21 - Mia

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Je descends de la voiture aux cotés de Gael. Mes jambes tremblent. Mon cœur bat à tout rompre. J’ai besoin d’inspirer et d’expirer par la bouche pour tenter de me calmer.

Est-ce qu’il sera là ?

Et tu vas faire quoi s’il est là ?

Je pourrai peut-être lui demander comment il va… ou tout simplement prier pour qu’il m’adresse la parole.

Et me voilà en train de parler ma conscience. Je deviens complètement tarée.

Je m’agrippe au bras de mon cavalier. Ce dernier m’adresse un tendre sourire. S’il n’était pas là je ne sais pas si j’aurai eu le courage d’arriver jusque-là.

- Merci, je chuchote.

-Ce n’est rien, Beauté.

Je m’avance vers lui pour déposer un baiser sur ses lèvres. En reculant je remarque une trace rouge vif à l’endroit où je l’ai embrassée. Cet homme est beau. Il porte un smoking gris accompagné d’un nœud papillon noir. C’est surement Andréa qui a dû lui nouer. Elle l’aime, et le laisse sortir avec moi. Il lui dit tout. A sa façon, il lui est fidèle et il l’aime. Ils s’aiment. Elle a tellement de chance. Si seulement je n’étais pas éprise d’un homme comme Nilson, cela m’éviterait toute cette souffrance.

- Prête ? On peut y aller ?

Gael me sort de mes pensées. Je le regarde :

- Et s’il est là ? je demande

- Ne t’inquiète pas, je ne serai à tes cotés quoiqu’il arrive. On partira quand tu le décideras et si tu as besoin de quoi que ce soit tu n’auras qu’à me demander. D’accord ?

Je hoche frénétiquement la tête. Ses paroles me rassurent un peu ; j’ai toujours peur de ce que je pourrais découvrir dans cette salle de réception. Je ferme les yeux et respire profondément à plusieurs reprises et je dis décidée :

- C’est parti !

Il prend ma main dans la sienne et on se dirige vers l’hôtel. Nous grimpons les marches et entrons dans la salle de réception. Il y a déjà pas mal de monde, surtout des hommes. J’observe. Je remarque facilement Bianca avec sa robe rouge. Elle est la seule note colorée ou pratiquement, dans cette pièce. A ses cotes se tient son maitre, il la tient près de lui, une main sur ses reins. Bianca semble heureuse. A part au boulot je n’ai pas eu le temps de lui parler, d’avoir une conversation avec mon amie.

J’avance aux cotés de mon cavalier à travers la pièce. Gael arrive à intercepter un serveur avec des coupes de champagne. Il m’en tend une que je prends avec plaisir.

- Bonsoir, Mia.

Une voix derrière moi me surprend. Je me tourne. Jonathan accompagné de sa femme me sourient.

- Bonsoir. Marie, tu es ravissante, je la complimente.

Elle est tout simplement somptueuse dans cette magnifique robe de cocktail bleu marine. Elle est à peine maquillée, pourtant a beauté naturelle surpasse de loin toute celle des femmes présentent ce soir.

- Merci, toi aussi, tu es très belle aux bras de ton ami.

John et elle lancent un regard à Gael et reviennent à moi :

- Euh… Je vous présente Gael, mon ami.

John sourit. Il tend la main vers lui :

- Enchanté, je suis Jonathan, son patron et son ami.

L’homme à mes cotes sourit et lui rend sa poignée de main :

- Enchanté de vous rencontrer.

Cette conversation devient vraiment gênante. Je ne sais pas si John a parlé avec Nilson. Mais il semble trouver bizarre que je ne sois pas accompagnée de l’homme que j’aime. Je lance un sourire gêné :

- Gael, tu veux bien me faire danser ?

Celui me regarde avec un sourire accroché sur les lèvres. Il me fait la révérence et me tend sa main :

- Si mademoiselle veut bien ?

Pour la première fois de la soirée, je ris sincèrement.

Je lui emboite le pas jusqu'à la piste de danse. Plusieurs couples y dansent déjà. Ce ne sont pas des titres de nos jours, non que des musiques classiques. Gael glisse une main au creux de mes reins et l’autre dans la mienne. Nous nous balançons d’un pied à l’autre. Nous restons silencieux. Je n’ai pas spécialement envie de parler, je ne sais pas si c’est aussi son cas.

Je regarde toutes ses personnes autour de nous qui paraissent être heureux. Je n’en connais qu’un quart de tout ce monde. Cependant une femme attire mon regard. Elle me semble familière. Une brune, de taille moyenne. Elle porte un pantalon noir et une chemise blanche. Elle me tourne le dos. Je la fixe en attendant qu’elle veuille bien se retourner. J’ai une mauvaise intuition. Une très mauvaise intuition. Mais je reste là à la regarder en attendant qu’il y ait un déclic. Et ce déclic arrive un peu trop vite. Je remarque une main empoigner le bras de cette inconnue. Cette main n’est à personne d’autre qu’à Nilson. J’ai un mouvement de recul.

Il est là. Oh mon Dieu ! Il est magnifique. Comme la première fois que je l’ai rencontré, il porte un costume noir ; et contrairement à ce moment-là une femme est à son bras. Malgré moi je la trouve très belle, blonde, avec une robe cocktail noire. Je tente de détourner le regard de cette vision. Il m’a remplacé. Je niche mon visage dans le cou de mon cavalier. Comment a-t-il pu venir avec cette femme ? Il savait pertinemment que je venais aussi. Je ne peux m’empêcher très longtemps, je me remets à l’observer. Il agrippe toujours cette femme que je tente de reconnaitre. Il a l’air de s’énerver contre elle.

- ça va, ma belle ?

Gaël m’interrompt dans mon observation. Je hoche la tête :

- Il est là… accompagné.

