III
Au creux de l’estomac de Gorneval, ne désemplit pas la colère pour ses amis ou ceux qu’il croit l’être. A l’endroit même où quelques temps plus tôt, naissait un sentiment nouveau d’une douceur sans égal, voilà que perdure un autre sentiment fort désagréable. Le jeune Roi, aux prises avec une foule de sentiments contradictoires, peine à comprendre. Lui, que la paix et la plénitude avait fait chevalier, s’enfonce inéluctablement dans un état de doute absolu.
Il à l’impression que sa défaite à Lidan a sonné le signal du changement. La présence de Cassandre à cette rencontre, tempère cependant son jugement. Par ailleurs, la promesse non tenue de ses amis le blesse encore un peu plus. Sa douleur est grande, mais ce n’est pas pour autant qu’il, renonce à l’entraînement. Il rejoint Périnis sur le théâtre de leurs plus beaux moments. Au milieu des arbres ils continuent d’échanger leur énergie. Le maître se fait dominer par l’élève ; ses bottes secrètes ne le sont plus pour Gorneval ; son agilité n’est plus rien comparée à celle de son élève et sur un cheval, ce dernier a beaucoup apprit de la joute. Périnis pense pour la première fois que son but est atteint, qu’il est parvenu à élever son élève au rang de preux. Et même s’il est un Roi, tout le temps qu’ils ont passé ensemble, lui servira dans la reconquête de Lidan. Le maître d’arme s’apprête à expliquer à son fils spirituel, quelle est sa place au royaume de La Vallée des Larmes quand le jeune homme s’interroge.
“ Pourquoi n’y a t-il pas de Roi ici alors qu’il en existe partout ailleurs ? ”
L’instant est important pour Périnis qui voit, pendant un court instant, le ciel de ses angoisses s’éclaircir. En l’espace d’un éclair, il réalise qu’il n’aura plus très souvent d’occasions comme celles-là. Gorneval lui offre inconsciemment la possibilité de se délivrer de son si lourd fardeau. Mais il refuse. Pendant cette longue hésitation, Périnis s’aperçoit qu’il aime le jeune garçon comme un fils. Le fils qu’il n’a jamais eu, celui qu’il n’aurait pas pu élever mieux que celui qu’il a en face de lui. Il ne sait combien peut être grand, l’amour d’un père pour son fils, mais tout ce dont il est sûr, c’est que s’il avait dû se l’imaginer, il n’aurait pas été plus fort que le sien. Alors, comprenant très bien qu’il perdrait la confiance du jeune homme en lui avouant le difficile secret, il renonce à lui dire la vérité et remet cet instant à plus tard, le plus tard possible.
“ Il y en a un, mais personne ne l’appelle ainsi. C’est une sorte d’accord tacite entre la population et nous. ”
Gorneval ne comprend rien à l’explication, pour le moins approximative, de son maître d’arme.
“ Je sens la peur dans votre voix, quelque chose ne va pas ? ”
Périnis ne répond rien et regarde fixement le dauphin, un peu gêné. Ce dernier, terrifié, préfère ne rien ajouter plutôt que de s’attirer les foudres de son maître. Il comprend de moins en moins l’attitude du preux, mais comprend qu’il ne faut pas qu’il aille plus avant. Le regard de Périnis est suffisamment éloquent pour le laisser sous-entendre.
L’incompréhension de Gorneval s’arrête ici. Depuis cet instant, il réserve les questions qu’il juge importante pour son évolution, à sa préceptrice. Elle devient ainsi une sorte d’encyclopédie pour lui. Il puise en elle, toute la culture dont il sent qu’il a besoin. Et elle, qui connaît le lourd secret de sa naissance, le regarde s’épanouir, grandir, mûrir et embellir sans pouvoir non plus se résoudre à lui parler.
