Il n'a suffit que d'une minute...
Il se trouve que je me suis retrouvée dans un grand centre commercial.
Ce genre de grand centre commercial comme j'y suis souvent; avec ses trois étages, ses marques de luxe à n'en plus finir, ses vitrines alléchantes, ses escalators avec vue sur tous les nouveaux pop-up et ses lumières qui rendent le tout à la fois classe et luxueux. Le genre qui regroupe toutes les plus grandes enseignes de luxe. Là où les personnes qui s'y attardent ne regardent en rien à la dépense et qui portent eux-même des vêtements et accessoires que même l'argent gagné en mes 27ans d'existence n'y suffirait pas.
Je me suis donc retrouvée dans ce grand magasin que je connais très bien mais je sentais que quelque chose n'allait pas.
Même si le visuel du magasin était toujours le même, que chaque sac était à la place où nous les avions laissés, que chaque stand était là où il devait être, je sentais pourtant que quelque chose avait changé...
Je me suis demandée où étaient donc passés tous les autres vendeurs devenus mes amis avec le temps? J'étais donc là toute seule dans l'allée centrale. Je faisais face au reste de l'étage comprenant plusieurs marques de sacs.
J'étais bien moi même, toute droite, vêtue de noir comme il est obligatoire lorsque l'on travaille dans ce genre de magasin pour pousser toujours plus l'aspect luxe et élégance. Je pouvais voir mes mèches frisées et fraîchement blonde, dépasser sur les côtés de mon visage.
Je regardais à ma droite mais rien puis à ma gauche, derrière et au dessus mais rien non plus. Je me suis demandée où étaient passés les cris des clients asiatiques lorsqu'ils s'appellent entre eux, du téléphone qui sonne où se serait sans doute mon manager qui m'appelle pour savoir si je suis bien présente sur mon stand, des autres personnes qui viennent me saluer et de la musique que l'on entend à peine pour cause de tant d'agitation?
En temps normal, j'aurais été plutôt contente d'une telle situation car moi toute seule entourée de tous ces sacs, je vous laisse deviner la suite...mais cela ne m'a même pas traversé l'esprit car je sentais un malaise ambiant.
J'ai donc décidé de monter au RDC par l'escalator sûrement pour sortir dehors mais à peine ai-je posé ma main sur la rambarde qu'une horde de personnes criant à tout va s'est empressée de descendre par ce même accès.
Ils avaient l'air enragés, les yeux rouges comme du sang; on aurait dit qu'ils étaient près à bondir tout droit sur moi et me dévorer. J'ai reculé et me suis empressée de descendre d'un étage pour me rendre au parking où se trouvait ma voiture. Mais je n'ai malheureusement pas eu ce temps....
Je suis pourtant une très grande amatrice de films d'horreurs en tout genre que se soit du zombie, du snuff, du trash, du gore, du psychopathe, etc..tout ça j'adore. Je pensais toujours qu'il était important d'avoir un kit de survie dans son sac. En tout cas, ce qu'ils préconisent dans la plupart de ces films. Je pensais aussi être prête en cas d'invasion de zombie mais ce ne fut pas le cas... Je les ai vu arriver, une foule de personnes enragées courait comme pas possible vers moi. Ils criaient, il y avait des femmes, des hommes, je ne sais plus. Cela s'est passé tellement vite. Je me souviens surtout de celui qui était en tête. Un vieil monsieur bien flippant.
Entre nous, j'aurais tendance à me dire qu'il a une bonne tête de pervers. Il avait des yeux rouges, un chapeau gris sombre mais c'est surtout sa rage qui m'a tétanisé de peur. Je crois que de toute ma vie, je n'avais jamais vu pareil rage dans l'expression de son visage. En fait, je me souviens surtout de sa bouche toute déformée un peu rose violet avec comme des genres de pustules et ouverte. Ses dents étaient bien visibles, toutes droites acérées comme limées et pointus. Elles étaient toutes de la même taille si bien que je n'aurais pas pu différencier ses dents de devant du reste. Elles étaient pleines de sang et serrée par la rage. Elles s'emboitaient toutes parfaitement. Il criait le poing levé enfin je crois tout en courant vers moi. A ce moment précis, j'ai eu l'impression d'être une sorcière après desquels les villageois courent comme pour me brûler. Le vieux monsieur a été le premier être arrivé à ma hauteur. Tout ce dont je me souviens à ce moment là sa c'est d'être restée raidie par la peur. Ensuite le trou noir....
