21 - Mia
- Mia, je ne veux pas que tu y ailles, me dit Bianca.
Je ne lui réponds pas. J'enfile ma veste. Elle ne sait pas toute l'histoire : il y a deux jours j'ai tenté de me refaire du mal et depuis je ne cesse d'y penser. J'en ai besoin, j'ai besoin de cet exutoire.
Elle me prend la main :
- S'il te plait, Mia. N'y va pas. On pourrait se faire une soirée cinéma, comme avant.
Je tente un sourire pour la rassurer et je m'en vais. Elle ne pourrait pas comprendre même si je lui expliquais les tenants et les aboutissants.
Je sors de mon bâtiment. Je fais tout avec un automatisme de robot, je tente de réfléchir le moins possible. Je me retrouve dans un taxi sans trop savoir comment. Il m'emmène où je veux. Il m'emmène vers la délivrance que je veux atteindre.
Cette dernière semaine a été l'une des pires que j'ai passée. Se battre contre ses démons, c'est la définition même de l'enfer. Durant la première semaine que j'ai vécu sans Nilson, il tentait de m'appeler au moins une fois par jour et m'envoyait deux messages par jour, l'un le matin, pour me souhaiter une bonne journée et l'autre pour me souhaiter une bonne nuit. Et cette semaine voyant que je ne lui répondais pas il a tout arrêté, il m'a juste envoyé un bouquet de lys rouges et de roses blanches, qui signifient, si j'en crois mes recherches, la sincérité de ses sentiments et la demande de l'aimer. En découvrant cela j'en étais chamboulée : j'ai envie de continuer avec lui mais quand je le vois ou quand je pense simplement à lui je ne voie qu'Enzo, et toutes ses horreurs.
- Ça va madame ? me demande le chauffeur.
Il me sort de mes pensées, je sens une larme perler sur ma joue, je l'essuie rapidement :
- Oui... oui, je vais bien. Je tente de le rassurer.
Je sens que la voiture s'arrête, je regarde autour de moi, nous sommes arrivés. Je fouille mon sac – il me l'a envoyé accompagné de ma veste et mon téléphone dans un colis le lendemain de notre séparation – pour en sortir l'argent afin de payer le chauffeur. Je sors de la voiture, et me revoilà là où tout a commencé. Devant cette bâtisse, je marche vers elle, les jambes tremblantes, je ne sais pas ce qui m'attend. J'espère tomber sur un maitre indulgent, mais il va falloir que je charme, que je parle à des inconnus. Et lui demander de punir. Cependant j'ai un bouclier pour me protéger, je ne veux pas de maitre sur du long terme, je ne veux pas m'attacher, je compte bien être nue face à celui que j'accompagnerais ce soir, il décidera par lui-même de ne pas me revoir, je n'aurais rien à dire.
Pas d'attaches...
J'arrive devant la grande porte je la dépasse, Marisa est toujours à l'entrée, en me voyant elle semble surprise. Mais elle se reprends et me souris :
- Bonsoir, Mia. Tu viens rejoindre Nilson ?
- Euh... non, je ne suis plus à lui. Il l'a notifié ? je demande
Elle regarde sur son ordinateur et se tourne vers moi :
- Oui, je ne devais surement ne pas être là quand il a appelé. Du coup tu attends quelqu'un ?
Je secoue la tête :
- Je suis venue explorer mes charmes, je dis en jouant avec mes sourcils.
Je tente de cacher mes émotions – l'exercice où je suis championne. Marisa rit à mes âneries. Elle fouille dans un de ses tiroirs et en sort un bracelet vert en plastique. Elle me dit :
- Tu dois mettre ça, pour signifier que tu n'as pas de dominant.
Je lui tends mon poignet pour qu'elle me le mette. J'enlève ma veste et la lui donne accompagnée de mon sac. Je me dirige directement vers la salle de réception. Avant de déplacer la porte je bombe la poitrine et lève le menton, je prends mon courage à deux mains. Je sens mon cœur s'emballer. Qu'est-ce que je viens faire là sans Nilson ? la salle est pleine. Mais bizarrement c'était diffèrent aujourd'hui : je ne perçois que des hommes dominants et tous les autres ne sont que des soumises à genoux – merde, je suis mal tombée. Je comprends mieux pourquoi Marisa m'a mis un bracelet.
Bon, ma fille, tu sais pourquoi tu es venue jusqu'ici alors ne te décourage pas et avance !
