Ultime Missive

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Avec un sourire, Julien Daringo salua rapidement la vieille dame du rez-de-chaussée, lorsqu’il la dépassa dans les escaliers. Excité comme une puce, il avait guetté le facteur toute la matinée. À son apparition, comme une flèche il avait déboulé. Enfin, les invitations du mariage étaient arrivées. Il saisit le tas de lettres et remonta aussi vite qu’il était descendu.

Il se jeta sur le canapé, sans regarder les reçus, qu’ils confiraient à l’organisatrice des noces. L’un des courriers l’attira, la calligraphie familière fit battre son cœur la chamade. La seule personne capable de lui faire annuler ses épousailles, proposait-il des retrouvailles.

Julien espérait secrètement, une déclaration enflammée venant de celui qu’il avait brisé. Gauchement, à l’aide de son ongle, il l’ouvrit. Une carte en tomba :

Félicitations pour ton union !

Richissime intention, qu’est l’amour de velours. Caresse de l’ivresse, maitresse de l’indélicatesse. Sentiment électrisant s’installant dans l’inconscient. D’abord platonique, puis physique se transformant succinctement en un tourbillon étourdissant.

Pathologie psychotique ? Trouble obsessionnel ? Crie de l’âme ?

Tant que je n’aurais pas répondu à ces trois questions, je me refuse à renouveler l’amour.

Il trouva cela curieux, mais provenant de l’amour de sa vie, cela ne l’étonna pas. Les mains tremblantes, il entama la lecture :

Salut,

Aimé ! Il y a un temps, où j’ai su opérer. Je t’ai chéri. Je t’ai choyé, et même vénéré. Tu m’as comblée ; écouté. Tu as fini par m’enculer. Ho ! Tu croyais que je ne savais pas. Imaginais-tu que ton manque de vertu passerait inaperçu ?

Je me souviens de moi avant toi, je ne connaissais pas l’effroi. Tu as surgi un après-midi. À minuit, tu gueulais sur mon tapis et tu n’en es jamais parti.

Durant sept années, je fus charmé puis le glas est tombé. Dans notre foyer, je t’ai trouvé en train de forniquer.

Vexer, humilié je t’ai quitté

Le temps d’un instant, j’ai chialé.

D’amant, en maitresse , la félicité, j’ai tâché de récupéré.

Ton visage, à la lueur du tamisage, n’était qu’engrenage.

Obsessionnelle folie de te vouloir à nouveau dans mon lit.

Tant que tu seras en vie, oublié, je ne puis.

Ton regard faiblit, ton esprit s’enfuit.

Installons la cloison, grâce au poison.

Imbibée dans cette page, l’avoir touchée est ton péage.

Sans aucun remords. Je t’envoie à la mort.

Quelques heures, plus tard Mathias rentra. Il découvrit, allongé sur le tapis, le corps engourdi de son futur mari.

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