La foule de personnes enragées et pleine de sang était désormais derrière moi, je ne semblais plus les intéresser. Je me suis retournée pour les regarder s'éloigner et me suis dis que finalement le vieux monsieur qui me faisait si peur m'avait tout au plus bousculer dans son passage.
Je me suis à nouveau retournée pour me retrouver dans ma position initiale puis j'ai vu un liquide qui semblait provenir de mon visage coule à flot. J'ai tout de suite eu le réflexe de rapprocher mes mains de mon visage comme pour prendre le liquide. Il était d'un rouge très sombre et assez épais. J'ai aussitôt reconnu son odeur de rouille comme je l'appelle. C'était du sang. J'ai tout de suite pensé que je saignais du nez comme il m'arrive très souvent. C'est plutôt embêtant surtout que quand sa m'arrive sa coule énormément comme un robinet. Étant fan de film d'horreur, il m'arrive parfois quand sa coule particulièrement beaucoup d'en faire une fausse scène de crime au dessus de mon lavabo. Oui c'est vrai c'est glauque et un peu crade aussi mais on s'ennuie vite quand on passe 1h à attendre que son nez s'arrête de couler...
Je regardais le sang remplir à grande vitesse mes mains qui étaient vite rouge et collantes. Je n'ai pas eu peur, je n'ai rien ressenti de particulier si ce n'est de l'étonnant. Puis, j'ai relevé ma tête pour faire face à l'un des nombreux miroir qui se trouvait à notre étage.... Ce que j'ai découvert m'a rempli de désespoir. Quand on pense qu'à mon âge, j'essaie encore de me construire, d'en apprendre toujours plus sur moi même, de m'accepter tel que je suis et que je viens à peine de trouver ma voie; tout cela aller être terminé...
Quelque chose m'est revenu en tête. Avant d'avoir un trou noir, je me suis souvenu que le vieux monsieur ne m'avait pas seulement bousculer comme je semblais le penser; il s'était en fait approché de moi et m'avait littéralement croqué. Il s'était mis face à moi et avait ouvert grand sa bouche pour englober la mienne, ma joue gauche en plus. Sa bouche, toute violette déformée et pleine de verrue. Imaginez en plus d'avoir l'impression d'être violer de la bouche par un vieux, moi qui ai la phobie des microbes, il m'avait croqué comme un vulgaire morceau de viande. J'ai eu un haut de cœur là, en vous décrivant ce passage, bref. Suite à cela, je comprenais maintenant d'où venait tout ce sang. Je devrais désormais faire face à se nouveau reflet.
Moi, petite métisse avec les cheveux frisé, les yeux vert et mon très récent bronzage à en faire jalouser quelques une, en l'espace d'une minute, j'avais bien changé.... Je voyais surtout ce trou béant qui prenait le dessus sur tout une partie de mon visage. Me défigurant à jamais. Sa m'a rappelé le pire cauchemar de ma meilleure amie dans lequel elle voyait une personne souffrant d'une maladie inconnu et ayant une partie du visage en moins avec la langue entièrement apparente. Sauf que là c'était bien moi. J'avais du sang partout. Il coulait de ma bouche ou plutôt de ce qu'il en restait. Il me restait un morceau de lèvre sur le côté droit en haut. Tandis que le morceau du bas pendait. Le vieux monsieur avait sûrement dû l'accrocher avec ses dents lorsqu'il les a retiré de ce qu'il restait du bas de mon visage. C'était crade et sa saignait beaucoup. Je n'avais plus de lèvre sur tout le reste du visage mais je distinguais des os, mes os, la mâchoire sans doute. Je n'avais plus qu'une moitié de menton d'où coulait énormément de sang. Alors sa ressemblait à sa en vrai. Je pouvais voir mes propres dents. Le trou de ma joue était profond, il était sombre rempli de sang noir, il dégoulinait et je pouvais même y faire sortir ma langue sur le côté. Il me manquait une partie de mon visage. Je voyais la peau qui tombait en lambeau tour autour du trou et en même temps du sang en coulait sans arrêt. J'avais évidemment son goût de rouille comme je l'appelais en bouche. Je ne ressentais pas de douleur et pour cause mon œil n'était plus vert mais bien rouge, un rouge sang ma couleur préféré. Je faisais peur à voir. Ma peau était pâle et je voyais plus que jamais les veines de mes bras. On aurait dit que le sang contenu à l'intérieur était devenu noire car elles étaient anormalement foncées. Elles étaient énormes et très visibles si bien qu'on aurait cru qu'il aurait suffit seulement de les piquer avec une aiguille pour qu'elles éclatent. J'avais du sang partout, j'avais l'impression de sortir tout droit d'un film d'horreur. C'est là que j'ai compris que j'étais comme eux; qu'ils m'avaient infecté et que la couleur sombre de mon sang contenait en fait une sorte de poison. J'étais devenu une sorte zombie. C'est pour sa qu'ils m'ont laissé, continuant leur chemin; j'étais devenu l'une des leur mais j'étais pleinement consciente. J'étais toujours la même, du moins dans ma réflexion. Je n'ai pas bronché mais j'ai vite accepté mon triste sort.