Le dauphin, de son coté, n’a de cesse de penser à celle qui remplit désormais son esprit depuis la joute. Cassandre résonne dans tête comme l’écho au fond des gorges de l’oubli. Le misérable chevalier qu’il croit être, se force à ne pas se laisser envahir par ce sentiment qu’il ne connaît pas, mais qu’il aime entretenir au creux de son estomac. Ses chatouillements sont toujours aussi agréables et l’idée de la revoir, germe au fond de ses rêves. Il constate une fois de plus, avec émerveillement que l’image qu’il a d’elle, ne se détériore pas. Il conserve toujours au fond de lui, l’image parfaite de cette princesse lumineuse qui a su, par sa simple présence, éveiller en lui, de prodigieux sentiments. Plus son visage imprègne ses nuits, plus il croit perdre la raison. Ne l’approcher que par l’esprit devient ainsi, rapidement intolérable. Il ressent en lui, une forme de désir larvé, qui grossit et s’étend, sollicitant inexorablement le contact de Cassandre. Il s’agit d’un sentiment qu’il ne connaît pas et qui lui fait peur. Il ne comprend pas pourquoi ce contact est si important. En quoi sa proximité pourrait t-elle l’aider à se sentir mieux ? Pourtant, il sait que tout son être l’appelle, que son corps a besoin d’elle pour se libérer des chaînes d’une infâme déprime. Mais pour lui, avoir besoin de quelqu’un est incohérent. La pensée a toujours été le seul moyen d’accéder aux autres. La présence physique de la princesse est pourtant quelque chose qui lui fait défaut. Il sait bien qu’il s’agit d’un besoin qu’il s’est créé lui-même, mais le fait de ressentir cette dépendance envers quelqu’un qu’il n’a vu qu’une seule fois, l’oblige à se pencher sur les raisons d’une telle intensité émotionnelle. La folie le gagne au travers de ces questions incessantes qui finissent par le harceler jours et nuits et qui l’empêche de penser à quoi que se soit d’autre.
Il se tourne inévitablement vers Eléonore pour tenter de résoudre son problème.
“ L’amour est-il une dépendance ? ”
“ En quelque sorte. C’est une dépendance exclusive. ”
“ Peut-on dire que l’on est amoureux à partir du moment où l’on est dépendant ? ”
“ Non ! Il doit y avoir entre deux êtres, d’autres raisons que tu connaîtras sans doute ”
“ Un chevalier a t-il un cœur ? ”
“ Il paraît qu’un chevalier se doit de n’avoir aucun sentiment. Mais je suis sûre que tu en as un et qu’il te servira ! ”
Gorneval voudrait encore poser des centaines de questions. Mais l’ennui que pourrait procurer cette longue liste de questions, rebute un peu le jeune chevalier. Il s’en va alors rejoindre ses amis. Le soleil est radieux et dégage une sorte de joie communicative qui s’empare aussi de lui.
Tous les griefs qu’il pourrait avoir envers Emilie et Wilfried, s’envolent dés lors qu’il entame la conversation avec eux. Leur joie, leurs rires sont autant de plaisirs incommensurables qui l’élèvent dans des sphères d’un bien-être réconfortant. Il ne fera pas même allusion à la joute et à leur absence. Le fait qu’ils ne posent pas de questions relatives à cet épisode ne l’inquiète pas immédiatement. Cassandre et les questions qu’elle lui suggère s’éloignent un peu, pour son plus grand plaisir, le temps d’une après-midi, jusqu’à ce que Périnis rejoigne sa colline et qu’il contemple son beau soleil disparaître à l’horizon.
Pourtant la trêve que lui accorde son esprit est de courte durée. La belle souveraine de ses pensées réapparaît de plus belle. L’intensité grandissante de la déprime qu’elle inflige à son âme, l’oblige à en parler.
“ Cassandre m’obsède. Il faut m’aider à la retrouver. ”
“ Pourquoi donc ? ”
L’idée qu’Audret ait la même façon de penser que lui, l’aide à s’en rapprocher. Le pourquoi d’une telle envie est une question primordiale à laquelle il ne peut cependant pas répondre.
“ Sa présence me manque, je sais que cela va te paraître absurde, mais je sens en moi, le besoin de la voir physiquement, de pouvoir la toucher, lui parler… ”
“ Tu es amoureux ! ” réplique son ami, un sourire aux lèvres.
