« Joyeux anniversaire ! » avaient-ils dit en chœur. Voilà déjà plus d’une année et demie que les jumeaux avaient débarqué à Haruna. C’était la fête dans la taverne, tournée gratuite, viandes importées… Capy menait une discussion avec son maître de jeu et oncle de cœur.
« Je n’ai qu’un souhait, imposa Capy.
— Qu’est-ce ? s’intrigua le renard de l’autre côté du comptoir.
— Je veux qu’elle accepte les entraînements, quelle qu’en soit la dangerosité, dit-il en indiquant Matania du doigts.
— Tente donc ta chance, c’est votre nouvelle année, » fit Kuad’s en haussant les épaules.
L’ourse était assise à la table du fond, là où ils s’étaient rencontrés. Étaient présents Ennebelle et les ours. Jordy faisait quant à elle les services de la taverne.
L’enfant se leva de son siège et marcha avec assurance vers la table. Il déclara :
« Matania.
— Oui ? Qu’est-ce que tu veux Capy ? s’égaya-t-elle.
— Accepte les entraînements. Plus aucunes restrictions.
— Tu me demanderas chaque année ? désespéra-t-elle.
— Comme je te l’ai déjà dit l’an dernier, oui.
À huit ans, même si l’on commence doucement, on peut au moins commencer !
— J’accepte… À une condition, souffla l’ourse.
— Laquelle ?
— Gagne contre Mitognia en duel. »
Il accepta sans hésiter. Capy savait que la tâche se révélerait difficile, mais il ne devait pas louper sa chance après plus d’un an d’insistance chaque semaine.
« Je dois y aller sérieusement ? questionna Mitognia.
— Oui, répondit sèchement sa sœur. »
Les deux adversaires s’esclaffèrent.
« Ça va être drôle tiens ! fit l’ours en se calmant.
— Ça sera quel genre de duel du coup ?
— Le premier à faire saigner l’autre. »
Capy regarda Mitognia dans les yeux en souriant. Il aurait relevé le défi quel qu’il soit mais celui-là lui plaisait. Enfin un combat après tant de temps d'attente ! Non pas qu’il aimait ça, mais certaines expériences valaient la peine d’être blessé pour découvrir leur résultat. Était-ce un précepte familial ?

—!—

Capy était parti seul avec un grand traîneau de chasse depuis près de deux semaines. Il n’avait donné aucunes nouvelles en dehors des quelques groupes de brigands qu’on retrouvait brûlés après son passage.

Il revenu après une troisième semaine de disparition, recouvert de sang et puant les tripes, autant de proies chassées que d’assaillants. Y avait-il une différence entre les deux à ses yeux ? Il passa la porte après avoir annoncé sa race au gardien qui l’aida à entrer. Le traîneau était entièrement chargé de gibiers, de vêtements soigneusement pliés, et d’armes entassées. Capy se dirigea vers la taverne. À son entrée, il fit glisser le traîneau jusqu’au comptoir.
Tous le fixèrent.
« J’attends Mitognia dehors, » dit l’enfant en partant.
On entendait tout le monde s’activer, Jordy et Ennebelle courèrent après Capy.
Les trois camarades se rassemblèrent à une cinquantaine de mètres de la porte. Capy, sans écouter les dires des filles, décocha une flèche vers le ciel. Il regarda ensuite ses interlocutrices.
« J’expliquerai plus tard, mais pour l’instant j’ai faim. » (j’ai la dalle aussi ça tombe bien)

Mitognia, suivi des autres, arrivèrent enfin après plusieurs minutes.
Capy déclara aux filles que le combat commencera lorsqu’il décochera la prochaine flèche. Ces dernières foncèrent jusqu’à l’autre groupe et attendèrent.

L’enfant décocha la flèche, qui parti si haute et loin qu’on la perdue de vue. Il lâcha son arc et chargea l’ours qui fit de même. Équipé de ses dagues qu’il fit virevolter en les sortant de leurs fourreaux, il lança la première sur Mitognia, maintenant à portée. Ce dernier l’esquiva de peu, la lame lui coupant les poils. Il ne put esquiver la deuxième lame qui fut lancée juste après. Capy, qui était alors désarmé, avait fait jaillir tous ses attributs animals. Il ferma les yeux sans stopper sa course, bientôt à portée de coup. L’enfant esquiva les rapides coups de griffes pourtant bien placé de l’ours.
« S’il me touche je suis mort. — Il m’a déjà surpris… » pensèrent les adversaires simultanément.
Capy glissa sous les pattes de l’ours en les excoriant. Mitognia virevoltait sur place sans pouvoir clairement apercevoir le garçon. Il sortait bien trop rapidement de son champ de vision. L’ours avait de fausses connaissances sur son adversaire, il l’avait pris pour acquis et en subissait maintenant les frais.

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Le combat s’eut fini lorsque l’ours avait enfin attrapé l’enfant qui était tombé inconscient sur le dos de l’ours.
Capy avait fait tourné Mitognia pendant près d’une minute avant de se figer enfin, feintant de se laisser toucher pour esquiver au dernier moment et grimper sur le dos de l’ours. Il avait alors attrapé la flèche tirée peu avant pour la planter dans l’épaule de son adversaire, finissant par planter ses crocs à côté.

L’enfant était arrivé déjà ensanglanté à son duel. Duel qu’il termina, alors inconscient, maculé du sang de son dernier adversaire.

—!—

« Ennebelle ? questionna Kuad’s lorsqu’il vit Capy fermer ses yeux.
— Oui…? s'interrogea l’enfant, effrayée par la vision du combat.
— Vous avez les yeux bleus, n’est-ce pas ?
— J’en ai un vague flash à sa naissance… hésita-t-elle.
Mais depuis, nous avons toujours eut les iris jaunes…
— Tu ne la voit peut-être pas avec le soleil… Mais la lune est sortie, » répondit le renard avec inquiétude.

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« Si je comprends bien, tu as passé trois semaines à errer et à chasser tout ce que tu voyais ? demanda Jordy, assise sur le bord du lit.
— Tout ça pour connaitre mes limites, c’est bien ça ! s’exclama Capy entre deux bouchées.
Ceci dit… Il s’est passé quoi durant le combat ? Je n’ai pas souvenir… »
Jordy expliqua en détail ce qu’elle avait vu, elle parla aussi de la famine lunaire dont Kuad’s avait évoqué les faits. Capy en connaissait le principe mais n’avait pas calculé l’intervention de la lune dans son plan. Il s’était effectivement affamé durant plusieurs jours afin que son instinct prenne le dessus le moment venu.
Les portes s’ouvrirent, l’excentrique goupil passa entre les deux et s’introduisit dans la chambre, s’approchant alors de Capy qui mangeait debout et Jordy assise sur le lit.
« Tu vas être content ! s’exclama-t-il.
Matania accepte désormais que l’on t’enseigne !
— Génial ! » trépigna l’enfant.
Sa camarade semblait, elle, apeurée. Kuad’s et Jordy se fixèrent du regard, l’un tirant son large sourire habituel, l’autre restant crispé par l’effroi.
« Ah ! J’ai failli oublier, j’ai un plan pour toi ! s’écria le renard.
Mais pour ça, je te donne dix ans ! Relève mes espérances et je te proposerai une possibilité.
— Je me doutais qu’il avait quelque chose derrière la tête… » chuchota la restauratrice en regardant l’excentrique goupil s’en aller avec son vicieux sourire.

NDA : Tant que ça reste en webnovel je le fractionnerai le prologue (et sûrement d'autres chapitres ?) en ces trois parties, mais c'est voué à n'en devenir qu'une seule dans un format physique.