Couple

Une minute de lecture

Ces jours-là on avait appris la mort de Napoléon. Albert était venu me voir avec deux poires dorées.

- Je t'en ai apporté deux joufflues, m'a-t-il dit avec son grand sourire.

Albert a des yeux vert foncés, mais quand il sourit il est lumineux et innocent comme une statue de l'église. Je me dodine avec mon grand ventre en rangeant dans la chambre. Il les met sur la table. Je le regarde furtivement, mais son sourire est toujours là, comme une sorte de lumière. Je me suis assise.

Il s'est assis à son tour, mais avec un air grave. Il m'a regardé un temps, la tête appuyée sur ses bras.

- Napoléon est mort, me dit-il.

Ce à quoi j'ai répondu de diverses manières, en montrant ma désolation. Il a commencé à parler d'un Génie qui s'est éteint et de la France endeuillée et les générations à venir restées sans appui. Il s'est levé et commencé à marcher dans la pièce.

Il s'est assis. Il m'a parlé de ses Grandes Victoires, d'Austerlitz et l'Egypte, du Pouvoir de la France. Je me suis plaint du Gel de la Russie et du Destin Cruel.

Il m'a rappelé la Décadence de l'Angleterre et la Lâcheté des Peuples, la Conspiration de l'Europe et l'Île Rocheuse. A ce moment, ses yeux se noircirent un peu plus. Devant lui, les poires brillaient comme deux joues potelées.

- Comme deux ventres, me dit-il.

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