7. La Fontaine
En ce début de mai 2004, Vincent traversait une période difficile. Les tensions entre ses parents s’étaient intensifiées sans prévenir, les recruteurs de football l’avaient recalé sans fournir la moindre explication, et sa petite amie venait de le quitter.
Tout semblait lui échapper.
Avec deux de ses amis, il avait pourtant prévu une échappatoire de quelques heures, une escapade dans les collines verdoyantes de la Provence.
Gémenos et sa Vallée de Saint-Pons, un joyau niché au pied de la Sainte-Baume.
Le samedi, il avait passé des heures à bichonner sa moto, comme pour se distraire de ses pensées, mais dans la soirée, un appel changea ses plans : ses amis lui annonçaient qu’ils ne pourraient pas venir.
"Décidément..." pensa-t-il, sans même chercher à cacher son agacement.
Le lendemain, à l’aube, il enfourcha sa moto, quittant seul la cité phocéenne.
Contre toute attente, alors que les paysages défilaient autour de lui, une étrange sérénité s’installa en lui. Peut-être était-ce l'appel discret de la nature ou le simple besoin d’introspection, mais il sentit ce voyage comme une invitation à se retrouver seul avec lui-même.
À son arrivée, il stationna sa moto sur le parking ombragé. Il attrapa son sac à dos puis s’engagea sur le sentier serpentant au cœur de la vallée.
L’endroit avait quelque chose de magique, presque hors du temps. Les arbres centenaires se dressaient comme des géants immobiles, et l’air, imprégné de senteurs boisées, semblait chargé d’une vie invisible.
La lumière, filtrant à travers les feuillages, jouait en un ballet d’ombres et de reflets. Chaque pas l’immergeait davantage dans ce cocon de tranquillité.
Le chemin le mena d’abord à l’abbaye abandonnée, vestige d’un autre âge, où les pierres moussues chuchotaient encore les récits d’un passé révolu.
Plus loin, il atteignit l’ancienne papeterie, envahie par la végétation. Elle se fondait presque dans la nature, comme si elle avait été doucement avalée par les années.
Mais c’est la fontaine naturelle, nichée au creux d’un promontoire rocheux, qui captura véritablement son esprit. L’eau jaillissait avec une clarté cristalline, s’écoulant en une cascade douce et régulière.
Depuis des siècles, ce lieu alimentait des légendes locales. Certains disaient que l’eau exauçait les souhaits, d’autres qu’elle révélait les secrets enfouis du passé à ceux qui savaient l’écouter.
Vincent s’arrêta devant cette beauté intemporelle, hypnotisé par le murmure de l’eau et le chant lointain des oiseaux. Ici, le tumulte de sa vie semblait si loin. Seul avec la nature, il trouva un apaisement inattendu, une pause dans le chaos de son quotidien.
Il s’installa ensuite dans une clairière voisine pour pique-niquer. L’endroit semblait parfait, avec son tapis de mousse et l’ombre protectrice des arbres majestueux.
Tandis qu’il grignotait distraitement son sandwich, ses pensées, d’abord centrées sur ses tracas, s’évadèrent peu à peu. Il se revit adolescent, lors de cet été qui avait marqué sa jeunesse, dans le petit village de Saint-Julien-d’Arpaon. Il se remémora les moments passés avec Nathalie, la jeune fille qui avait illuminé ces vacances.
Que pouvait-elle bien être devenue ? Pensait-elle encore à lui, tout comme il se surprenait à rêver d’elle aujourd’hui ?
Soudain, une légère brise souleva les feuilles au-dessus de lui. L’air sembla s’alourdir, chargé d’une énergie étrange. Le murmure du vent avait quelque chose de différent, presque comme une voix intérieure et un désir impérieux le poussa à retourner vers la fontaine. Le jeune homme avança, guidé par une intuition qu’il ne comprenait pas.
Lorsqu’il atteignit la source, il s’arrêta brusquement, retenant son souffle.
Là, assise sur le petit parapet de pierre, une silhouette familière jouait distraitement avec l’eau cristalline. Ses longs cheveux blonds flottaient doucement dans la brise, se mêlant à la lumière dorée de l’après-midi.