“ L’amour n’y est pour rien. Il en va peut-être de mon destin de la rencontrer. Je me pose tellement de questions à son sujet, qu’il me semble que j’en perds la raison. ”
“ Elle ne t’a même pas vu le jour de la joute ! ”
“ Ne m’en demande pas plus et aide-moi. J’en ai besoin ”
“ Je serais là pour t’aider, jusqu’à Lidan ou ailleurs s’il le faut. ”
Le dévouement d’Audret le réconforte dans des proportions inconnues. Le jeune dauphin s’aperçoit à cette occasion que sa sensibilité, depuis l’apparition de Cassandre dans ses pensées, est décuplée, incroyablement plus fragile que d’ordinaire. Ses joies paraissent plus intenses et ses défaites, infiniment plus lourdes. La plénitude à laquelle il était habitué est révolue. Il n’existe plus en lui, de juste milieu dans ses sentiments. Plus qu’une incroyable versatilité, une débauche d’énergie qu’il ne parvient plus à canaliser et qui le fait balancer inlassablement du grand bonheur aux larmes.
Il demande une nouvelle fois à Périnis de lui accorder une journée de repos. Le maître d’armes n’y voit pas d’objection : son élève, brillant, ne requiert plus qu’une attention limitée. Gorneval et Audret organisent alors ensemble, leur voyage pour Lidan. Ils profitent de leur journée de liberté pour rallier l’autre coté de la vallée. La forteresse est devenue pour le futur Roi, une sorte de fin en soi. Le dispositif d’approche de Cassandre est mis en place et les deux amis prennent la route dans la nuit de leur deuxième jour de recherche.
Leur périple commence dans le noir incertain d’une belle nuit étoilée. Au loin, très loin d’eux, le ciel s’éclaircit comme si un gigantesque feu irradiait de son aura, les cieux obscurcis de la nuit. Ils ne s’attardent pas sur cet étrange phénomène et galopent prestement jusqu’aux frontières de La Vallée des Larmes. L’Orée des ténèbres n’est plus très loin, mais ils ne la traverseront pas. Son ombre plane déjà sur leurs esprits affûtés. Leur attention accrue, leur indique sa présence. Sa silhouette se dessine sur la tache claire qui se propage dans le ciel. Contourner la forêt leur fait perdre du temps, mais leur évite un tracas inutile. Les deux cavaliers continuent donc à toute allure pour ne pas perdre trop de temps. Tels deux fantômes errants dans les plaines reculées d’un pays qu’ils ne connaissent pas, ils filent comme deux étoiles filantes dans le ciel. Les sabots des chevaux martèlent le sol avec violence et le son qu’ils produisent se répercute sur la voûte sombre dans laquelle ils s’engluent. Les rideaux des ténèbres nagent autour d’eux, leur offrant leur protection tout en leur vouant un intérêt menaçant.
Au petit matin, quand la brume envahit la vallée, les deux hommes en armures arrivent en vue de la forteresse. Leurs chevaux, exténués par la nuit passée, donnent quelques signes de fatigue. Les cavaliers descendent de leur monture et continuent à pieds. La marche est longue et pénible ; la forteresse est bâtie tout en haut d’une colline. Très tôt, cependant, le guet annonce l’arrivée des deux hommes. Et, lorsqu’ils arrivent devant les douves, le pont-levis s’abaisse car les vigies ont reconnu le prince Ogrin, celui à l’armure terne et au heaume rouillé. Son bouclier noir au bras, il fait un signe et les deux cavaliers pénètrent enfin dans l’enceinte de la forteresse.