Ma conscience est toujours là et pour un fois elle m'encourage. J'avance, je ne regarde aucun homme dans les yeux. Il y a une petite musique en fond que j'écoute. Je me sens mal à l'aise.
- Qu'est ce que tu fais là ? me surprends une voix par-dessus mon épaule.
Je sens quelqu'un derrière moi. Un homme. Je tourne et me retrouve très près de Gael, le barman. Je me presse de me reculer. Et je baisse les yeux, j'aperçois une belle jeune femme derrière lui, accroupis. Elle n'est habillée que de sa culote. C'est surement sa soumise. Il remarque mon regard insistant sur elle, il se déplace sur le côté :
- Mia, je te présente Andréa, ma soumise depuis maintenant 2 ans. Andrea je te présente une amie, Mia.
Elle lève la tête vers moi, et pose son regard sur moi. De grands yeux bleus, elle est magnifique. Pour la première fois, une femme me fait de l'effet, ses lèvres rouges et ses cheveux vénitiens. Son sourire laissa apparaitre ses dents blanches. C'est indéniable j'ai envie d'elle. Je ne me définis pas comme lesbienne mais là c'est plus fort que moi, je veux l'embrasser et lui faire l'amour.
Un raclement de gorge me sort de ma transe. Je reviens à Gaël :
- Tu n'as pas répondu à la question.
- Je... je suis venu pour... trouver la douleur. Je balbutie honteuse.
Je le vois sourire :
- Où est ton maitre ?
Je lève mon poignet :
- Je n'en ai pas.
Il hoche la tête et dit :
- Si Andrea est d'accord, je pourrais te donner ce que tu cherches.
- Oh ! non ! je trouverai bien un dominant sans soumise, ne vous inquiétez pas. Et puis ça ne me plairait pas, à sa place, je dis en désignant la belle soumise, de partager mon maitre.
Ma réplique eut le don de faire rire Gael :
- Tu es donc possessive... sache que les plans à trois c'est notre truc. Nous étions justement à la recherche de quelqu'un d'autre pour nous accompagner. Et puis j'ai bien vu qu'Andrea te plaisait, c'en ai presque insultant pour moi.
Est-ce qu'il vient de me proposer de coucher avec eux ? je ne veux pas avoir de relation sexuelle avec Gael, je sais que lorsqu'il verra mes cicatrices il n'en aura plus envie. Il ne me touchera pas. Alors j'accepte à une seule condition :
- Je ne peux pas être nue devant tout ce monde. Et je voudrais avant tout, que vous me punissez, que vous le fassiez jusqu'à que je dise stop.
- Très bien c'est comme tu voudras. Alors accroupis-toi a côte de Andrea. À partir de ce moment-là tu n'auras pas le droit de me regarder dans les yeux, d'accord ?
- Oui, monsieur.
Je m'exécute, je me baisse à côté de la déesse. Ma jupe remonte à limite de la jarretelle. Je tente de la remettre, rien n'y fait.
- Embrassez vous, juste un petit baiser, pour vous saluer.
Je me tourne vers elle, elle me regarde déjà. Je ne sais pas comment m'y prendre ne je n'ai jamais fait ça avec une fille :
- Ne t'inquiète pas, laisse-moi faire, elle chuchote.
Elle s'avance vers moi, et dépose le velours de ses lèvres sur les miennes. Je ne ferme pas les yeux je regarde, elle est belle. Son baiser est doux, ses lèvres ont un goût de fraise. Je n'ose pas la toucher. Et elle recule aussi vite qu'elle s'est avancée. Je n'ai pas le temps de me remettre de mes émotions que Gael nous coupe :
- Suivez-moi.
Nous nous mettons à quatre pattes et l'accompagnons. Il nous mène vers le fameux couloir, pour débuter une séance. Je jubile et en même temps je suis inquiète de ce qu'il peut bien s'y passer. Nous déambulons dans le couloir sous les bruits de plaisir et de douleur, cette ambiance m'est aphrodisiaque. À genoux, il m'est impossible de jeter un coup d'œil dans les chambres. Je me tourne vers Andrea, elle m'observe en souriant. Mais elle ne dit rien. Je lui souris à mon tour. Gael entre dans une pièce, il nous ouvre la porte et nous la tient en attendant que nous entrons. Je rentre la première, la chambre est dans les tons rouge, le plafond est une grille où sont suspendus beaucoup d'instruments, je remarque un lit dans un coin un peu plus loin.