Il sentit son cœur s’emballer, chaque pas vers elle rendant ses pensées plus confuses, plus intenses. Cette chevelure, ce sourire pensif... Il n’y avait aucun doute.
C’était elle. C'était Nathalie.
Elle effleurait doucement la surface de l’eau, ses doigts fins traçant des cercles éphémères dans les reflets éclatants de la fontaine. À chaque mouvement, de petites éclaboussures dansaient autour de sa main, comme si l’eau répondait à une mélodie silencieuse.
Elle semblait perdue dans un monde qui n’appartenait qu’à elle, et pourtant, son visage rayonnait d’une sérénité captivante. Une lumière douce, presque irréelle, semblait émaner de son visage.
Vincent sentit son cœur s’emballer.
Il hésita, ses pensées tourbillonnant en lui. Que pouvait-il lui dire après tout ce temps ? Et si elle ne se souvenait pas de lui, ou pire, si elle avait changé ?
Mais un élan inconnu, presque instinctif, le poussa à avancer. Le souffle court, il s’approcha encore un peu et, rassemblant tout son courage, murmura enfin :
- Salut.
Sa voix trembla légèrement, brisée par la surprise et l’intensité de l’instant.
Nathalie tourna lentement la tête vers lui. Ses yeux verts, profonds et lumineux, croisèrent les siens. Il y vit une étincelle, un éclat familier, comme une lueur longtemps oubliée qui venait de renaître. Puis, soudain, un sourire illumina son visage, effaçant la distance imposée par les années.
- Vincent !
Sa voix, douce et pleine de reconnaissance, résonna comme une vague de chaleur qui balaya toutes ses peurs.
Non, elle ne l’avait pas oublié.
Il resta immobile, figé par l’émotion, incapable de détourner les yeux. Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs, comme si le temps avait simplement perfectionné ce qu’il avait tant aimé autrefois.
Contre toute attente, elle se leva avec une grâce naturelle, s’approcha de lui et, dans un geste simple mais infiniment tendre, elle le serra dans ses bras.
Elle déposa un léger baiser sur sa joue, et ce contact, bien qu’amical, éveilla en lui une vague de nostalgie si vive qu’il en fut presque étourdi.
- Comme je suis heureuse de te voir, dit-elle, son sourire radieux éclairant tout son visage.
- Moi aussi... balbutia-t-il, sa voix à peine audible. C’est incroyable...
Elle rit alors, ce même rire limpide et cristallin qui, autrefois, faisait battre son cœur plus vite dans les ruines silencieuses du château cévenol. Ce son, qu’il s’était surpris à oublier, lui revint comme une mélodie chère, réveillant en lui une multitude de souvenirs.
- Comment vas-tu, Vincent ? demanda-t-elle doucement, son regard scrutant le sien avec cette familiarité qui semblait intacte, malgré les années.
- Oh, ça va... Je suis venu prendre l’air ici, ça m’arrive de temps en temps... Et toi ?
- Moi, je fais un pique-nique avec mes parents et ma petite sœur, répondit-elle avec un sourire chaleureux. Tu voudrais te joindre à nous ?
Sa proposition était sincère, pleine d’espoir, et il sentit son cœur vaciller entre l’envie de rester avec elle et la peur de déranger.
- Je ne veux pas m’imposer... Et puis, j’ai déjà déjeuné, ajouta-t-il maladroitement.
Il hésita un instant, le regard baissé, puis releva les yeux vers elle avec un courage retrouvé.
- Mais... si ça te dit, on pourrait faire quelques pas ensemble ?
Elle sembla réfléchir, inclinant légèrement la tête. Puis elle hocha doucement la tête, un sourire timide étirant ses lèvres.
- Ok, mais juste un moment... Laisse-moi prévenir mes parents.
Elle trottina légèrement vers sa famille, et Vincent la suivit du regard, son cœur partagé entre excitation et nostalgie. Il n’arrivait pas à croire qu’elle était là, devant lui, après tout ce temps. Ses mouvements, son sourire, tout en elle réveillait des souvenirs qu’il croyait enfouis.
