Chapitre Huit
Ganimard était surpris et sceptique.
Que dirait sa femme si elle le voyait à l'instant ?
Le vieux commissaire était certain de la voir rire.
Son vieux mari au bras d'une jeune et jolie fille.
Oui...
Isabelle en rirait aux larmes.
" Vous n'appréciez pas le spectacle ?, " s'enquit la jeune femme, en souriant au vieil homme.
Car en cet instant précis, le commissaire Ganimard se sentait un vieillard.
" Si, si, mademoiselle. Voir des hommes risquer leur vie pour la gloire est toujours un plaisir apprécié."
Elle rit.
" Vous croyez que certains de ces hommes accepteront de me parler ?, reprit la jolie fille.
- Vous parler et vous payer un verre, sans l'ombre d'un doute.
- Vous êtes adorable."
Adorable ?
Oui, Ganimard en était certain.
Son Isabelle se serait moquée de lui.
La jeune femme fronça les sourcils, tout à coup songeuse.
" Il n'empêche que j'aimerais beaucoup interroger quelques-uns de ces hommes."
Ganimard se sentait vieux et trop tendre.
Il grommella :
" Je peux vous introduire auprès de l'un d'eux. Si vous le souhaitez mademoiselle.
- Bertillon. Cyrielle Bertillon. Auprès de qui ?
- Le meilleur de tous. Et le plus..."
Une voix amusée retentit derrière eux et un homme, souriant et échevelé, apparut. Il portait encore sa tenue de pilote de course.
" Le plus quoi mon cher commissaire ?
- Prenant. Mlle Bertillon, je vous présente le prince Sernine.
- Un prince ? Un vrai prince ?"
Le prince Sernine s'approcha plus près et saisit la main pour faire un baise-main. Au mépris des convenances.
" Russe de surcroît. Je vous offre le verre de l'amitié, Mlle Bertillon ?
- Avec plaisir, mon prince."
La jeune femme souriait, moqueuse.
Le prince lui annonça, gentiment :
" Vous me parlerez de ce journal qui souhaite un reportage sur le Salon de l'Automobile.
- Oui, bien entendu."
Puis il la moucha d'un simple :
" Ou plutôt sur Arsène Lupin, n'est-ce pas ? Mlle Bertillon ?"
Le rire de Ganimard résonna sous les arcades de l'imposant Salon de l'Automobile.
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