La paix
Attendre le taxi sous la pluie et dans la nuit me met dans une ambiance de doute. Pourtant, dès l’annonce de ma sœur sur sa maladie, ma décision fût rapidement prise pour repartir. Malheureusement, la pression de mon ancien directeur, a retardé le départ.
Marta ne sait pas que je reviens enfin de manière définitive et rien que de l’imaginer surprise, me fait chaud au cœur. Après, concernant mes parents, la tension est encore palpable. Enfin, j’ai tenté plusieurs fois, de discuter avec ma mère et elle me redonne une chance après avoir admis que je m’en suis bien sortie.
Comme le taxi prend du temps à venir, j’hésite à appeler Carmen. Elle est aussi attend mon retour. Vingt-heure, un vendredi, je vais la laisser se reposer. Je n’ai donc d’autre de choix que de te contacter ma mère :
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— Allo ?
— Hello maman, c’est Adela.
— Que me vaut ton appel ?
— J’ai décidé de revenir vivre à Madrid.
— ….
— Maman ?
— Marta ne pas tenu au courant.
— C’est une surprise pour tout le monde. Tu n’es pas heureuse de mon retour ?
— Si, si ! C’est que je m’y attendais pas.
— J’ai quelque chose à te demander.
— Je t’écoute ?
— Je suis à l’aéroport et je ne vois aucun taxi.
— Tu veux que je vienne te chercher ?
— Oui, si possible. Après, je peux comprendre que ça emmerde papa.
— Tu vas dormir où ?
— Sans doute à l’hôtel.
— Hum…ton père, il va finir par comprendre. Il n’a pas le choix, j’ai mis du temps à te pardonner.
— Tu veux donc que je dorme à la maison ?
— Oui.
— Merci maman, au fait tu sais pourquoi il n’y a pas de taxi ? Une heure que je patiente, je n’ai pas osé déranger des gens pour demander.
— Une grève qui dure depuis déjà deux jours. Bon, je vais me préparer, je pense être là dans trente minutes.
— Merci maman. J’avais aussi pensé à Carmen mais elle aime pas trop conduire.
— Moi aussi mais laisser mes enfants sur le carreaux, j’ai horreur de ça. Bon, ton père me demande, je file. »
Rassuré de la conversation, je reviens au chaud pour attendre vingt-minutes assise avant de ressortir m’en fumer une. Confronter mon père ne va pas être une tâche facile, cela m’angoisse autant qu’elle me met en colère. Un point commun avec Marta quand il s’agit de faire face.
Dans la voiture, après des échanges sur mes derniers cours au pays de l’oncle Sam, elle me précise que mon père se sent prêt à m’écouter et que je dois prouver que j’ai bien changé. Comme attendu, dans cette déco champêtre qui n’a pas évolué depuis ma naissance, il est tendu sur le canapé et il m’invite à s’expliquer.
Ma mère dépose ma grande valise et mon sac de voyage dans ma chambre tandis que je m’installe en face de lui. Il se décide à se montrer plus poli en ouvrant du vin.
— Papa, je te connais par cœur. Tu me teste là comme pour Roberto et la chasse.
Prise au piège, il repose la bouteille et essaye de reprendre le match.
— Comment tu le sais ?
— Marta m’a tout raconté. Tu sais, ce garçon est très doué à l’école, travailleur, gentil, fidèle, il tient à Marta.
— Il sait même pas viser !
— Papa ! Il faisait nuit ! Tu lui as donné un fusil ! Tu te rends compte un peu de ta connerie ?!
— Il se prend pour une star maintenant qu’il en est une !
— Et alors ?!
— Bé ta sœur n’a pas à sortir avec un qui peut la tromper avec la première venue !
— Fait confiance à Marta et fait moi confiance aussi à moi ! Je le connais mieux que toi !
— Du calme les enfants, du calme ! Même si Adela a raison, ta jambe blessée, tu l’as payé et même assez.