- Andréa, assise sur le lit, ordonne gaël.
Après avoir fermé la porte il se poste devant moi. Je jette un coup d'œil à Andrea en train d'obtempérer :
- Mia, lève-toi, il me dit.
J'obéis, toujours sans le regarder, c'est interdit. Et c'est dommage, avec Nilson, c'est ce que j'aimais : n'avoir d'yeux que pour lui.
- T'a-t-on déjà fouetté ? Il me demande
- Oui, une fois.
- Est-ce que ce peut suffire pour la douleur que tu souhaites ?
Largement ! crie ma conscience
Je hoche la tête.
- Tu permets que je te déshabille ?
- Oui, monsieur.
- Pour toi ce sera simplement maitre Gael.
Il pose ses mains sur mes épaules. Il rejette mes cheveux en arrière pour que j'arrête de me cacher derrière. Il passe un doigt sous mon menton et le lève. Je tente toujours de ne pas le regarder dans les yeux, tant qu'il n'y a pas d'ordre oral je ne le ferais pas.
Il se colle à moi pour avoir à accès à la fermeture éclair de ma jupe, elle se trouve dans mon dos. Je me retrouve collée contre son torse quand il découvre mon string et mes jarretelles. Il fait un pas en arrière et se mets à genoux devant moi, il abaisse un peu plus ma jupe jusqu'à mes pieds. Il pose ses deux mains autour de ma cheville gauche et se relève tout en caressant ma jambe. Une de ses mains bute contre mon entre jambe. Il la met à plat et me caresse par-dessus mon sous vêtement. Il chatouille mon mont de venus, bandé d'excitation. J'évite de bouger contre sa main même si ce n'est pas l'envie qui me manque.
- Est-ce Andréa ou moi qui rend ta culotte si humide ?
À cette question, je sens le rouge me monter aux joues.
- Je... je trouve que vous avez une très belle soumise monsieur... Mais vous m'excitez tous les deux, je tente de me rattraper.
Il rit à ma réponse :
- Je ne t'aurais jamais pensé lesbienne, Mia.
- C'est parce que je ne le suis pas, maitre Gaël. Je n'ai jamais fait l'amour avec une femme, et ça ne m'ai jamais venue à l'esprit jusqu'à maintenant.
Il ne dit rien, il enlève sa main de mon entre jambe et attrapa le bas de mon débardeur blanc :
- Lève les bras, il ordonne.
J'obéis à contrecœur car je sais ce qu'il va découvrir. Au fond de moi est toujours enfouie cette peur que l'on me rejette. Je sais que c'est ce qui va arriver, mais j'appréhende toujours la réaction des gens quand il le découvre malgré tout ce temps.
Il soulève mon vêtement, je ferme les yeux comme pour me soustraire à la réalité, il passe par-dessus la tête. Ça y est je suis en sous vêtement devant Gael et Andrea. Je n'ose pas ouvrir les yeux. Un ange passe. Avant que je ne sente une caresse sur mon ventre. Je me crispe. Ses doigts passent sur chacune de mes cicatrices. C'est doux. Je veux m'enfuir et en même temps je veux qu'il continu ses caresses.
- Ouvre les yeux, Mia.
C'est ce que je fais avec beaucoup de mal. Je découvre Andrea en face de moi, c'est elle quI me touche. Elle m'hypnotise par ses grands yeux bleus. Je ne vois qu'elle, son maitre a disparu de mon champ de vision. Elle pose son autre main sur ma joue et m'embrasse d'un baiser passionné, je lui réponds à mon tour avec ferveur. Je pose mes mains sur ses hanches et la colle à moi, sa langue caresse la mienne, mon cœur bat à tout rompre. Elle met fin à notre baiser, elle se décolle et me prend par la main, elle me mène sur le lit, je me laisse faire.
Je me sens revivre, elle a vu les ravages de mon passé et elle accepte de m'aimer une nuit. C'est ce qu'il me faut, je n'ai vu aucune pitié ni aucun dégout sur son visage. Il me fallait la preuve que quelqu'un puisse m'aimer telle que je suis. Je sais que sur du long terme, ça ne peut pas être-elle. Il n'y a qu'une seule personne avec qui j'ai envie d'être et je dois la rejoindre maintenant. C'est avec lui que je dois être...
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