Elle revint quelques minutes plus tard, toujours souriante, et lança, malicieuse :
— J’ai la permission de minuit.
Vincent éclata de rire, surpris et touché par ce clin d’œil à leurs anciennes blagues. C’était comme si rien n’avait changé. Cette insouciance, ce charme naturel qu’il avait tant aimé chez elle, étaient toujours là, intacts.
- Je n’en attendais pas moins, répondit-il avec un sourire.
À cet instant, il la reconnaissait pleinement. C’était bien elle, Nathalie, celle qui avait fait battre son cœur dans les Cévennes, celle qui, malgré les années, n’avait rien perdu de cette lumière unique à ses yeux.
Alors qu’ils marchaient côte à côte, la conversation s’amorça timidement, portée par des banalités sur leurs vies respectives. Pourtant, Vincent ne pouvait détourner ses pensées d’elle. Il l’observait en silence, mémorisant chaque détail, comme pour s'assurer qu'elle était bien réelle. Sa démarche, légère et assurée, contrastait avec ses doigts qui jouaient nerveusement avec la fine chaîne en or autour de son cou, ajoutant une touche de fragilité à son allure.
Ce même regard vert, profond et lumineux, qu’il connaissait depuis toujours, portait désormais la marque du temps et une maturité qu’il ne lui avait jamais vue. Elle n'était plus l’adolescente qui courait dans les ruines du château, rêvant de chevaliers et d’épopées, mais elle avait conservé cette aura insaisissable, comme si les étoiles elles-mêmes gravitaient autour de sa personne.
- Je n’arrive pas à croire que c’est toi, dit-il enfin, rompant un silence.
Nathalie se tourna vers lui, un léger sourire éclairant son visage :
- Moi non plus. Ça fait drôle, n’est-ce pas ? De se retrouver ici... tous les deux.
Vincent hocha la tête, incapable de mettre des mots sur le tumulte d’émotions qui l’envahissait. Ce n’était pas seulement une surprise ou une joie, mais aussi une peur sourde, celle que ce moment ne soit qu’un rêve destiné à s’évanouir.
De son côté, Nathalie ressentait une étrange mélancolie en le regardant. Elle avait imaginé cet instant tant de fois dans ses rêveries adolescentes. Maintenant qu’il était là, en chair et en os, elle se demandait si elle avait encore une place dans sa vie.
Vincent semblait changé, plus grand, plus assuré, et son regard était habité d’une profondeur qui la troublait. Elle voulait lui poser mille questions, savoir s’il avait pensé à elle, comme elle avait pensé à lui, mais les mots restaient coincés, retenus par une pudeur qu’elle n’arrivait pas à surmonter.
Après une courte balade dans les sous-bois, ils revinrent près de la fontaine, où l’eau claire continuait de couler paisiblement le long de la margelle polie par le temps.
Nathalie s’arrêta, fascinée par les éclats scintillants que la lumière printanière faisait danser à la surface.
- Parfois, je me demande si le destin existe vraiment, murmura-t-elle.
Vincent, les yeux également rivés sur l’eau miroitante, répondit d’une voix teintée de mélancolie :
- J’aime à croire que oui.
Elle esquissa un sourire, jouant toujours avec sa chaîne :
- Il y a des moments qui ne peuvent pas être de simples coïncidences. Comme celui-ci.
Il tourna la tête vers elle, captivé par la lueur qui brillait dans ses yeux :
- Alors, si c’est vraiment le destin, on ne doit pas le laisser passer, répondit-il doucement.
Nathalie sentit son cœur s’emballer. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait l’impression qu’il était là, vraiment là, avec elle. Le silence qui s’installa ensuite, bercé par le chant de l’eau et le gazouillis lointain des oiseaux, n’était pas gênant. Au contraire, il semblait chargé de promesses.
- Tu n’as pas de petite amie ? lança-t-elle soudain d’un ton léger, bien qu’un brin d’inquiétude transparaissait dans sa voix.
Vincent parut pris au dépourvu.
- Si. Enfin... j’en avais une.