Elle s’installe à ses côtés pour nous servir à tous. Si elle est là aussi pour finir de tester mon alcoolisme…grand bien lui fasse !
— Bon, on est pas censé parler d’eux mais de moi.
— Bé parle-on de toi ! Je n’ai pas vu une preuve de ta réinsertion. Ta mère et ta sœur ont bien tenté mais je veux te l’entendre dire, ici.
— Depuis trois ans, je suis professeur de danse. A l’école des Arts et….
— Tu fais quoi le soir ?
— Pourquoi cette question ?
— Répond.
— Si cela te fais plaisir. En majorité, je prépare mes cours suivants et je sors avec des collègues. Même si je ne suis pas comme ma sœur, très sociale.
— Tu ne bois pas ?
— Une consommation raisonnable grâce à un groupe de parole ainsi qu’un addictologue. Tien, voici sa carte, avant de partir au Etats-Unis, je le voyais pour un bilan une fois tout les deux mois.
Pendant qu’il inspecte la carte de visite, je prends mon verre. Ma mère revient avec quelques gâteaux et je mange avec plaisir. Moi, qui pensait que la conversation continuerais d’être explosive, je l’ai visiblement calmé.
— Bon, soit. Tu sais ce que m’a fait du mal ?
— Oui comme pour maman. Voir votre propre fille, se prostituée, boire et se shooter aux médocs…incapable de me révéler et de pardonner à Carmen d’avoir choisi ma rivale pour finir mes spectacles.
— Je te pensais forte et en tant qu’adulte, je me disais que tu étais donc responsable de ta chute. Et même quand ta mère m’a parlé que tu travaillais à l’école, j’ai refusé de le croire.
— Pourquoi tu as toujours refusé de venir me voir ?
— J’ai gardé en mémoire que…
— Que quoi ?
— Que tu étais morte.
Ma mère est aussi surprise que moi. Comment mon père qui était si proche a pu en venir à penser ça ?!
— Je te demandes pardon…on a était de mauvais parents, voulant vous apprendre à vous débrouillez beaucoup seules, une fois grandes. J’aimerais revenir en arrière, te reprendre dans mes bras en te disant que l’amour de sa famille est le plus important que tout le reste.
— Papa, tu pleures et pitié, j’ai horreur de pleurer moi aussi !
— La maladie de Marta m’a mis un coup au moral. Un coup de poing même. Disons qu’en tout absence, je l’ai surprotéger par ma fermeté. Perdre une fille était déjà trop dur, je me suis remis intensément à la chasse, refermant ce cœur de nounours. Savoir que le sort s’acharne sur elle après toi, c’est la goutte de trop. J’espérer renouer les liens avec toi en la redoutant car je refusais d’admettre mes erreurs. Maintenant, que ta sœur et toi, êtes sorties d’affaires, je désire qu’on se retrouve le plus souvent.
— Mon chéri, pourquoi tu ne m’as dévoiler tes sentiments ?
— Je pensais que tu avais compris. Tu me donnes le pardon Adela ?
— Papa, Marta a été la plus belle surprise de ma renaissance. Pendant ma deuxième année, elle m’a reconnu, ne m’a jamais jugé et m’a aidé aussi. Longtemps, j’ai coupé les ponts, me qualifiant de déchets, que je ne mérite pas de la décevoir autant que vous. Tu as raison papa, l’amour plus que tout. Et figurez-vous que même si elle n’était pas malade, je serais revenu coûte que coûte, j’avais envie depuis quelques mois malgré la pression de la direction.
— Elle t’admire tu sais.
— Ho oui que je le sais maman ! Elle me cesse de le radoter. Demain dans la journée, j’irais à l’école, elle sera heureuse qu’on s’est réconcilier !
— Tu pourras lui dire de dîner et on l’a ramènera après.
— T’inquiète pas maman. Sinon, j’aurais aimé continuer la soirée, mais le décalage me pèse. Bien que je ne dors pas beaucoup, un peu de repos me ferait du bien.
