Chapitre 22 Léo

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C'est ses gémissements qui m'ont fait quitter mon lit. J'ai sauté par-dessus le portillon du balcon, celui-ci grinçant à l'ouverture je n'ai pas voulu la réveiller. Je me suis approché de la fenêtre de sa chambre et l'ai vu agiter. Elle devait être en plein cauchemar mais quel était ce cauchemar. Celui du type qui l'a marquée ? Lorsqu'elle s'est réveillée en sursaut, j'ai continué à la regarder mais quand elle s'est levée, j'ai très vite compris que j'avais intérêt à me carapater, avant qu'elle ne me voie, sous peine d'être encore la victime de ses foudres.

Je regagne mon appart puis descends en cuisine. Je porte un bas de jogging gris avec un tee-shirt blanc que j'ai enfilé à la va-vite.

— Tu ne dors pas toi non plus ? me surprend Falco.

— Non.

— Mauvais cauchemar ?

— Pas les miens.

— Ok, tu développes ?

— Pas envie et toi ?

— Mauvais cauchemar mais ceux de Nikita. Je lui ai annoncé que nous devions partir pour une mission à New York, la peur de ne pas me voir revenir a réveillé... disons... quelques démons du passé.

— Je comprends, ce qu'elle a vécu n'aurait jamais dû arriver.

— Je sais, me répond t'il en baissant la tête.

— Eh ! Je ne dis pas ça pour toi ! Tu n'y es pour rien, tu as voulu la protéger et tu as failli y perdre la vie. Il était déterminé à se venger de la famille Nicolson, personne n'aurait pu empêcher ce qu’il est arrivé. Il aurait très bien pu l'enlever sans que personne ne voit le véhicule ou le type. C'est la description que tu as faite de ce mec, qui a mis Monsieur Nicolson sur sa piste !

— Oui mais tu as vu où cela les a menés ? A la mort bon sang... A leur mort !

— Ça non plus, ce n'est pas de ta faute. Lewis avait décidé de régler le problème seul, à sa façon, pensant que les liens du sang étaient beaucoup plus forts. Il a fait une erreur ce jour-là, il a lui-même entraîné Alexandra dans ce piège. S'il avait partagé ses informations, nous aurions pu être un soutien, nous aurions pu l'aider à récupérer Nikita bien plus tôt. Tu n'as pas le droit de tout porter sur tes épaules. Tu as essayé mais tu n'as pas échoué, le type était seulement plus préparé.

— Il a raison coco... tu n'aurais rien pu faire, dit Nikita en entrant dans la cuisine. Tu as failli mourir par ma faute, ne l'oublie jamais. Si je n'avais pas été cette gamine gâtée, pourrie par ses parents, protégée du monde extérieur et de sa violence, peut-être que je me serais méfiée. Mais j'ai voulu la jouer grande fille... Dix-huit ans... on croit que le monde va être à nos pieds, mais... c'est le danger qui nous guette... Si cela n'avait pas été Russell, il aurait pu s'agir d'un autre homme... tu sais les belles paroles... on se laisse séduire, on suit le mec sans se douter qu'il a des idées bien plus sombres. Mes parents auraient dû m'apprendre à me méfier des hommes. A en côtoyer tous les jours entre les murs de notre demeure, je les avais banalisés, mais ceux-là ne risquaient pas de me faire du mal, ceux-là étaient mes protecteurs, notre famille. Ne t'en veux pas pour quelque chose que tu ne pouvais maîtriser, la cruauté d'un homme et de son fidèle chevalier.

Nikita vient se lover dans les bras de Falco, qui dépose un baiser sur ses cheveux.

— ...mais que faites-vous là, tous les deux, d'ailleurs ? Léo, tu vas bien ? Je te sens soucieux en ce moment. Ne me dis pas non, même si je me suis absentée pendant quelques années, n'oublie pas que je te connais depuis que je suis petite. Je connais chaque expression de ton visage mais surtout... j'ai vu comment tu regardais Shelby... qu'est-ce qu’il se passe avec elle ?

— Rien Nikita, rien qui ne devrait t'inquiéter.

— Ce sont tes propos qui m’inquiètent. Je t'avoue que j'ai remarqué le comportement de Shelby, lorsqu'elle est rentrée de son travail, dans la matinée. J'étais dans le salon, je regardais par la fenêtre, un hasard, en fait. Je l'ai vue sortir rapidement de son pick-up, elle n'avait pas l'air sereine et regardait autour d'elle. Mais le plus étrange, c'est le foulard qu'elle essayait de maintenir au plus proche de sa peau, un foulard qui n'allait absolument pas avec sa tenue, chose étrange lorsque l'on connaît Shelby. Rien ne dénote jamais dans ce qu'elle porte... alors dis-moi, Léo, que sais-tu ?