Ils se dirigent vers la citadelle, la ville fortifiée que Isaac, quelques années plus tôt avait défendue jusqu’à la mort. Gorneval se trouve donc à l’endroit précis où son maître d’arme avait combattu les soldats de Gwendal. C’est ici, à quelques centaines de pieds seulement, que Périnis et Isaac se sont parlés pour la dernière fois. Ce dernier est tombé peu de temps après que le maître d’arme fut parti pour La Vallée des Larmes. Au prix d’un terrible combat, il est mort sous les coups répétés de ses féroces adversaires. L’un des plus brillant seigneur de Lidan, qui combattait aux cotés du régent est donc mort quasiment sous les pieds du dauphin, en tentant de bloquer l’accès de la citadelle à ses assaillants. En mourant avec le secret de l’existence de Gorneval, Isaac a donc protégé la vie de celui qui revient aujourd’hui sur ses terres légitimes. Il était l’un des meilleurs chevaliers de Dinas avec Guènelon et Périnis. Le jeune garçon ne saura malheureusement jamais combien il lui est redevable. Ce cavalier superbe, repose maintenant non loin de là, avec tous ceux qui ont servi un petit être qu’ils n’avaient, pour la plupart, jamais vu.
Après qu’Isaac soit tombé, Lidan a été envahie et sa population mise sous la tutelle de Gwendal. Peu à peu, elle s’est mélangée à celle de leur nouveau souverain et les rebellions se sont faites de plus en plus rares. Maintenant, près de seize années après, Périnis est un nom dont seuls les anciens se souviennent, et Gorneval, celui d’une légende qui disait qu’il était celui d’un Roi qui viendrait un jour délivrer la ville fortifiée de ses geôliers.
En entrant dans la citadelle, le dauphin se sent chez lui. C’est comme si toutes ces maisons, ces arbres, ces murailles, qu’il n’a pourtant jamais vues, lui étaient familières. Les deux hommes avancent lentement. Les brides de leurs chevaux à la main, ils scrutent tout autour d’eux pour tenter de percevoir la silhouette de celle qu’ils cherchent.
Parmi toutes celles que les deux amis rencontrent, ils ne trouvent cependant pas Cassandre. Mais est-il courant de voir la fille du Roi dans les rues ? Gorneval, modeste cavalier, ne saurait le dire, lui qui ne connaît pas même la monarchie. Pour lui, tout ceci paraît ordinaire. Quoi de plus habituel que de trouver Périnis, dans les rues de sa cité ? Pourquoi la fille du Roi n’en ferait-elle pas autant ici ? Mais après une demi-journée de recherche, les deux amis n’ont rien trouvé. Ils ont traversé les fortifications de part en part et en reviennent bredouilles. Ogrin commence à perdre espoir, il désespère de retrouver un jour, la belle qui remplit ses rêves, celle à qui il pense jour et nuit, sans pouvoir donner une raison à cela. La rencontrer ne fera peut-être qu’empirer les choses, mais le besoin qu’il ressent est totalement irrépressible et il s’incline face à sa force dominante.
Ils s’enfoncent une nouvelle fois dans la grande rue principale de la citadelle. Il n’y a personne sur le chemin pavé. Les portes sont fermées et le silence semble être une constante de la citadelle. C’est justement à l’instant précis de cette réflexion, qu’une douce clameur investit la rue. Tout au bout de cette dernière, une masse compacte d’individus se presse autour d’un cavalier. La population semble accueillir ce dernier avec les honneurs qui lui sont dus. Son armure brille de mille feux. L’éclat merveilleux de celle-ci est comparable à celui du cristal et contraste avec pauvreté de celle de Gorneval. Le cavalier qui s’approche, porte également une cape à la fourrure vairée sang et or, qui fait ressortir un peu plus sa richesse. Il tient au bout de son bras, une épée longue et rutilante qui brille comme un cierge au milieu de la grisaille des murs de la citadelle. Derrière lui, roule une calèche. Le temps qui la rapproche du nouveau venu, lui permet aussi de distinguer avec toujours plus de précision, des détails qui attirent son attention.
