1.Ce jour de 1960

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« Vous êtes en retard, W.

-Actuellement, C, il est une heure pile.

-Un agent de confiance est toujours prêt en avance.

-Un agent insoupçonnable n’accorde pas plus d’importance à la ponctualité que n’importe quel citoyen. Donc je suis dans les temps. »

Son interlocutrice soupira en levant les yeux au ciel tandis qu’il s’asseyait. Un serveur passa prendre sa commande, après quoi la discussion reprit.

« Vous vous doutez probablement de pourquoi vous êtes là, William.

-À peu près, oui. Quelques petits problèmes avec Moscou ?

-On va dire ça comme ça. Vous parlez allemand ?

-Natürlich, mein Großmutter ist deutsch.

-Very well. But if you don’t mind, we will return to English.

-I’m fine with that. »

Il ponctua sa phrase d’un sourire, habitude qui tendait à exaspérer ses aînés.

« Vous êtes bien le digne héritier de Shimada.

-Moi au même niveau que le mythique numéro sept des années vingt ? Quel honneur !

-Réjouissez-vous, il sera votre mentor pour cette mission.

-J’ai terminé ma formation pourtant.

-William, votre diplôme d’espion de Sa Majesté et votre permis de tuer ne changent rien au fait que vous êtes un grand gamin de vingt ans qui ne démontre pas toujours une maturité irréprochable. Vous avez tout simplement besoin de l’expérience de ce vétéran alors mettez un peu votre ego surdimensionné de côté. »

Il éclata de rire.

« Vous êtes dure avec moi, Charlie. Ce n’était qu’une petite objection. Enfin bref, continua-t-il en redevenant subitement sérieux, je dois aller en RDA ?

-En effet. Jetez un œil à ça. »

Sa capacité à reprendre sa contenance en une fraction de seconde avait visiblement surpris d’une agréable manière sa supérieure, puisqu’elle poursuivit l’échange d’un ton plus aimable. Après avoir sorti quelques clichés en noir et blanc de sa sacoche et les lui avoir tendus, elle expliqua :

« L’homme que vous voyez se nomme Scholtz von Stroheim. Nationaliste mais radicalement communiste, il a réussi par son parcours politique à faire oublier les antécédents nazis de sa famille.

-C’est bien joué.

-Je ne vous le fais pas dire. Sauf qu’il y a un petit problème : nous ne sommes pas certains qu’il soit véritablement loyal à Moscou, donc nous ignorons s’il est socialiste ou national-socialiste.

-Fichtre.

-Ce n’est pas tout. Au cas où vous ne le sauriez pas, il est ministre de la défense. Vous devinez sans peine ce qui pourrait se passer.

-Ben voyons. Un petit retour en 1933, à tout hasard ? »

Elle hocha la tête.

« Vous irez donc vous assurer de ses opinions, sans attenter une seule fois à sa vie ni à celle de ses proches. Il est… légèrement paranoïaque.

-Très bien, je devrais m’en sortir.

-Ah, et vous nous servirez de pion placé au cœur de Berlin. Cavalier.

-J’aurais pensé au fou, mas ça me va.

-Quelle sera votre identité là-bas ?

-Hmm… oh, je sais. Il y a un vieux nom que je comptais utiliser, qui me vient de ma grand-mère.

-Quel est-il ?

-Adlerschloss. Karl von Adlerschloss. »

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