Nikita m'observe et attend. Falco s'est joint à elle, j'ai deux paires d'yeux qui me détaillent, ça me fout mal à l'aise.

— Je ne sais pas quoi vous dire... j'ai vu les bleus sur son cou et...

— ... j'en étais sûre ! dit Nikita. Elle a le comportement de fuite que j'avais lorsque je suis arrivée. Mais elle le cache bien sous ses airs de déconneuse... je ne le sens pas. Qui en a après elle ?

— Je ne suis pas sûr de cela non plus. Je crois que son patron pourrait être le problème... je ne vois pas d'autres explications. Elle ne veut rien me dire, donc ce doit être parce que c'est son patron, la peur de perdre sa place... ou la peur des représailles... toujours est-il que ce Marlo doit lui pourrir la vi...

— ...Marlo ? me coupe Nikita.

— Oui, c'est ce que j'ai compris. Elle était bourrée le soir où elle a fêté son embauche, mais quand je l'ai ramenée dans ses appartements, elle a laissé entendre qu'il n'avait pas les mains dans ses poches.

— Léo, Marlo n'est pas son patron. C'est le fils de son patron. Je le connais bien, il vient faire entretenir sa BMW au garage. C'est un sacré enfant de salaud celui-là, je les repère à dix mille kilomètres. Au moins, mon passé m'a servi à ça, repérer les fumiers. Lui, c'en est un bon.

— Comment ça ? dit Falco, il t'a dit ou fait quelque chose ?

— Non Coco, t'inquiète. Mais les gars de l'atelier parlent et monsieur se vante qu'aucune femme ne lui résiste ou alors pas longtemps. Ils ont vite compris que le mec n'était pas net, ils sont venus me prévenir de ne pas m'en approcher, sinon ils seraient obligés de se débarrasser du problème. Tu vois, nos soldats ont bien appris leurs leçons, ils ne me quittent pas des yeux, fait-elle avec un sourire vers Falco. Mais en attendant, je vais garder un œil sur Shelby, mener ma petite enquête en sous-marin, sans qu'elle ne se doute de rien. Je vais essayer de la faire se confier. Par contre, pas un mot à Sandie ! Sinon, je suis sûre qu'elle va aller lui refaire le portrait et tant qu’on n’a pas de preuves solides.

— Ok, dis-je. Merci Nikita.

— Ne me remercie pas, je n'ai encore rien fait. Bon, si nous retournions nous coucher. Vous savez qu'il n'est que trois heures du mat ?

Sur ce, nous regagnons chacun nos appartements. En général, lorsque l'un de nous ne va pas bien, les endroits pour penser ou boire, sont toujours les parties communes. Ne me demandez pas pourquoi, ne pas vouloir broyer du noir seul dans son appart, ou l'habitude de vivre en communauté et de partager, ce que Shelby n'a pas l'habitude de faire à priori.

Je me plonge dans mon lit, rassuré que Nikita essaie d'en savoir plus. Je la connais la petite, elle sait asticoter pour déterrer des secrets. Petite, c'est bien elle qui m'a fait prononcer mes premiers mots, alors que j'étais muet depuis le décès de mes parents. Je lui fais confiance pour démêler le vrai du faux.

Je descends le lendemain... enfin, on va dire trois heures plus tard. Sandie veut se rendre sur la tombe de sa mère à Las Vegas et en profiter pour savoir si elle peut rapatrier le corps sur le cimetière de Waco. Chose qui ne doit pas être aisée, au bout de sept ans maintenant. Elle ne sait pas où a été enterrée sa mère, ne sait même pas si elle a une tombe d'ailleurs, mais elle veut croire que oui. Que Caleb lui aurait offert ce dernier voyage. Apparemment vu l'histoire qu'elle nous a racontés, Caleb a dû se débarrasser du corps. On ne l'enveloppe pas dans une bâche, si c'est pour l'enterrer au cimetière. Mais on ne sait jamais, une once d'humanité... on peut rêver. Toujours est-il que nous devons embarquer à huit heures, on a trois heures de vol environ pour y aller. Bref, on en a pour la journée.

Je finis d'avaler mon troisième café noir, quand Sandie fait son apparition.

— Bonjour Léo, bien dormi ?

— Oui merci et toi ?