C’est ainsi qu’il constate que les gens se pressent autour de la calèche et non autour du chevalier. Ils tendent des choses telles que des fleurs, des fruits, à la personne qui est à l’intérieur. – Etant donné la richesse de la voiture, la personne doit être quelqu’un d’important – se dit l’amoureux transi en priant tous les dieux qu’il connaît pour qu’il s’agisse de Cassandre. L’attroupement se déplace et rejoint bientôt Audret et son ami, pétrifiés face au spectacle ahurissant de cette soumission surprenante. La calèche s’approche rapidement d’eux. D’un coup d’œil, Gorneval tente de voir la personne qui se cache dedans sans y parvenir. Des rideaux brodés masquent son visage. Ils le feront jusqu’à temps que la voiture passe à la hauteur du jeune Roi. Le silence imprègne involontairement son esprit et le cortège passe au ralenti sous ses yeux. Son regard plonge à l’intérieur de l’habitacle. Le visage d’une jeune femme se dissimule derrière les bouquets. Elle détourne la tête, se sépare des fleurs et découvre son visage au prince Ogrin. Ce dernier, sent monter depuis le bout de ses pieds jusqu’à la pointe de ses cheveux, une sorte de frisson merveilleux. Sa chair se recouvre d’une fine pellicule de sueur. L’image qu’il avait conservée d’elle est parfaitement identique à la réalité. Cassandre passe devant lui dans un instant pur et parfait qui lui donne l’impression de planer à six pieds au-dessus de la surface de la terre. Quelque chose en lui se met à vibrer, comme la corde d’un instrument de musique muet qui serait enfoui en lui et dont chaque note correspondrait à un sentiment. La mélodie qu’il joue en cet instant, ressemble à celle des cieux, un chant céleste, clair et cristallin comme de l’eau. Cette musique éclate au creux de sa tête et entraîne avec elle les chatouillements magiques qui ont pris l’habitude de courir le long de son abdomen. Elle le regarde, comme attirée par celui qui la fixe. Son sourire s’efface et ses yeux se mettent à briller. Elle fixe Gorneval à son tour et l’accompagne du regard. Bientôt, quand ils ne peuvent plus se voir, le prince Ogrin revient sur terre, aussi brutalement et violemment que lorsqu’il en était parti.
Il regarde alors le cortège s’éloigner de lui sans pouvoir rien faire d’autre. Les bras ballants, le long du corps, il tourne les yeux vers Audret qui lui sourit tendrement. Ce dernier vient d’assister à la scène la plus stupéfiante de sa courte vie. C’est comme s’il s’était approché du soleil sans se brûler. Il a vu dans le regard de son ami, un amour infini, quelque chose dont il ne soupçonnait pas même l’existence, quelque chose de grandiose, d’époustouflant. Il sait qu’il n’approchera peut-être jamais ce sentiment pur et parfait de toute sa vie car il se doute de la rareté d’une telle sensation. Il a l’impression que ce dernier a été si puissant qu’il l’a entraîné dans son sillage. Il ne voyait pas Cassandre, mais sentait la chaleur de son ami s’amplifier, grossir, investir son âme et plus encore ; puis il a senti son cœur battre à toute allure. Quand il est revenu à lui, après cette courte incartade dans ce monde parallèle, il a aussi ressenti une sorte de manque au creux de lui, comme si on venait de lui arracher quelque chose. Il a partagé l’amour de Gorneval pour la fille de Gwendal et comprend mieux pourquoi le prince Ogrin a tant besoin de la revoir.
Gorneval grimpe sur son destrier avec une agilité sans pareille. Il talonne aussitôt les flans de l’animal. La bête bondit en avant. Ses sabots glissent sur les pavés mais Orphée s’arrache tout de même de sa position initiale avec une grande rapidité. Sa finesse et son art de se faufiler dans les endroits les plus inaccessibles, lui permettent, lui et son maître de rejoindre le cortège rapidement. Audret le regarde avec intérêt. Il ne comprend pas très bien à quoi rime une telle poursuite mais continue de les observer. Son ami sort de dessous sa cuirasse, une petite lettre cachetée. La main de Cassandre jaillit de la voiture et s’empare du morceau de papier. Audret croit ne pas avoir vu les deux mains se rencontrer, et accorde que le jeune homme puisse être déçu que cette rencontre n’ai pas eu lieu. Cependant, à en croire le sourire figé qu’il affiche lorsqu’il revient, Audret oublie la déception et admet qu’un simple regard ait pu suffire pour le moment.
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