Cette question m'a été posée pas plus tard que le week-end dernier.

Assise en tailleur par terre, accoudée à la table basse du salon, je noircis les pages de mon petit cahier. Pour une fois que je n'ai pas mon ordi, je raconte ma vie version old school sur un cahier avec un stylo. Plusieurs fois, les enfants de mon homme, me regardent bizarrement et me disent "Mais tu écris encore?", "Qu'est-ce que tu écris?". Première fois, deuxième fois je referme mon cahier et réponds "pas grand chose". Pour de vrai, je vide ma tête de la mort récente de mon père.

Perdue dans mes pensées qui vont directement sur le papier, le plus grand me demande "Mais ton histoire, elle te vient tout seule quand tu écris où tu l'avais déjà dans ta tête? Tu ne lèves jamais la tête pour réfléchir quand tu écris". Dois-je vraiment lui dire cette fois-ci sur quoi j'écris? D'habitude ils me voient tous écrire mes scribouilles sur mon ordinateur et ça ne les surprend pas plus que ça. J'en partage même certaines avec eux. Là, c'est différent, me voir écrire "à l'ancienne" doit avoir quelque chose de plus.. étrange.

Je choisis l'option de lui expliquer.

Je lui dit que parfois lorsqu'on a des choses qui nous rendent triste ou pas très bien (comme une dispute avec un ami ou ses parents, pour rester à son "âge"), certaines personnes vont vouloir taper dans les murs, d'autres vont crier ou encore aller faire du sport pour se défouler. Et que moi je choisis d'écrire. Imaginez-vous un garçon de 11 ans entendre ça, il me regarde avec des yeux ronds l'air de dire "bizarre son truc". Devant son air incrédule, je lui explique donc que le fait d'écrire ce qui se passe dans ma tête a un effet libérateur. En écrivant, je vide ainsi ma tête de toutes mes questions, de toute ma colère ou de ma tristesse.

- Et ça marche vraiment? me demande-t-il?

Je sens en lui une question intéressée. Comme si je lui apportais d'un coup une astuce de dingue.

J'enchaîne immédiatement en lui disant que je ne raconte pas toujours ma vie. Je ne voudrais pas non plus qu'il pense que je suis vraiment dingue, même si c'est peut-être un peu le cas :). Je lui raconte alors que parfois le simple fait de regarder autour de moi ou entendre des gens parler me donne plein d'idées d'histoires à écrire.

Il repart avec convaincu. Ouf !

Hormis ce passage de ma vie personnelle où j'ai eu le besoin d'écrire tout mon ressenti des dernières semaines, écrire me permet d'exprimer librement mon côté imaginaire, fantaisiste et parfois un peu décalé. Il contrebalance avec mon quotidien professionnel très terre à terre.