— Comme un bébé, les filles font leurs nuits depuis une semaine, je dois dire que c'est du pur bonheur, me sourit-elle.

— J'imagine, mais tu sais que tu peux compter sur moi pour les garder, au cas où tu veuilles te reposer ?

— Oui, je sais Léo, c'est gentil mais tu as autre chose à faire que de t'occuper de deux petits monstres. Tu as déjà la mère sur le dos, alors on va éviter de te mettre les filles avec, rit-elle.

— Rassure toi, tu n'es absolument pas un fardeau pour moi, Hope et Maïa non plus. Tu sais que j'adore ces deux chipies ainsi que le calvaire qu'elles font vivre à leur père. Elles le mènent par le bout du nez et c'est très drôle de voir comment un homme comme Ghost, peut devenir une guimauve face à deux brunettes, aux yeux bleu lagon.

— Qui parle de guimauve ? dit Ghost en entrant à son tour dans la cuisine, puis en se dirigeant vers la machine expresso, pour se faire couler un café noir.

— Personne, dit Sandie. Bon Léo, si on se mettait en route ?

— Oui M'dame, réponds-je en souriant.

— C'est c'la oui, évitez de me répondre mais ne me prenez pas pour un con, continue Ghost, si vous croyez que je n'ai pas compris, que vous vous foutiez de moi et de mes splendides jumelles.

On entend à ce moment-là, des petits bruits venant du baby phone que tient Ghost en main.

— Je crois qu'en parlant de mes chéries, je les ai réveillées. A plus tard les loosers.

Sur ce, il remonte dans son appart.

— Je vais enfiler autre chose qu'un jogging et je reviens, dis-je à Sandie.

Dix minutes plus tard, nous montons dans le van, direction l'aérodrome de la famille Nicolson. Et trois heures trente plus tard, nous sommes devant l'hôtel de ville de Las Vegas, au quatre cent quatre-vingt-quinze. Nous franchissons les portes et nous dirigeons vers l'accueil.

— Bonjour Madame, je voudrais savoir si ma mère a été enterrée dans un des cimetières de Las Vegas, dans les années deux mille douze.

— Son Nom, prénom, adresse, nous débite la femme de l'accueil.

— Sulivan Laura, elle vivait au club « black Vultures ».

La femme relève immédiatement la tête.

— Vous savez quel jour elle est décédée ?

— Le quatorze septembre deux mille douze.

La femme pianote sur son clavier pendant quelques secondes, puis relève les yeux.

— Je suis désolée, Mademoiselle.

— Madame. Je me nomme Madame Nicolson.

— Je suis désolée Madame Nicolson, mais je n'ai rien à ce nom-là. Connaissez-vous les raisons de sa mort ? maladie ? accident ?

— ... meurtre. Ma mère a été assassinée sous mes yeux, avant que je ne prenne la fuite.

— Ah euh... à ce moment-là, ce n'est pas ici que vous trouverez des réponses mais dans les commissariats. Je vous conseille de commencer par celui qui était proche du Club, que vous venez de citer. De mémoire, il y a eu souvent des personnes signalées disparues au fur et à mesure des années, avant que ce dernier ne soit la proie des flammes.

— Merci Madame, dit Sandie en se tournant vers moi pour me faire comprendre que notre recherche ne fait que commencer.

Nous nous rendons directement au commissariat du quartier où exerçait ce Liam, nommé plus exactement Ashton Mason. C'est ce commissariat que Sandie avait joint pour annoncer le décès de sa mère ainsi que la prise en otage de Nikita. Peut-être auront-ils quelque chose, même si ce Ashton a dû prendre soin d'effacer les traces des méfaits de Caleb et de son frère.

Nous arrivons à l'accueil où Sandie expose de nouveau sa requête. L'agent pianote puis nous dit,

— Je suis désolée Madame Nicolson...

— ... je sais, vous n'avez rien à ce nom-là, c'est ça ?

— Oui c'est exact. Par contre, nous avons des photos des corps que nous avons retrouvés mais que n’avons pas pu identifier, par manque d'informations. Ces photos peuvent être très dures à regarder, mais elles peuvent vous apporter des réponses. Nous pouvons commencer par celles du quatorze septembre deux mille douze, puisque vous détenez déjà cette information.

— Oh oui, merci ! dit une Sandie qui retrouve le sourire.

