Enfances v(i)olées

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Ces dernières années, les affaires de pédophilie dans l’Église catholique commencent à sortir au grand jour et à faire du bruit, avec les premières condamnations pénales. Même si l’immense majorité des criminels ne seront jamais inquiétés.

Bien plus, dans de nombreux pays, en Amérique latine, en Afrique, aux Philippines, la pression sociale est encore tellement forte que les victimes n’ont même aucun espoir.

Ce qui me fait écrire ce texte, ce sont les récentes déclarations de nos deux papes, l’actif et le retraité. Pour le premier, la cause de ce mal s’appelle Satan, évidemment, comment n’y avons-nous pas pensé plus tôt. Pour le deuxième, qui avant d’être pape était le patron de la congrégation pour la doctrine de la foi, l’ex-inquisition, la cause est mai 68. Si, si, je vous le jure, Mai 68 et la libéralisation des mœurs qui ont permissivement infiltré les rangs de l’église.

Et en lisant ceci, j’avoue que je ressens de la haine. Et je vais vous raconter une histoire personnelle.

Elle se déroule quelque part dans le Dauphiné, dans un village où existait une école privée catholique dont les enseignants étaient des religieux.

Géographiquement, je ne donnerai pas plus de précision.

Je connais personnellement deux frères et une sœur, enfin connaissais, deux sont à ce jour décédés, de l’âge de mes parents, donc nés dans les années trente du vingtième siècle, bien longtemps avant Mai 68, Monsieur Ratzinger.

Ils ont toujours vécu tous les trois ensemble, ils ne se sont jamais mariés, personne ne leur a jamais connu d’histoire sentimentale (dans les villages, tout le monde sait qui va avec qui, surtout si ce n’est pas officiel). Quand on leur demandait pourquoi, ils souriaient et ne répondaient jamais.

Pourtant, en les voyant, on pouvait les imaginer comme de beaux jeunes gens.

Ils ont bien sûr été à cette école de religieux. Vous commencez à voir où je veux en venir.

Un jour, lors d’un repas un peu plus arrosé que d’habitude, la conversation vient à aborder l’ancienne école des religieux. La conversation va bon train, je n’écoutais pas tout, d’abord parce que ces vieilles histoires ne m’intéressaient pas plus que ça, ensuite parce que j’avais un peu trop bu, comme tout jeune con de village qui se respecte.

Mais à un moment, un des deux frères se trouva mêlé à la conversation. Il avait lui aussi bu un coup de trop. Interrogé sur les religieux de l’école, il a dit une seule chose, une phrase, six mots : ils nous ont volé notre enfance.

Je ne saurais décrire son visage quand il a prononcé ses mots, les yeux fixés sur son verre.

Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, mais je vous jure que j’ai dessoulé en quelques secondes.

Et voilà l’explication de leur célibat. Trois enfances souillées, trois vies gâchées. Par des salauds, morts depuis longtemps, qui, vu leur état de religieux, ont dû être enterrés avec tous les honneurs.

À vomir.

J’avoue que ce soir-là, j’ai eu des envies de meurtre.

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