Le grand jour est, à présent, arrivé. Je vais enfin découvrir ce monde extérieur dont seules quelques fragrances transportées par mes parents me sont parvenues.

Surexité, je ne tiens plus en place. Je glapis pour presser ma mère et ma fratrie de se préparer. Notre père est parti en éclaireur pour être certain que notre première sortie soit un succès. Un jappement de lui nous avertit de la sécurité des alentours. Alors sans attendre, je bondit à travers le couloir de notre terrier et sort prudemment la tête de la cime de l'arbre sous lequel nous nous cachons depuis plusieurs semaines.

C'est l'air frais et humide de la forêt qui m'accueille en premier, m'apportant milles senteurs inconnues. Prudemment, mon père à mes côtés, je sors le reste de mon corps. Je sens pour la première fois le toucher de l'herbe, son odeur fraiche et mouillée. Puis je m'intéresse aux nouveaux sons que j'entends. Des sons clairs comme les gazouillis d'oiseaux. Des sons plus feutrés comme ceux de petits rongeurs cachés dans les fourrés. Mon sang bouillonne, je ne tiens plus en place. Cela tombe bien, ma famille est prête à partir. J'active mes pattes et nous voilà en train de fendre les buissons, parcourant et découvrant notre territoire et ses limites.