comprime la poitrine, m'empêche de respirer, presque de vivre. Ce que tu me fais ressentir est horrible, je ne te pensais pas capable de ça. Je n’ai plus les mots."

Le lendemain matin, le poids de son silence semblait encore plus insupportable.

Il se leva, se prépara pour sa journée, conscient que celle-ci marquerait un tournant décisif. À 16 heures, entouré de son agent et des responsables du club, il signa son premier contrat professionnel. La fierté et le soulagement l’envahirent. Il avait enfin atteint son rêve, la carrière qu’il avait toujours voulue. Mais, malgré cette victoire, un vide s'était installé en lui, celui de Nathalie et de ce silence qu’il devait briser tôt ou tard.

.................................

Au village, Enzo ressentit un nœud se former dans sa gorge lorsqu'il vit Nathalie s'effondrer devant lui. Il détestait cette position, tiraillé entre son cousin et la femme qui l'aimait. Lorsqu'elle lui demanda où était Vincent, il eut un instant de panique. Comment lui dire la vérité ? Celle qu’il redoutait de révéler...

- Écoute, Nath... commença-t-il, nerveux, en se grattant la tête.

Mais elle l’interrompit, son regard devenu suppliant, presque désespéré.

- Enzo, je t'en prie, dis-moi la vérité. Je n’ai plus de nouvelles, il ne répond pas à mes messages. Je veux au moins savoir... Dis-moi où il est, je t’en supplie.

Elle haussait involontairement la voix, dévastée.

Enzo la vit manipuler nerveusement son pendentif en forme de goutte d’eau, comme pour s’accrocher à une petite lueur d'espoir.

Nathalie. Habituellement si calme, si douce. Elle semblait soudainement perdue, brisée. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, la réconforter, mais il resta à distance.

Il est parti pour Monaco... hier, avoua-t-il finalement, les yeux baissés. Il est rentré pour ses affaires.

- Mais il a laissé un mot pour moi, il a dit quelque chose... non ?

Elle cherchait une réponse, une raison qui apaiserait sa douleur.

- Je suis désolé, Nath... Sa voix n’était qu’un murmure.

À ces mots, les larmes qu’elle retenait se déversèrent, son visage marqué par l’incompréhension et la souffrance.

- Enzo... Pourquoi ? Pourquoi ?

Sa voix se brisa, tout comme le cœur d’Enzo. Il la vit tourner le dos et s’éloigner vers sa maison, secouée de sanglots. Il la regarda partir, impuissant, son propre cœur lourd de culpabilité. Il n’avait pas su être à la hauteur, pas su la consoler comme il le fallait.

Alors que la jeune femme disparaissait au loin, il murmura, plus pour lui-même que pour quiconque d’autre :

- Vincent... Espèce de salaud, tu avais promis...

Les vacances se terminèrent plus lentement que Nathalie ne l’eut souhaité. Le retour à Bucarest marqua le début d'une routine, mais aussi une tentative désespérée de se détacher de Vincent.

Les jours s'écoulaient dans une répétition qui, bien que fatigante, lui apportait une forme de calme. Pourtant, le vide qu'il avait laissé en elle ne cessait de grandir, silencieux mais implacable.

Il s’approfondissait au fil des semaines.

La vie à Bucarest reprenait peu à peu ses droits, mais chaque éclat de lumière dans son quotidien était tamisé par l'ombre persistante de son passé. Cette histoire, cette absence, restaient suspendues au-dessus d’elle, impossibles à effacer malgré ses efforts.

Elle avait mis de côté ses souvenirs, ses espoirs, mais le silence de Vincent résonnait toujours en elle. Chaque vibration de son téléphone, chaque moment d’attente, sans nouvelle de lui, se transformait en une douce torture. Un rappel constant de ce qu’elle avait perdu.

Et si tout cela n’avait été qu’un mirage, un rêve effacé par la réalité ?

Un matin, alors que la pluie battait doucement les fenêtres de sa chambre, elle reçut une notification. Ce n’était pas un message de Vincent, ni même une nouvelle d’un ami. C'était un message officiel de l'université. Rien de personnel, rien d'émotionnel. Mais en y jetant un rapide coup d’œil, elle sentit son cœur s'arrêter un instant. Une invitation à un événement en lien avec une carrière dans la Principauté de Monaco. Un appel qu’elle n’aurait jamais imaginé recevoir, mais quelque chose, dans cette offre, exerçait une étrange attraction sur elle.

Nathalie hésita. Elle chercha une réponse, un signe, mais rien ne vint. Et puis, tout semblait si lointain, comme si cette opportunité appartenait à une autre vie. Elle surligna le message, ferma les yeux un instant, puis, dans un geste résolu, le supprima.

Son quotidien reprit son cours, entre études, famille et travail. Malgré tous ses efforts, la douleur persistait, même s'il restait en elle une part d'espoir. Chaque jour, elle se disait que le temps finirait par effacer le souvenir de Vincent, de l’amour qu'elle lui portait et, quelque part, dans un coin de son cœur, elle savait que cet espoir, aussi fragile soit-il, ne disparaîtrait jamais tout à fait.

Mais un jour, alors qu’elle ne s’y attendait pas, un événement brutal la ramena à la réalité de ce qu’elle avait perdu :

Elle l’avait aimé à la folie, et cet amour était désormais gravé à jamais dans sa chair

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Vincent, dans son appartement à Monaco, contemplait la ville qui brillait de mille feux. Son cœur restait sombre, prisonnier d'un silence qu'il n’avait osé briser. Ses journées rythmées par les entraînements, la pression, la gloire nouvelle ne comblait pas l'absence de Nathalie.

Malgré ses réussites, il ressentait ce vide grandir en lui, un vide qui l'étouffait et qu'il ne savait pas comment remplir.

À chaque instant, il se souvenait d'elle, de son regard, de la manière dont elle l’avait aimé. Tout cela semblait désormais si loin, un autre temps, un autre monde.

À chaque victoire, à chaque applaudissement, il sentait le poids de sa solitude.

Il avait atteint son rêve, mais à quel prix ?

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