Avant, et par avant, je veux dire avant le lycée, je n'étais pas Ely, la jolie fille populaire qui attire les regards de tous partout où elle passe. Avant j'étais Elysabet, la fille surdouée, qui à l'âge de neuf ans piratait déjà le système informatique de son école.

A cette époque, on m'a même fait passer un test de QI. Résultat : 148. Exceptionnel d'après la psychologue. Mes parents étaient excités comme des puces. Je recevais plus d'attention de la part de certains des professeurs à cause de ce chiffre.

Ce chiffre, qui n'était au final qu'un indicateur, a fini par fortement m'agacer. La seule chose que je souhaitais à l'école était de m'intégrer, de m'entendre avec les autres, de comprendre le monde.

Comprendre le monde, oui, comme la plupart des surdoués, qui cherchent à connaître la physique, l'informatique, toutes les sciences possibles. Mais moi, ce qui m'intéressait c'était de comprendre les gens.

Je voulais savoir comment ils en étaient arrivés là, pourquoi ils réagissaient de telle façon, qu'est ce qui les faisait rire, qu'est ce qui les faisait pleurer. Mais ce foutu chiffre continuait à tous les obséder, à me voir comme une bête de foire. Ils ne se comportaient pas normalement avec moi.

Je n'ai trouvé qu'une solution à cela : le camouflage. Mais comment changer ma personnalité du tout au tout alors que tout le monde me connait?

J'étais en fin de quatrième à ce moment. J'ai mis en place un plan sur un an. L'objectif ? Faire oublier mon QI de 148 et être entourée de gens dès mon arrivée au lycée.

Le lycée. Une aubaine pour ce plan. Celui dans lequel j'allais n'était pas celui dans lequel allaient la plupart des élèves de mon collège. Ma "transformation" n'en serait que facilitée.

Evidemment, mes parents n'ont pas compris pourquoi mes notes ont baissé les unes après les autre. Oh, bien sûr, ce n'était pas bien alarmant, j'étais toujours une excellente élève. Je suis juste passée de 19 à 15 de moyenne. Ce n'était pas que je n'écoutais pas en cours, ou que je ne comprenais pas. C'était juste que je faisais exprès de me planter aux DS. J'utilisais 70% de mon temps pour regarder les gens.

Avec méthode, et avec attention, j'ai commencé à imiter les tenues vestimentaires, la gestuelle, la façon de parler des filles les plus populaires de mon collège.