3.Un samedi soir bien employé
« Karl von Adlerschloss, j’écoute.
-Bonsoir, Karl. Le soleil brille bien dehors, n’est-ce pas ?
-Oh oui. Un beau zénith de quatorze heure.
-Nous aurions besoin d’un professeur d’échec pour un cours particulier ce soir. Mon fils se demande comment neutraliser une tour quand on n’a plus qu’un cavalier en fin de partie.
-Vous pouvez compter sur moi. Ce sera au square ?
-S’il-te-plaît, oui.
-Très bien, j’y serai après le repas. »
Il raccrocha avec un sourire.
« Bien, on dirait que des radicaux ont mis la main sur un stock d’armes et ont besoin d’une petite leçon. Allons-y avec tact et doigté, comme toujours. »
***
« Eh, Wilhem, t’aurais pas du feu ?
-T’as encore oublié ton briquet ? Approche-toi je vais te l’allumer.
-Merci, mec. »
Il pencha la tête vers son ami en tenant fermement sa cigarette entre les dents. Une étincelle jaillit, puis une autre, mais aucune flamme.
« Il est déjà à sec ?
-Permettez-moi d’aider dans ce cas », lança quelqu’un qui s’approchait.
Les deux hommes relevèrent le regard pour voir un grenade à manche tomber à leurs pieds. Avant qu’ils n’aient pu réagir, une vaste explosion les emporta. William émergea d’une ruelle en souriant.
« Oups, mauvais calibre. Enfin, elle brûle maintenant, c’est l’essentiel. »
Alertés par le bruit, une douzaine d’hommes sortirent d’un hangar désaffecté. Au milieu de la petite place vide, il ne leur fut pas difficile de repérer l’espion qui époussetait son costar gris.
« T’es qui, toi ?
-Selon les bonnes manières, vous devriez décliner votre identité avant de me demander la mienne. Mais bon, puisqu’elle ne m’intéresse pas, nous écourterons. »
Il dégaina un pistolet argenté en un éclair et abattit le chef du groupe. Un subordonné pointa son revolver sur sa tête, mais l’agent britannique esquiva son tir avec agilité. D’un bond, il arriva au milieu d’eux.
« L’enfoiré, il est rapide !
-Merci, je ne prends pas de compliment aujourd’hui. »
Il brisa la nuque de celui qui avait parlé avant de projeter son corps sur ses voisins. Un couteau effleura son visage. Sans craindre une seule seconde pour sa vie, William attrapa la lame entre ses incisives et l’arracha à son possesseur. Un instant plus tard, l’arme transperçait l’œil du malheureux qui avait attenté à sa vie. Sentant qu’on l’agrippait par derrière, le tueur professionnel poussa sur ses talons. Son agresseur perdit l’équilibre, mais emporta l’agent dans sa chute. C’était justement ce qu’il recherchait. En touchant les pavés, le terroriste se brisa des vertèbres, tandis que sa cible appuyait de tout son poids sur ses voies respiratoires. Tout en restant au sol, il abattit encore deux ennemis, puis se décida à se relever. Un saut périlleux l’emmena au-dessus d’un fanatique armé d’un shotgun. Une munition de 9mm fracassa le crâne de l’homme, après quoi l’espion se réceptionna lestement. Sans se presser, il ramasse le fusil à pompe de sa victime, le réarma dans un claquement satisfaisant puis décrocha la tête du combattant le plus proche.
« Tiens, c’est plus facile comme ça », remarqua-t-il joyeusement.
Un sourire se dessina sur ses lèvres pendant qu’ils exterminaient les derniers anarchistes avec une méthode rigoureuse et jouissive. Une fois son œuvre terminée, il laissa tomber l’arme et prit un instant pour regarder autour de lui.
« My, my, my. Ces docks sont peut-être isolés mais il ne faudrait pas que quelqu’un tombe sur cette scène. Et je sens déjà Charlie lever les yeux au ciel quand je vais lui annoncer l’étendue du nettoyage à réaliser ici. »
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