Infiniment petit
Le pavé m'entraîne. Mon regard en berne suit le sillon qui coule entre ses moellons. Sa rivière m’emporte de blocs rafistolés en dalles déchaussées, de terres inusitées en déserts patinés. Mes yeux d'enfant y voient défiler autant de mondes aux histoires trépidantes qui n'attendent qu'à être imaginées.
Soudain je m'arrête : là, parmi les milliers de collines ravinées, une tache de mousse, épargnée par nos pas de titans. Une forêt miniature. Je m'accroupis, et déclenche aussitôt une vague de protestations dans la vague d'usagers de la rue piétonne.
J'observe, je focalise. Je vois : c'est indéniablement une forêt, mon imagination me le confirme. Oh, et ici, qu'est-ce ? Une autre tache, plus petite, de lichens celle-là.
Une ville !
J'y envoie mon regard scrutateur. Maillage de ruelles, entrelacs de venelles. Et parmi leurs méandres j’aperçois un enfant, tout comme moi. Il a l'air triste. Il s'est fait chaparder son goûter lui aussi. Il marche la tête baissée. Je le vois découvrir quelque chose sur les pavés. Il s'arrête.
Il s'accroupit.
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