La culpabilité est bien pire que n'importe quel sentiment. Et moi, ma culpabilité ne se résume qu'à une seule date : 13 janvier 2011. Le jour où j'ai failli être humble et courageux, suaf que j'avais préféré la lâcheté. Pourquoi s'apesantir davantage sur cette date funeste ? Parce que je n'arrive nullement à partir de l'avant, à tourner une page dénuée de tes tâches de ton sang, à me pardonner tout simplement. Ton souvenir est là, gravée à jamais dans ma mémoire, ton dernier regard suppliant et craintif berce encore mes cauchemars, flagelle ma conscience à coup de cilices infatigables.

J'aurai dû mourir pour toi, cette nuit d'hiver où il neigeait dehors. J'aurai dû me retoruner sur mes pas, te tendre la main d'un ami d'une longue date et te hisser sur mes épaules. Au lieu de quoi, je restai aussi amorphe qu'un bourreau au coeur de pierre, à te regarder souffrir le martyr à cause de ta jambe criblée d'une balle alors que le vieil homme était à notre poursuite, un fusil à la main. J'aurai dû respecter notre slogan préféré " Criminels ensemble et à jamais ". On le scandait tous les deux, mais l'un de nous deux était plus incère que l'autre. A tes dépens.

Notre argent volé ne m'a jamais servi à quelque chose. Il est quelque part dans la mer miditerranéenne.

Je souffre de ton absence car quand on perd un ami, on perd tout un monde. La vie, après ça, n'a plus ce goût de sucré salé que j'adorais tant.