Je sens sa main remonter sur mon dos et tenter de me reconfronter :

- Si tu veux rentrer, tu me le dis.

- Non, je vais rester… tant que je ne suis pas seule.

- Je ne te laisse pas tomber.

- Merci.

Je me reconcentre sur l’homme que j’aime, et je fais un bond en arrière. Nilson et cette inconnue se sont tournés vers moi. Et ce n’est qu’à ce moment que je découvre que cette femme n’est d’autre que la mère de Enzo. Non ! Je me décolle de Gaël et me rue vers la sortie. Ce dernier tente de me rattraper et je lui fais comprendre que j’ai besoin d’être seule.

Cette femme ne peut pas être là. Non ! Je trouve vite les toilettes et m’y enferme. La revoir fait remonter tout ce qu’elle m’a fait vivre.

***

Je n’en reviens pas. Comment a-t-il pu inviter sa mère ? Il m’a quitté mais je pensais qu’il avait encore du respect entre nous. Je suis à deux doigts de partir. Mais la seule chose qui me retient c’est John. Je ne peux pas lui faire ce coup. C’est la première réception qu’il fait pour son cabinet et je suis son assistante, je dois rester.

- Qu’est-ce que tu fais là ?

La voix de Bianca ne sort de mes pensées. Elle ne sait rien de ce qui m’arrive en ce moment. Et elle me retrouve assise par terre dans les toilettes d’un hôtel chic, complètement en larmes. Elle vient s’assoir à côté de moi.

- Je lui ai demandé de partir, ce qu’elle a fait.

Elle parle de cette sorcière.

- Merci, je dis soulagée.

Elle passe un bras autour de mes épaules et me réconforte. Ça fait tellement longtemps qu’elle me manque. Mais comme me l’a promis Daniel, il a pris ma place dans sa vie. Meme si ça ne me plait pas, je le dois bien à mon amie. Elle m’a toujours mise en priorité dans sa vie maintenant il faut que je m’efface un peu pour la voir un tant soit peu heureuse.

- Est-ce que tu vas m’expliquer maintenant ce qui se passe ?

- Nilson m’a quitté. Et il s’est ramener avec un canon. Je ne peux pas faire le poids contre elle mais le pire c’est qu’il a osé inviter sa mère comme s’il n’était pas au courant de tout ce qu’elle m’a fait vivre… voilà ce qu’il se passe.

Je sens son étreinte se resserrer autour de moi :

- Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

- Tu étais tellement heureuse de déménager avec Daniel que je ne voulais pas que tu renonces à ça pour moi.

- Mia, tu es ma sœur. Tant que toi tu ne seras pas heureuse, je ne le serai jamais. Tu passes avant tout, tu es ma famille. Compris ?

Je hoche la tête.

- Allez, on va arranger ce petit minois, et repartir au front !

Bianca se relève et m’aide à faire de meme. Je ne sais pas si j’ai le courage de faire face à l’homme qui ne quitte plus mes pensées. Cependant je sais que je n’ai pas le choix mais que cette fois-ci Bianca est auprès de moi.

- Qui est cet homme qui t’accompagne ? elle me demande enfin. Daniel m’a dit qu’il était dominant au club.

J’acquiesce :

- C’est un ami. Il m’aide, comme il peut, à me relever de cette crise.

Elle opine du chef, je sais qu’une question lui brule les lèvres et ne va pas tarder à venir :

- Est-ce qu’il a des vues sur ta culotte ?

Sa question me fait rire. Bianca ne change pas, elle est toujours aussi directe :

- Je ne sais pas. Je pense que oui mais il a déjà une soumise.

- Oh ! Monsieur est polygame !

A cette phrase, nous partons toutes les deux dans un fou rire.

***

Nous sortons enfin de notre cachette, derrière la porte je trouve Gael adossé contre le mur. Dès qu’il nous voit, il se redresse :

- Comment tu vas ?

Je lui souris.

- Tu veux rentrer ? il continue

- Non… Il faut que je reste. Mais restes avec moi s’il te plait.

Il avance vers moi et dépose un baiser sur mes lèvres :

- Je serai là tant que tu en as besoin, ma belle.

- Merci.

Je ne peux m’empêcher de l’embrasser à mon tour avec envie. Nous restons ainsi, lèvres contre lèvres, pendant quelques secondes. Je les savoure : charnues et sucrées.

- Les gars, nous interromps Bianca.

Je me sépare des lèvres de mes désirs pour me retourner vers elle. Elle ne me regarde pas. Elle me fait signe de me tourner vers l’autre bout du couloir. J’y découvre Nilson faire demi-tour. Il a tout vu. Non ! J’ai envie d’aller le voir, le rattraper, lui expliquer. Mais je ne sais pas quoi dire. Il ne veut plus de moi. J’ai peur que ses mots me blessent une énième fois. Il a disparu, cependant je prends mon courage à deux mains. Je tente de le rattraper. Je le retrouve à l’entrée de l’hôtel avec la femme qui l’accompagne. Elle lui sourit, ils sont collés l’un à l’autre. Ses mains, à elle, sont posées sur le torse de l’homme que j’aime. Ils sont beaucoup trop proches. Je n’ai qu’une seule envie : la pousser loin de lui. Il est à moi ! Mais je suis clouée au sol, spectatrice de leur manège. Je sursaute lorsque je sens une main se poser sur mes reins. Ce n’est que Gael accompagné de Bianca. Mon sursaut me fait remarquer du couple qui me fait face. Nilson me regarde qu’une fraction de seconde comme si ma vision le dégoutait. N’a-t-il vraiment plus aucun de respect pour moi ? Je n’y comprends plus rien. Son comportement me blesse plus que tout le reste.

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