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Les Bourgeois de Calais est une statue d'Auguste Rodin, assisté à l'époque par la jeune Camille Claudel, inaugurée en 1895 dans la ville de Calais. La statue représente le sacrifice de six bourgeois (Eustache de Saint Pierre, Jacques et Pierre de Wissant, Jean de Fiennes, Andrieu d'Andres et Jean d'Aire) lors du siège de Calais en 1347, en pleine Guerre de Cent Ans. Les Anglais du roi Édouard III avait décimé l'armée française à la bataille de Crécy et comptait s'infiltrer dans le royaume via Calais.

Selon la légende rapportée par un contemporain médiéval, Jean Froissart, dans ses Chroniques de France, le sacrifice aurait permis à la ville d'éviter un massacre et de sauver sa population, après un accord avec l'Angleterre.

Si la statue en elle-même témoigne d'un moment fort de notre Histoire, sa commande l'est d'autant plus.

En 1882, Omer Julien Dewavrin, alors maire de Calais, craint que sa ville ne soit absorbée par sa voisine, la commune de Saint-Pierre-lès-Calais, à l'époque beaucoup plus imposante grâce à ses ressources en charbon et sa gare de chemin de fer, inaugurée en 1848. Il commande donc à Rodin une statue pour redorer le blason de sa ville et l'empêcher de terminer dans le néant. Rodin s'inspirera donc de l'histoire de Jean Froissart pour sa sculpture.

Coup politique inutile, puisqu'en 1885, soit 10 ans avant l'inauguration de la statue, c'est finalement Saint-Pierre-lès-Calais qui fusionne avec Calais, devenant ainsi le quartier Saint-Pierre, qui existe encore aujourd'hui.

Ironie du sort, le petit-fils de Dewavrin, André Dewavrin, jouera un grand force parmi les Forces Libres du général de Gaulle lors de la Seconde Guerre Mondiale. Comme quoi, dans la famille, on ne se laissait pas faire.

Quant à la statue des Bourgeois de Calais, il en existe aujourd'hui plusieurs dans le monde, issues du moule en bronze de Rodin. La plus récente a été inaugurée à Séoul, en Corée du Sud, en 1995.