— Suivez-moi, je vais demander à un agent de remonter les archives de l'année deux mille douze, deux mille treize. En fait, vous n'aurez pas à feuilleter autant de photos, car elles sont classées. Les décès ont pu être approximativement datés, même les corps en décomposition. Mais parfois, aucun portrait ne pouvait être tiré, alors dans ces cas-là, des photos des parties de corps, encore en état, ont été prises. Elles peuvent révéler des tatouages ou des marques de naissance, qui pourront être reconnus par les familles à la recherche de leurs proches, comme vous.

Nous suivons donc l'agent au travers des couloirs. Elle nous ouvre une pièce sur la droite puis nous demande d'attendre là, que l'on vienne nous apporter les dossiers.

Un quart d'heure plus tard, un autre agent entre dans la pièce, il roule un chariot contenant des dossiers en cartons.

— L'agent Connors m'a demandé de vous monter les dossiers des personnes non identifiées, sur les années deux mille douze, deux mille treize, j'espère que vous trouverez ce que vous cherchez Madame, Monsieur. Je vous souhaite bon courage.

— Merci sergent.

Il quitte la pièce et nous laisse seuls, face à une pile de dossiers, seize pour être exact. Sandie sort une photo de sa mère. On voit que la photo a été pliée plusieurs fois, peut-être pour être dissimulée, pour que personne ne la trouve à l'époque.

— Voilà à quoi ressemblait ma mère, deux ans avant son décès, avant que la maladie ne l'attaque et que Caleb la finisse, me dit-elle une boule dans la gorge.

— Ok, je vais attaquer par les dossiers du mois d'octobre. Je te laisse prendre ceux commençant après le quatorze septembre.

— Merci.

Nous passons les deux heures qui suivent à feuilleter des dizaines de corps. J'ai l'habitude de voir des cadavres cela ne me fait ni chaud, ni froid, mais je vois que pour Sandie, c'est très compliqué.

— Si tu veux arrêter là, je prendrais la suite. J'ai l'œil, je saurais la reconnaître.

— Non, merci Léo c'est gentil, mais je dois affronter cette réalité, je lui dois bien ça. Elle s'est sacrifiée pour moi.

— Non, elle a protégé la chair de sa chair. Crois-moi, pour elle ce n'était pas un sacrifice mais une question de survie. Ce qu'elle n'aurait pas eu s'il t'avait trouvée avant de l'avoir tuée. Vivre en sachant que son enfant traverse des horreurs... tu dois savoir ce que cela ferait maintenant que tu es mère.

— Oui tu as raison. Je donnerai ma vie pour elles. Je ne pourrais pas continuer à vivre en sachant qu'elles souffrent et que je ne peux rien faire.

Nous reprenons donc notre triage et puis...

— Bingo ! dis-je, je crois que je l'ai trouvée. Oh excuse-moi, je ne voulais pas dire ça comme cela.

— T'inquiète Léo, il n'y a aucun problème. Je sais bien que tu as vu plus de morts que je n'en verrais au cours de ma vie, cela ne me choque absolument pas. Fais-moi voir ?

Je lui tends la photo que j'ai trouvé dans le dossier d'août deux mille treize. On peut voir le visage de la défunte. Le rapport fait état de la découverte du corps, dans le cercueil d'une autre personne, dans un caveau, ce dernier n’étant pas sous terre dans ce genre d’endroit. Personne ne l'aurait vu s'ils n'avaient pas choisi celui d'un homme adulé par sa communauté et les recueillements qui se succédaient. C'est la fille du défunt qui a découvert que les scellés avaient été fracturés, n’étant pas revenu depuis un an se recueillir. Elle en a averti la police immédiatement, c'est ainsi que le corps avait été découvert reposant sur celui de l'homme. Le visage de sa mère est maigre, il ne reste que la peau sur les os, elle reconnait également les vêtements qui la recouvre encore et la trace sur son cou que les enquêteurs ont relevée sur le rapport d'autopsie. Les bijoux qui ornaient les doigts de sa mère ont été aussi photographiés, un médaillon renfermant une photo d’enfant ne laisse plus aucun doute sur l'identité de la victime. C'est bien la mère de Sandie, la photo dans le médaillon est celle d'une petite fille, c'est elle à l'âge de deux ans. Il faut savoir qu’un corps met deux à trois ans à se décomposer s’il n’a pas suivi de soin par des thanatopracteurs, beaucoup plus s’il y en a eu.

— Il y a l'endroit où son corps a été enterré par la suite, nous allons pouvoir remplir les formulaires et demander son exhumation pour le faire rapatrier à Waco, lui dis-je en la prenant par les épaules et en la serrant un peu, pour lui remonter le moral.