— Tu as mangé ?
— Un sandwich en t’attendant. Ma chambre est resté la même ?
— Une chambre d’amis.
— Qui sert peu ma chérie.
— Roberto l’a prise, souvient-toi.
— Oui, je m’en rappel.
— Ne vous inquiétez pas s’il n’y as plus rien et dans la semaine, je vais chercher un appart.
— Le marché est tendu sauf si tu veux louer.
— Je verrais bien maman. Faut aussi que je retrouve un travail et une collègue d’après Marta confirmé par Carmen, pense démissionner. Enfin, c’est Alicia et j’ai de bonnes chances de retrouve le poste !
— On n’en doute pas ! Je garde des bonnes bouteilles au frais !
— Papa…
Cela le fait rire et on l’imite. Ils m’accompagnent ensuite dans ma chambre, bien que j’ai une bonne mémoire. J’accueil ensuite avec plaisir son accolade chaleureuse, je sais qu’il est sincère. Puis, je m’installe tranquillement, donne le linge sale à ma mère, prend ma douche et m’allonge enfin dans un bon lit.
En consultant mon téléphone, je remarque que ma sœur a voulu me joindre. Le mode silencieux n’aide pas…Comme c’était il y a dix minutes, je lutte pour ne pas craquer. Il sonne à nouveau et je ne peux l’a laissé sans nouvelle :
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— Bé tu en as mis du temps à répondre !
— Pourquoi tu es aussi impatiente et agressive ? Qui sait si j’étais sous la douche. Une urgence ?
— Non ! Mais bon, une semaine sans nouvelle, je m’inquiète !
— Je suis toujours vivante, tu sais.
— Tu rentres quand me voir ? Mi-octobre, mon opération s’est passé en vitesse, UPA DANCE remplis des salles et moi, je me sens seule sans ma grande sœur ! Elle qui promet sans aller au bout en faisant chier ce fou de directeur imbu de lui-même ! A deux doigts de prendre un vol si Roberto ne m’avait pas retenu pour me rappeler mon état de santé ! Tu ris et cela me….
— Du calme Marta, du calme ! Tu sais que tu n’es jamais seule et puis, je suis rentrée.
— …..
— Marta ?
— Comment ça rentrée ?! Depuis combien de temps ?!
— Je dirais quelque heures.
— Sérieux ?! Et tu comptais me faire la surprise ?!
— Oui par contre, tu dis rien à Carmen. Et Roberto doit garder le secret.
— Si tu viens demain, sans m’avoir avertis, crois-moi que je ferais un malaise tellement c’est irréel !
— Je reste ici sans jamais repartir.
— Ça c’est une magnifique nouvelle !
— Tu veux une autre ?
— Parce qu’il en a deux ?!
— Oui ! Je suis chez les parents, papa m’a pardonné, avoué ses erreurs comme moi et nous voilà en famille réunis !
— ….
— Marta ?
— ….
— Marta ?! Dis-moi quelque chose ? Je t’entends respirer difficilement.
— Bé putain ! Il a fallu que je sois à l’article de la mort pour ce miracle ?!
— N’exagères pas.
— Tu rigoles ?! Et papa a monté dans les tours ?
— Un peu pour autre chose après ce fût calme. Tu sais papa c’est une crème.
— De base oui ! J’ai l’impression qu’après ton départ, il s’est renfermé, tu sais, un peu plus sur mon dos, plus colère surtout la chasse !
— Lui-même l’a avoué.
— Ah !
— Bon, l’avion m’a fatiguée petite sœur. On en reparle demain ?
— Tu viens pour quelle heure ?
— Dans l’après-midi, je pense.
— D’accord ! A demain alors ! Bonne nuit !
— Bonne nuit à toi aussi Marta. »
Je coupe le conversation, ouvre la fenêtre pour m’en griller une avant de brosser les dents. La nuit dans ce calme m’avait manqué et je finis par me réveiller deux heures plus tard que mon heure habituel.
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