Le Vertige
Lorsque je te revois, je ne suis que vertige,
Ebranlé dans mon être où naissent mes vestiges,
Ces témoins d'un passé aujourd'hui révolu
Qui ne m'a pas connu et qui m'aurait tant plu.
Mais tu sus, ma Chère, sous tes mots de velours
Atténuer la peine qui me tient tout du jour,
Celle qui m'empêche de me faire une place
Dans ce monde où la vie m'exaspère et me lasse.
Car je suis bien lassé d'un siècle sans saveurs
Criant sa liberté sans aucune valeur,
Où l'argent se fit roi sans porter de perruque
Et le mal condamné sans toucher à sa nuque !
Je suis las de ces jours qui ne sont pas les miens
Sans point de romantisme, en l'amour, qui convient,
Où les hommes enflammés ne voient que des cambrures
Lorsque, moi, je voudrais ne voir que la Culture !
Les hommes et le désir en sont réduits à ça :
Seul compte le plaisir et l'amour cesse là !
Mais tu sus, disais-je, sous tes mots bien choisis,
T'embellir d'un poète en plus de courtoisie,
Et cette sympathie que tes yeux me destine
Dénonce également ce monde qui décline.
Et c'est là le vertige où mon être succombe :
Tu me tiens compagnie, telle blanche colombe,
Prête à panser mon coeur en mes soirs de tristesse
Cependant que mes vers te célèbrent en Déesse...
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