Nathalie hocha la tête, mais son sourire s’effaça légèrement. Ils reprirent leur marche, avant qu’elle ne s’arrête brusquement pour le regarder droit dans les yeux. Son expression avait changé, plus sérieuse, presque vulnérable.
- Pourquoi tu ne m’as pas écrit ? demanda-t-elle doucement. Tu m’avais promis qu’on resterait amis.
Vincent sentit son cœur se serrer. La question le prenait de court, réveillant une culpabilité qu’il avait enfouie depuis longtemps. Il baissa les yeux, cherchant ses mots.
- Je... J’ai essayé. Je t’ai écrit une lettre, mais... je n’ai jamais trouvé le courage de te l’envoyer. Je ne savais pas quoi dire, j’avais peur que tu ne t’intéresses plus à moi. Alors je l’ai gardée, au lieu de...
Il releva les yeux, un sourire maladroit sur les lèvres.
- Je me suis toujours dit que j’étais sûrement un souvenir lointain pour toi...
Nathalie secoua légèrement la tête, comme si elle trouvait cela absurde.
- Idiot... Je ne t’ai jamais oublié. Pas une seule minute.
Ces mots le frappèrent de plein fouet. Il la regarda, surpris et bouleversé, alors qu’elle poursuivit avec une douceur presque douloureuse :
— Regarde.
Elle sortit la fine chaîne en or de son chemisier, révélant un pendentif où scintillait une pierre jaune éclatante en forme de goutte d'eau. Vincent reconnut immédiatement la topaze qu’il lui avait offerte avant leur séparation.
Elle l’avait faite tailler et monter sur ce bijou qui semblait à présent presque sacré.
— Je ne la quitte jamais, dit-elle dans un souffle. Chaque fois que je la touche, je pense à toi.
Vincent, les doigts effleurant la pierre, sentit une vague d’émotions l’envahir. Son regard se posa sur elle, chargé d’une intensité qu’il ne pouvait réprimer.
- Nathalie, commença-t-il, mais elle le coupa doucement :
- Vincent, je dois te dire quelque chose.
Il sentit une tension dans sa voix et son cœur s’alourdit.
- Je pars dans trois semaines. Mon père a été muté. Nous allons vivre à Bucarest... Nous partons en Roumanie.
Trois semaines. Ces mots résonnèrent en lui comme un écho funèbre. La gorge nouée, il demanda à voix basse :
- En Roumanie ?
Elle hocha la tête, un sourire triste aux lèvres.
— J’ai peur qu’on se perde à nouveau... pour toujours.
Il s’arrêta net, la fixant avec une intensité qu’elle n’avait jamais vue.
- Pas cette fois, dit-il fermement. Je ne te laisserai pas devenir un souvenir.
Ces mots, simples mais puissants, étaient une promesse. Nathalie prit sa main, ses doigts entrelaçant les siens avec une douceur infinie. Puis, avec une hésitation visible, elle approcha lentement son visage du sien, ses lèvres à quelques centimètres à peine. Il pouvait sentir son souffle léger, parfumé de ce qu’il devinait être l’air frais de la campagne, et son cœur s’emballa encore plus. Elle marqua une pause comme si les mots qu'elle s'apprêtait à dire lui coûtaient quelque chose de précieux. Puis, rassemblant son courage, elle se lança, ses yeux ancrés dans les siens :
— Embrasse-moi Vincent.
Ces mots résonnèrent comme une promesse silencieuse. Et dans ce moment suspendu, la lumière dorée du sous-bois sembla s’épaissir, enveloppant leurs silhouettes d’une aura presque irréelle.
Le murmure de la fontaine, le souffle du vent dans les arbres, tout s’éclipsa.
Seule Nathalie et ce moment comptaient. Vincent sentit ses doigts et ceux de la jeune fille se serrer, son cœur battant à l’unisson du sien. Dans une douceur infinie, il fit les derniers centimètres qui les séparaient. Le monde sembla s’effacer autour d’eux, ne laissant place qu’à la douceur de leurs lèvres qui se rejoignaient enfin, comme pour sceller les années d’un amour inexprimé.