— Tu as raison, je vais pouvoir l'avoir à mes côtés pour honorer sa tombe comme il se doit. Allons-y.

Les heures suivantes, nous faisons toutes les démarches pour que le corps de Madame Sulivan soit expédié à Waco, puis nous reprenons le jet privé pour rentrer au bercail. Cette journée a été riche en émotion pour Sandie. Elle s'est assoupie dans l'avion et semble revivre quelques cauchemars, au vu de l'agitation qui la saisit. Elle se réveille en sursaut lorsque je m'approche d'elle, posant ma main sur son épaule.

— Je ne voulais pas te faire peur mais nous allons bientôt atterrir, il faudrait que tu attaches ta ceinture.

— Oui bien sûr, merci Léo.

Après avoir débarqué, nous regagnons le QG, il est vingt et une heures. Nous avons mangé dans l'avion lors du décollage, c'est une chose en moins, que nous aurons à faire. Il me tarde de prendre une bonne douche pour laver mon esprit de tous ces corps. Une bonne partie de jambes en l'air avec Grâce devrait effacer tout cela, à moins qu'elle soit déjà entre les cuisses d'un autre, auquel cas je devrais revoir mon choix.

Nous retrouvons quelques membres avec leurs régulières. Mais il y a aussi Nikita, Falco, Sandie Ghost et Shelby qui me regardent dès que je rentre, avant de détourner le regard. Le mien se pose sur Nikita qui me fait un signe, signe qui m'indique que pour l'instant rien de nouveau. Nous nous joignons au groupe, Sandie raconte notre journée dans les moindre détails, de notre visite à l'hôtel de ville, jusqu'aux dossiers que nous avons dû feuilleter, et enfin au rapatriement qui est prévu dans un mois. Le temps que l'administration se mette en branle, c'est le délai le plus raisonnable que nous avons pu obtenir. Cela pouvant prendre, parfois plusieurs mois.

A vingt-trois heures trente, je me lève de mon fauteuil dans lequel je m'étais avachi lors de notre arrivée, alors que les autres finissaient de manger autour de la grande table.

— Bon les gars, ce n’est pas que je m'ennuie, mais après cette journée, j'ai besoin d'une bonne douche, alors je vous souhaite à tous une bonne nuit.

— Les gars... les gars... dit Shelby... et nous ? On n’a peut-être pas le matos entre les jambes, mais on l'a plus haut, et sans ce dernier, le vôtre ne vaudrait pas grand-chose... juste deux billes sèches... ou alors...

— C'est bon Shelby ! dit l'assemblée en même temps, hilare.

— Bon, je vois que tout le monde est contre mes idées... peut-être un peu trop... féministes ? Nous sommes vraiment dans un club de machos non ? Sandie, comment peux-tu ne pas réagir ?

— Parce que ma chérie, celui qui tient les burnes de l'autre, c'est moi !

— Eh ! fait Ghost.

Et là, tout le monde part en éclat de rire.

— Ok...vive les femmes ! crie Shelby en se relevant, moi aussi je vais faire téter mes puces ! euh... enfin... non... ce n'est pas ce que j'ai voulu dire... Par les puces... j'entends... faire téter... non en fait... ce n’est pas téter... c'est une expression...

— ... c'est bon Shelby ! reprend le groupe.

— Alors si c'est bon, ben tant mieux ... AAAHHHH... non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Oh... et puis flute ! je vais me coucher, Na !

C'est sous les rires qu'elle grimpe les marches en courant. Je n'ai même pas pu la rattraper avant qu'elle ferme la porte. Je l'ai entendue fulminer tout le long de sa montée. Quel spécimen, j'vous jure, y'en a pas deux comme ça ! divertissante... maladroite... drôle...et si ... sexy dans sa nuisette de petits chiens... bon sang, faut que j'arrête et que j'appelle Grâce pour une vidange express.

Je rentre dans mon appart, ouvre en grand la baie vitrée puis je vais dans la salle d'eau pour un nettoyage sous un bon jet d'eau chaude. Je reste bien dix minutes à apprécier la chaleur. La buée a envahi la pièce et déposé de l'humidité sur le miroir. Je me sèche, me sers de ma serviette pour l’essuyer et pouvoir ainsi me raser. Je verse une quantité de mousse dans mon bol de rasage, attrape mon blaireau puis me badigeonne la barbe. Elle commence à me démanger, signe qu'il est grand temps que je la coupe. J'attrape ma lame, je préfère cela au rasoir, puis pose mes doigts sur un côté de mon visage pour étirer ma peau et ainsi être précis pour avoir une coupe nette.