Désormais, les infectés et moi même étions un peu partout dans le magasin. Au début, j'ai sursauté de peur en en voyant un autre. Enfin, sursauté dans ma tête car je n'ai absolument eu aucune réaction physique. Je crois que je me trainais de manière linéaire. Ensuite, je me suis dit que c'était pas plus mal d'être comme eux car de cette manière je peux "vivre" parmi eux sans devoir à tout prix me cacher pour ma survit. Mais devrais-je moi aussi manger sans aucune état d'âme d'autres personnes non infectées? Pour le moment, je n'en ressentais ni l'envie ni le besoin. Peut être que sa viendrait plus tard. Finalement, j'étais sereine.
J'ai continué à avancé dans le magasin. Je me disais que j'allais désormais me trainais et faire ce que j'ai envie de faire sur le moment. Après tout, il n'y avait plus que sa à faire. Il y a quelque semaine, un nouveau pop-up store venait d'ouvrir et je me suis souvenu que le merch y avait accroché un violon qui collait parfaitement avec l'image de la marque. Faisant du violon depuis peu, j'avais toujours voulu le prendre et c'était l'occasion. Sa n'allait déranger personne et si un manager débarque; au mieux il sera comme moi "infecté", au pire, je pourrais toujours le manger qui sait? J'ai donc pris le violon et suis parti dans la partie réservée aux employés dont je connais chaque recoins pour jouer tranquille.
J'ai donc descendu un premier escalier puis parcouru quelque couloir pour arriver à l'une des meilleures salles de pause. J'ai ouvert la porte et voyant qu'il n'y avait personne, ai commencé à jouer mais quelque chose m'a interpellé. Le distributeur où j'avais l'habitude de dépenser mes 20centimes pour me prendre un café n'était plus à sa place habituelle. Pourquoi l'auraient-ils bouger entre temps? Je me suis approchée et ai trouvé derrière un jeune homme habillé tout de noir, sûrement un employé. Il était accroupie, recroquevillé sur lui même et il tremblait de peur. Il pleurait énormément. Il m'a regardé avec un regard terrifié et avait mis ses bras presque au dessus de sa tête comme auto-défense. En l'espace d'une seconde, je me suis demandée de qui avait-il peur comme sa? Après sa m'est revenu. Il avait peur de moi.
Je n'avais pas parlé, ni ouve la bouche depuis ce qui m'était arrivée mais j'ai serré les poings et me suis forcée à prononcer des mots. Je lui ai dis que je connaissais un moyen de sortir d'ici. Une petite galerie par où passe certain colis. C'était étroit mais je pense qu'il pouvait y aller et arriverait directement dehors dans une petite rue à l'arrière du magasin.
Nous avons fait le chemin jusqu'à la galerie. Arrivés devant, je lui dis d'entrer à l'intérieur et de suivre le chemin qu'il ne pouvait pas se tromper. J'allais le suivre quand je me suis rappelée que cela ne servirait à rien car moi je fais désormais parti des autres.
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