Cet amour, qu'ils avaient gardé caché, les enveloppait désormais, incommensurable, puissant, presque irréel pour leur jeune âge.
Ils avaient attendu ce moment sans le savoir, et pourtant, tout semblait enfin à sa place. Ce baiser, intense et fragile, était un mélange d’adieux et de promesses, un instant suspendu hors du temps.
Ce même temps qui parut s’étirer alors qu’ils peinaient à séparer leurs lèvres, comme si ce lien entre eux refusait de céder, comme s’ils avaient peur que tout ne disparaisse si le contact se rompait.
Mais, inévitablement, ils se reculèrent légèrement, leurs regards se retrouvant immédiatement, plongeant l’un dans l’autre avec une intensité qui rendait les mots inutiles.
Aucun des deux ne trouva quoi dire. Les mots semblaient dérisoires face à l'ampleur de ce qu'ils ressentaient. Pourtant, dans ce silence partagé, il y avait une vérité évidente : ils s’aimaient, profondément, d’une manière qui ne demandait ni explication ni déclaration. C’était là, entre eux, vibrant comme un secret qu’ils connaissaient tous les deux depuis toujours.
La réalité les rattrapa bien vite. La voix de la mère de Nathalie résonna au loin, les ramenant brusquement à l’instant présent.
- Je dois y aller, dit-elle à regret.
Vincent sentit son cœur se serrer.
L'ombre d'une tristesse imminente assombrit leur moment de tendresse :
- Donne-moi ton numéro de téléphone, lui demanda-t-il, espérant une lueur de possibilité, un moyen de rester en contact.
Mais elle secoua la tête, sa voix empreinte de douceur mais ferme :
- Non, Vincent... ce n'est pas la peine... je suis désolée.
La réalité de sa déclaration s'installa entre eux comme un nuage sombre. Les mots flottèrent, lourds de sens, et il comprit que le temps qui leur restait ensemble s'effritait rapidement. Tout à coup, ce moment de bonheur partagé devenait à la fois précieux et éphémère, comme un rêve dont il ne pouvait se réveiller. Ses yeux bruns, normalement si vifs, étaient assombris par une mélancolie qu’il ne pouvait ignorer.
Vincent aurait voulu tout changer, trouver les mots justes pour la convaincre de rester, mais il se sentait totalement impuissant.
Les souvenirs de leurs rires résonnaient comme un écho lointain, et l'idée de perdre cette connexion si précieuse le paralysait. Pourtant, au fond de lui, il savait que ce moment, bien qu'amer, faisait partie de leur histoire, de leur chemin.
- Tu m'as toujours manquée, tu sais, mais là... lui déclara-t-il, le cœur lourd. J'aurais aimé que les choses soient différentes.
Nathalie leva les yeux, un léger sourire triste sur les lèvres :
- Moi aussi, Vincent. Je serai éternellement liée à toi... Je dois y aller, coupa-t-elle, l’éclat de ses yeux s’évanouissant peu à peu.
- Attends...
Dans un élan, il déposa un dernier baiser sur ses lèvres, une douce promesse scellée dans cet instant.
- Nath...
Elle posa ses doigts sur sa bouche avec douceur, ses yeux emplis de détermination et de regret.
- Non... ne dis rien, s'il te plaît. Elle lui adressa un dernier regard, chargé de tristesse et d’amour, puis, comme si chaque seconde comptait, Nathalie partit en courant, sans se retourner, laissant Vincent avec le goût amer de l’inachevé.
Il la regarda disparaître, ne voyant pas les larmes qui avaient envahi son doux visage. Il espéra contre tout espoir qu'elle se retournerait, qu'elle reviendrait sur ses pas mais le silence prit sa place, lourd de son absence. Chaque battement de son cœur résonnait comme une écho de leur moment partagé, et la douleur de la séparation se fit sentir.
Vincent resta seul, près de la fontaine, son esprit embrumé par le tumulte des émotions.
Le goût de son baiser encore sur ses lèvres, il se pencha pour boire l’eau pure et comme une prière silencieuse, il fit un vœu... pour que leurs chemins se croisent à nouveau.
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