Jour 2

Je me suis réveillé d’un sommeil qui n’en était pas un. Comment dormir vraiment ? Les lumières ne s’éteignent jamais. Ce n’est pas comme si elles étaient très fortes, mais impossible de savoir s’il fait nuit ou s’il fait jour à la surface.

Après tout, peu importe… La première chose que j’ai faite, c’est d’allumer la tablette. Pas pour lire comme les autres fois. Pour écrire. Mes lignes de la veille ont été effacées. Je ne sais pas où elles ont disparu, mais impossible de les retrouver. En voyant ça, j’ai balancé la tablette contre le mur. Elle a rebondi. Bien sûr qu’elle a rebondi. Et puis finalement, me voilà. Moi qui pensais ne trouver aucun réconfort là-dedans, je me retrouve en train d’écrire à nouveau. Ou plutôt, je me retrouve à parler tout seul comme un aliéné. Ça fait du bien. Au moins je parle. Enfin, disons plutôt je parle pour dire quelque chose. Parce que pendant un moment, je parlais pour ne rien dire. Des remarques tout haut sur la qualité du repas, ou des insultes lancées à ce con de robot qui n’imprime même pas ce que je dis. Bref, parler, simplement pour entendre une voix, la mienne.

Qu’est-ce qu'ils attendent de moi exactement ? Je n’ai peut-être pas vraiment dormi, mais j’ai réfléchi. Peut-être qu’ils attendent que j’avoue mon crime. Que je l’expie par la parole avant de l’expier par mon Choix. C’est étrange que ce que j’ai dit la veille ait disparu. Peut-être qu’ils ont transféré les données pendant que je dormais. Je ne sais pas…

Je n’ai jamais rien fait qui mérite de me retrouver ici. Jamais. Tout ça n’est qu’un horrible malentendu, une erreur. Je n’aurais jamais dû finir dans ce trou… Oh Anna, je t’aimais tant. Je t’aime tant, je t’aimerai toujours ! Tu m’apportais tout ce dont j’avais besoin. Tout ce dont un homme pouvait rêver. On était si bien. Et à cause de ces enfoirés de bureaucrates, tout est fini ! Je me retrouve à pourrir sous la surface sans savoir où tu es. Je ne peux plus te protéger. Est-ce que tu es avec quelqu’un d’autre maintenant ? Est-ce que tu m’as oublié ? Tout ce que je veux, c’est avoir de tes nouvelles. Est-ce que tu t’occupes de mes plantes ? Je l’espère. Mes précieuses plantes.

J’enrage ! Je hais ces enfoirés ! Sachez-le bande d’ordures ! Je vous hais, je vous crache à la gueule, je vous vomis toutes mes tripes ! Je prie pour qu’il vous arrive un jour ce que vous me faites subir ! Que vous aussi, vous soyez victimes d’un putain de complot et que vous croupissiez loin de vos proches sans avoir rien fait ! Saloperie !

Je vous hais, je hais notre espèce toute entière et ce qu’on en a fait !