Alice se réveilla aux alentours de quatorze heures. Elle s'étira et sortit lassement de son lit. Elle se rendit dans sa salle de bain afin d'y prendre une bonne douche pour la réveiller. Une fois finie, elle enroula une serviette autour de son corps le temps de se préparer. Elle effaça dans des gestes lents la buée accumulée sur son miroir. Elle souffla en constatant les cernes qui se dessinaient sous ses yeux bleus. Elle détacha ses longs cheveux blonds qu'elle brossa mèche par mèche avant de les ramener en un chignon haut. Elle se brossa les dents et retourna dans sa chambre pour s'habiller. Alice fixa longuement son dressing, ne sachant que mettre. Après tout, aujourd'hui n'était qu'une journée ordinaire de plus dans sa vie ordinaire. Elle prit un jogging gris et un tee-shirt blanc qu'elle enfila rapidement. Elle se regarda de nouveau dans la glace. Du haut de ses 1 mètres 62, elle était très fine. Bien qu'elle se trouvait trop maigre, elle avait de légères formes, qui lui créaient une silhouette de danseuse classique. Mais cela, personne ne le remarquait puisqu'elle se cachait dans des vêtements larges et peu flatteurs.

 14h30, l'heure de déjeuner. Alice vivait dans un studio. Sa chambre, son salon et sa cuisine se trouvaient donc dans la même pièce. Elle ouvrit son frigo et eut un rictus quand elle vit le vide qui s'y trouvait. Elle décida de sauter le déjeuner et de passer au goûter, chose qui n'allait certainement pas l'aider à prendre du poids. Elle se prépara un bol de céréales et regagna son lit sur lequel elle s'installa pour regarder une série sur son ordinateur. Après deux ou trois picages de nez, elle décida de sortir faire des courses, elle ne devait pas se rendormir.

 Devant l'Auchan, elle prit une grande inspiration, faire les courses lui demandaient beaucoup d'effort. Elle entra dans le magasin et passa devant tous les rayons, ne sachant où commencer. Bien sûr, elle n'avait pas préparé de listes. C'est alors qu'elle tomba sur madame Landreau.

• Alice ! Tiens donc ! Comment vas-tu depuis tout ce temps ? S'exclama-t-elle.

Alice la scruta avec un air de dégoût. La dame qui se trouvait devant elle était grande et carrée. Habillée tout de rose, elle avait le visage avancé vers Alice comme ces professeurs qui attendent que l'élève donne la bonne réponse.

• Madame Landreau, quel plaisir... Je vais bien merci. Et...

Alice fut coupée par l'entrain de la dame :

• Ah ! Quel soulagement... Pour tout vous dire, nous commencions à nous inquiéter à l'école, vous savez. On se disait, oh, Alice ne va vraiment pas bien, quand est-ce que va revenir notre petite Alice, est-ce qu'elle va nous donner des nouvelles. Enfin bon, ce genre de choses, vous voyez. D'ailleurs des nouvelles, nous n'en avons pas eu beaucoup. Enfin, nous n'en avons même pas eu du tout ! Ricana madame Landreau dans un rire présomptueux.
• Je n'avais pas vraiment la tête à ça, répondit sèchement Alice.
• Oh oui, je ne voulais pas... Alice la coupa sans tact.
• Ce fut un plaisir, au revoir madame Landreau.

Elle s'engouffra dans un rayon et prit une grande respiration. Finalement, elle n'acheta que des pâtes, du fromage et du jambon. De quoi se faire un vrai repas pour le dîner.

 Une fois chez elle, Alice ne prit même pas le temps de ranger ses courses, elle s'affala dans son lit et tomba dans un profond sommeil.