— Qu'est-ce que... c'est quoi cette merde ?

J'ai les doigts qui collent à la peau... je les rapproche de mon nez mais ne sent rien de spécial. Je goutte... oh putain... la garce... de la chantilly !

— Alors là... alors là Gamine, tu vas me le payer ! crié-je en sortant la tête de ma salle d'eau, dirigeant ma voix vers la baie vitrée, étant sûr qu'elle écoute les moindres de mes faits et gestes.

Je me rince la tronche, prends dans un tiroir sous vasque, une nouvelle bombe à raser. Recommence la manœuvre puis dix minutes plus tard, je sors discrètement sur la terrasse, habillé de mon bas de jogging. Je regarde si elle ne me voit pas arriver. Mais à priori, elle doit croire que je me vengerais plus tard puisqu’elle n'a pas fermé toutes ses fenêtres, ou alors elle en a oublié. La baie oui, mais pas son bureau. Celui-ci est éteint, preuve qu'elle ne doit pas bosser ce soir.

Je me glisse à l'intérieur, entrebâille la porte légèrement, puis regarde avec le jeu de lumière que renvoie la baie vitrée, si elle est présente dans la pièce. Elle est en train de se préparer ce que je suppose être une tisane et chantonne.

— « ♫♪ ça mon vieux tu vas... ça mon vieux tu vas... ça mon vieux tu vas me le payer... La vengeance est un plat que se mange froid, et tu vas te glacer d'effroi, en constatant que mon appétit, est loin d'être petit, petit... tu peux prendre tes jambes à ton cou... vite avant que je te le torde... ce qui ressemblerait encore beaucoup trop... à de la miséricorde ♫♪ »

— Je pense que c'est toi qui vas me le payer, dis-je en lui sautant dessus, armé de la bombe de chantilly, qu'elle a maquillé en bombe après rasage.

Surprise, elle crie, commence à se débattre en riant... il ne m'en faut pas plus pour partir à la déconnade, l'entendre rire est un baume pour le cœur. Je la coince dans le coin de la cuisine et la badigeonne de chantilly. Au début, elle se débat, puis s'arrête. Je suspens donc mon geste... erreur... elle se jette sur moi pour s'essuyer... puis se met à courir dans la pièce, toujours morte de rire.

— Tu ne m'échapperas pas, gamine. Je vais te faire regretter ce que tu as fait, lui dis-je avec un clin d'œil.

— Tu n'as pas le droit ! C'est toi qui as commencé les hostilités ! Et puis d'abord, comment es-tu encore rentré chez moi ! Ce n’est pas possible, c'est une manie.

Elle fait le tour de son canapé, pendant que moi, je fais l’inverse, pour essayer de la choper.

Je fais des pas chassés à droite puis à gauche. Cela la fait tressaillir et augmenter son hilarité. Jusqu'au moment où elle perd sa concentration. A ce moment-là, je saute par-dessus le fauteuil, la chope par les jambes pour la balancer par-dessus mon épaule.

— Arrête Léo ! Arrête ! rit-elle de plus belle.

— Hors de question gamine, qui me cherche me trouve !

Je nous dirige vers sa salle d'eau puis allume le jet d'eau chaude. Elle crie.

— Non ! tu ne vas pas oser quand même ! Léo je te préviens si tu fais ça ... je... je... AAAHHH... bougre de bougre... de....

Je me suis jeté sur ses lèvres. Je ne sais pas ce qui m'a pris. La voir dans sa nuisette trempée, la chantilly dégoulinant de son visage... j'en sais rien... mais nous voilà tous les deux... collés contre le carrelage froid de la douche, sous une pluie d'eau chaude... nos lèvres s'unissent... j'arrive à passer la barrière de ses dents, à mélanger mon goût au sien ainsi qu'un goût sucré de chantilly. Nos langues se cherchent, se sucent... nos dents s'entrechoquent, se mordent. Mon bas de jogging ne cache en rien l'érection proéminente qui se cache dessous. Je suis tendu et ça me fait mal... j'ai les bourses en feu, je ne rêve que de me planter dans son antre. Elle passe les jambes autour de ma taille, resserre plus fort ses bras autour de mon cou... bon sang... Je recule mon visage du sien, la regarde dans les yeux. Les siens sont comme les miens, fièvreux.

— Est-ce vraiment ce que tu veux gamine ?

— Purée de moine... oui ! Bruton !

— Tu as ce qu'il faut dans ta chambre ?

— Euh... non... désolée, ce n'était pas dans mon programme de finir en koala autour d'un ours, rit-elle.

