Meurtre à la campagne
Gaspard ôta rageusement son chapeau. S'ensuivit le blouson, qu'il accrocha au porte-manteau à l'entrée de la petite maison sans fenêtres. Mais le chauffage en panne l'amena cependant à garder son pull. Sa femme venait de rentrer du village. Elle n'avait pas encore eu le temps de sortir du panier une magnifique botte de carottes achetée pour rien au marché ce matin. Son mari se glissa derrière elle et l'embrassa dans le cou. Malheureusement, il ne pouvait pas passer plus de bon temps avec elle, il devait absolument lui parler de Vincent. Son fidèle ami avait encore des problèmes : il était accusé du meurtre de la femme de Claude, le célèbre ténor qui avait, la semaine dernière encore, enchanté l'opéra de Paris. On disait dans la capitale que la pièce était magnifique : les costumes, les chœurs, tout était fabuleux.
Après une tournée triomphale, celui-ci était rentré se reposer dans sa maison familiale à la campagne. Alors qu'il s'apprêtait à entrer dans la demeure, le silence lui indiqua que quelque chose de grave s'était passé. En effet, sa femme, très bavarde – une vraie commère – voire même vindicative, se plaisait à cracher son venin sur la terre entière. Et quand elle n'éructait pas, elle passait son temps à écouter son ténor de mari sur sa chaîne stereo. Non, décidément, le silence était trop suspect. Claude se glissa donc à l'intérieur et commença à la chercher. Malheureusement, il ne tarda pas à la trouver, affalée sur l'îlot de la cuisine. Apparemment, le tueur l'avait surprise tandis qu'elle préparait une salade aux lardons.
Le commissaire Renaud avait accouru dès que Claude l'avait appelé. Un people au cœur de l'enquête, ça n'arrivait pas si souvent ! Il fallait trouver le coupable, et vite. Après avoir relevé les empreintes, interrogé le voisinage, l'inspecteur fut persuadé de tenir le criminel en la personne de Vincent.
Pourtant, si quelqu'un ne ressemblait pas à un assassin, c'était bien lui. L'air toujours abattu, très bavard, voire même trop sociable, comment aurait-il pu vouloir du mal ne serait-ce qu'à une mouche ? Mais Renaud en avait décidé autrement et le soir même du meurtre, il était venu, accompagné d'une partie de sa brigade, pour le mettre en cage. Celui-ci n'eut pas l'idée de se rebeller. Il enfila son bonnet et suivit l'équipe de policiers se résignant à passer sa prochaine nuit à l'ombre.
Lorsqu'on l'interrogea, il raconta qu'il avait passé la soirée avec un couple d'amis, Gaspard et Léa. Mais l'homme de loi n'en démordait pas : il était bien le coupable de cette sombre affaire. Passé dès le soir même en comparution immédiate, il écopa d'un mois de prison !
***
Je t'avais dis, Vincent, que tu ne devais pas t'approcher de ma poule. Claudette, j'y tenais, moi ! Le petit garçon, en pleurs, se décida enfin à enlever son pull à son lapin, Gaspard. Il retira egalement sa chaîne à Claude, son coq et son bonnet à Vincent, son chien. À la suite de quoi, il l'envoya à la niche pour un mois.
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