La Prophétie
Au centre de la pièce se trouvait, dans une petite fosse, le gisant noir.
Sur tous les murs, du sol au plafond, étaient rédigés, en langues anciennes, de longs, très longs textes, auxquels Rowald ne prêta pas attention.
Autour du cercueil, sept armures de chevaliers agenouillés, les mains rivées sur leurs épées plantées dans le sol, étaient recouvertes d’une épaisse poussière grisâtre.
De grosses bougies blanches, aux trois quarts consumées, étaient plantées dans des bougeoirs auprès de chacun d'eux.
Un bâton orné d'une boule bleuté gisait sur le sol.
L’humidité ambiante, lourde d’effluves de moisissures, piquaient la gorge et le nez.
Le silence plombait le moral du nain qui approcha.
Un mouvement furtif lui fit tourner la tête. Un rat sans doute. Rowald retourna à ses préoccupations et ne remarqua pas le sourire narquois qui le dévisageait, comme il ne vit pas les écritures et les signes qu’il foulait de ses bottes.
Un bruissement détourna son attention. Lorsqu’il le reporta sur le gisant, une forme blanche se matérialisait devant lui.
D'une voix grave et douce, elle demanda :
- Qui es-tu et que fais-tu ici ?
Le fantôme acheva de prendre forme. C'était l'un des chevaliers agenouillés.
Le voleur recula et se racla la gorge.
- Je suis Rowald et je me suis engagé à rapporter la pierre qui se trouve sur le coeur du gisant noir.
La grande ombre éthérée, qui se trouvait devant lui, sembla frissonner et son ton s’imprégna d’une sourde terreur.
- Malheureux ! Retournes d'où tu viens ! Si tu tiens ton serment, tu réveilleras le mort et notre sacrifice n'aura servit à rien.
Le nain n’en menait pas large. Se dandinant d’un pied sur l’autre, il serra un peu plus fort ses poings sur le manche de son arme. Sa voix n’était plus qu’un filet chevrotant.
- Votre sacrifice ? Réveiller le mort ?
D'un geste exaspéré le fantôme désigna les murs et le sol.
- Ne sais-tu donc pas lire ? Vois ! Le passé est ici écrit en toutes lettres :
"Choran le destructeur, Choran l'affameur, Choran le chevalier nécromant partout répandit le malheur.
Lorsque le monde était jeune et que les dieux s'ennuyaient, pour passer le temps ils créèrent de nouvelles races.
Ainsi naquirent les elfes, les nains et autres peuplades, puis ces hommes géants, bien trop intelligents.
Par leur cruauté, les Dieux furent effrayés, et voulurent supprimer cette race guerrière.
La traque commença, la chasse débuta, mais une poignée d'entre eux, réussit à survivre.
Ils choisirent pour chef, un guerrier nécromant qui leur donna à tous l'immortalité.
Leur unique ambition fut alors la vengeance, et leur seule passion détruire à outrance.
Ils construisirent une ville, puis un vaste château. Capturèrent des hommes et forgèrent des anneaux.
Les villages tout autour, furent tous incendiés. Les hommes, femmes et enfants, furent tués sans pitié.
Seuls quelques "élus", purent en réchapper, afin de les servir, privés de volonté.
Le règne de la terreur alors commença. Le pays tout entier sous leur joug se plia.
Alors se levèrent sept nobles chevaliers et un jeune magicien jurant de les chasser.
Afin de les combattre sept Paladins donnèrent leur vie.
Afin de les combattre sept Paladins payèrent le prix.
De leur sang le magicien créa une gemme, avant de s'immoler et..."
- YVAIN !!!
La voix était faible, le fantôme eut un sursaut et cria presque.
- PARS ! Le cercle se brise ! Je dois rejoindre mes compagnons afin de le maintenir ! Pars ! Ou tu seras la cause d'un grand malheur !
L'esprit sembla aspiré puis se fondre dans l'une des statues et de nouveau le silence enveloppa la pièce.
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