Bon dieu ce son.

— Alors tant pis pour toi.

— Qu... Quoi ? me dit elle

— Tu vas devoir éponger ta salle d'eau et ton salon, car je t'emmène dans ma tanière !

Je la porte à travers les pièces, toujours en position de koala, ouvre la baie vitrée, le portillon et l'emmène sur mon lit. Je l'allonge, nous sommes mouillés alors je lui retire sa nuisette... punaise... elle est juste magnifique. Elle a le réflexe de mettre ses mains devant ses seins... ses si jolis seins... je me débarrasse de mon bas de jogging.

— Attends ! je reviens.

Je rentre dans mon dressing pour attraper une grande serviette puis retourne vers son corps étalé comme une étoile de mer, sur mon matelas.

— Toujours partante gamine ?

— Un peu moins de bavardage et un peu plus d'action, s'il te plaît.

— Tu ne viendras pas pleurer après c'est sûr ?

— Pour l'instant, celle qui pleure c'est ma chatte !

— Oh très fin !

— Ouais... ben... je n’ai pas dit que je l'étais non plus... tu comptes me faire les yeux doux encore longtemps ou mettre ta viande sous vide, avant de l'enfourner ?

— De plus en plus fin... dis-je en riant, essuyant d'abord son corps, puis le mien.

— Léo ! aboule le matos au lieu de m'essuyer ! c'est plus bas, que ça mouille et... oh bon sang.

Je viens de l'enjamber et après avoir positionné un préservatif sur mon membre, je commence à me présenter à son entrée.

— OH... mince, reprends-je.

J'ai à peine pénétré les portes de son paradis que je m'aperçois qu'elle est très serrée. Je dois me rappeler qu'à ses dires, elle n'a eu qu'une relation à ses seize ans et c'était un viol. Je vais donc doucement, serrant les dents pour ne pas être le gros enfoiré et prendre mon pied avant de lui avoir fait prendre le sien. Je pose mes doigts sur son clitoris et commence à tourner autour de son bourgeon. Je sens qu'elle se détend un peu plus, me fixant. Je vois de l’appréhension dans son regard.

— Il est toujours temps d'arrêter gamine, tu n'as qu'un mot à dire... c'est toi qui gouvernes, rappelle-toi... si tu ne veux plus... ce n'est pas grave, dis-je le pensant fortement mais en souhaitant le contraire.

— Non c'est bon, c'est juste que je n'ai pas eu de relations... normales... depuis... depuis... enfin... bref... j'ai un peu peur de la douleur.

— Ok, alors on va procéder autrement. Tu me fais confiance ? lui demandé-je.

— Euh... on ne se connaît pas trop... en fait... on ne se connaît pas... du tout... sur ce point-là... en fait et... je ne peux pas dire... que je te fais...

— ... Shelby, dis-je doucement, fais-moi confiance, détends-toi. Ne me quitte jamais des yeux. Ok ?

— Euh... oui... oui... d'accord.

Je descends vers son mont de vénus sans la quitter des yeux, observant toutes ses réactions. Pour avoir entendu Falco discuter avec Ghost, je sais qu'après avoir été violé, il faut rétablir une confiance, ne surtout pas que la nana ferme les yeux lors des premières relations, pour qu'elle associe le plaisir qu'elle reçoit, au visage qu'elle voit.

Je lèche... suçote... elle est rouge comme une pivoine, c'est mignon.

— Je vais te préparer à me recevoir, pour cela, je vais entrer un doigt en toi pour t'écarter un peu ok ? Puis, lorsque je sentirais que tu lâches un peu prise, j'en rajouterai un deuxième.

— Ne me dit pas que tu vas y entrer la main quand même ? me dit-elle soudain anxieuse.

— Non, ris-je, je ne suis pas aussi gros que ça, t'inquiète... Deux doigts, pas plus.

— Euh... ouais... comme le whisky quoi !

Je ne comprends pas l’image.

— « Je vous en mets deux doigts », dit-elle d'une grosse voix en imitant je ne sais qui.

J'éclate de rire.

— Oui ma belle, on peut dire ça comme ça, mais si tu te mets à raconter des anneries je ne suis pas sûre que tu te détendes, concentre-toi sur tes sensations... tu es prête ?

— Depuis des mois !

— Ok ! ris-je, désolé d'avoir été si long à la détente.

— En parlant de détente... tu vas la tirer ta cartouche !

— Oh bon sang... tu ne t’arrêtes jamais !

— Le stress me fait dire des conneries !

