En quittant le littoral, l’air se faisait plus sec et plus froid. Six heures de marche soutenue plus tard, l’odeur salée du vent et le cri des Glumeuses avaient disparu. Luna et ses proies étaient en train de franchir le col de l’Amant de Zilon, marquant la frontière vers le territoire des Slizarmuses argentés, dans les hauteurs de Septserpents. La végétation se faisait de plus en plus rare ; quelques sapins chétifs, aux troncs monotones, semblaient piquer la terre inerte comme pour la réveiller de sa torpeur. Peu de pèlerins empruntent le sentier du col de l’Amant de Zilon pour franchir Septserpents. En fait, c’est l’un des rares lieux qui garde encore un nom, preuve s’il en fallait que les créatures de Medragolt ne passent jamais à travers ces hauts plateaux particulièrement dangereux. Seuls les Nohopes se risquaient à voyager par ici. Il est vrai qu’en observant une carte, n’importe qui serait tenté d’enjamber cette barrière rocheuse pour aller vers l’Est.

Cette nuit-là, la pluie et le brouillard s’étaient étrangement dissipés. Luna s’arrêta enfin. Dinael en profita pour se retourner et admirer le paysage derrière lui. Medragolt offre rarement des points de vue aussi dégagés sur l’horizon. Il pouvait encore percevoir le phare Lassicol de Der Fialova mais la lumière de ce dernier ne représentait plus qu’un petit point jaunâtre, comme une étoile perdue dans l’océan. Et la nuit se noyait doucement en peignant la mer de couleurs insoupçonnées. Du zinzolin, du pourpre, du turquoise blafard et de l’ocre orangé. C’était magnifique. Quand on se donne la peine de la regarder, Medragolt sait montrer son plus beau visage, finalement.

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