— Alors, tu dois être une éternelle stressée, parce que les conneries... elles se succèdent.

Je reprends le mouvement de ma langue sur son clito, la pénètre avec pour la goûter. Ce qui a le mérite de la faire taire... Puis, commence à entrer un doigt. Lorsque ses parois se relâchent, je la pénètre d'un autre doigt, tout en faisant des allées et venues, à l'intérieur de son fourreau. Elle commence à se tortiller, signe que le plaisir monte. Je titille son clito avec mon pouce, sa cyprine coule sur mes doigts, preuve de son excitation. Elle me fixe toujours, la bouche entrouverte, sa respiration saccadée... une fois que je la sens prête à m'accueillir, je me glisse en elle après avoir vérifié que mon préservatif est toujours en place. Je détecte un peu de peur lorsqu'elle me sent la pénétrer, mais mes lèvres viennent dévorer sa bouche, ce qui a pour effet de lui faire lâcher prise. Je m'enfonce doucement, ses parois sont si serrées. Je pourrais jouir tellement la sensation est juste délicieuse... chaude... Lorsque mes bourses touchent sa peau, je sais que je suis au fond de son écrin... Un paradis... je commence à me déhancher doucement. Elle entoure ses jambes autour de mes reins, ses prunelles me fixent, de la sueur recouvre nos peaux respectives, moi à cause de ma retenue, elle a cause de son excitation. J'accélère mes mouvements mais pas trop vite. La pression de ses pieds sur mon dos, me montre qu'elle veut que mes mouvements s'accentuent.

— Vas-y, je t'en prie, aide-moi à oublier, me dit-elle les larmes dévalant le long de ses tempes.

Je ne m’attendais pas à un tel aveu qui me prend aux tripes, j'accélère. Nos corps fusionnent, nos bouches se soudent et son cri se perd au fond de ma gorge. Le mien se libère quelques secondes plus tard. Je relève ma tête pour observer son visage, j'embrasse ses yeux pleins de larmes. Elle n'a plus envie de plaisanter, je sens une douleur au fond de ses entrailles, je continue de l'embrasser, de doux baisers sur ses yeux, sur ses lèvres. Chose qui n'est vraiment pas dans mes habitudes mais avec elle, je bouleverse toutes mes certitudes, l'affection... tout ce que je ne voulais plus... tenir à quelqu'un, des sentiments que je me refusais et qui sont en train de prendre possession de mon âme.

— Tu me raconteras un jour ? Tu m'expliqueras pourquoi une aussi belle et aussi teigne fille comme toi, traîne une souffrance, bien trop lourde pour ses frêles épaules ? Promets-le-moi ?

Elle renifle, essuie ses yeux.

— Peut-être un jour, renifle t’elle, peut-être.

Et alors que je m’étais allongé à ses côtés, pensant la prendre au creux de mes bras. Elle attrape l'oreiller tombé au sol lors de nos ébats, me l'abat sur le visage et en profite pour s'enfuir à travers les pièces, regagnant son appartement, en criant

— Quatre à trois !

Elle n'arrête donc jamais ! La fuite comme unique défense... Fuis gamine fuis... mais je te rattraperai.

— Faux ! Tu oublies la douche ! Cinq à trois.

Je l'entends fulminer et refermer sa porte vitrée.

Je repositionne mon oreiller, place ma main derrière ma nuque et souris à ce qu’il vient de se passer. Bon sang, elle me tue cette gamine. Son sourire de façade pour cacher ses douleurs, son humour décalé. Je n'ai jamais rencontré une nana pareille. Elle a l'air bousillé à l'intérieur mais ne montre rien en vue de l'extérieur. C'est une énigme. J'aimerais savoir également, d'où viennent les cicatrices qu'elle a en bas du dos. Je voudrais savoir tellement de choses, je suis frustré de ne pas y arriver. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Jamais une gonzesse ne m'avait fait me poser autant de questions. Le peu que je sais, c'est ce que Sandie m'en a dit. A priori, elle n'est pas au courant de tout et surtout pas de son nom de famille. Je pense même qu'elle ne sait rien de la vie de Shelby avant leurs rencontres dans ce fameux café. Je vais la garder à l'œil pour découvrir quel est l’enfoiré, qui l'a marqué de bleus. D'après Nikita, le fils de son boss serait une ordure de première, si c'est lui, je jure qu'il ne pourra plus bander, ni même procréer. En même temps, si c'est pour qu'un autre enfant de salaud voit le jour, autant arrêter la lignée maintenant.

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